Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…même quand on est une rivière de France, en l’occurrence un cours d’eau parisien qui vient d’être remis au jour. Entièrement recouvert depuis 1912 (pour des raisons d’insalubrité), il traverse quatre départements franciliens et deux arrondissements de la capitale. Le récent retour à l’air libre réenchante les milieux naturels urbains et les militants écologistes. Or, la…source de la Bièvre vient de très loin, en tous cas étymologiquement !

Le nom désormais propre (sur le terrain) vient d’un ‘bieber’, patronyme d’origine germanique encore assez répandu actuellement en Alsace (bonjour, les homonymes dans les cours d’écoles strasbourgeoises !); on trouve aussi la variante Bebler, ou évidemment l’étymon (la première forme du mot) Beber. Rien à voir avec une familiarité déplacée vis-à-vis d’un certain Albert (Bébert) alors que c’est très clairement le lointain surnom des ancêtres du chanteur d’origine canadienne Justin !

Il s’agit ici du terme qui désignait au Moyen-Age un castor, d’après une très ancienne racine ‘brhus’ (rien à voir non plus avec les Bruce). ‘Brhus’ définit la couleur marron ou brune ; on voit directement le rapport avec la robe du castor d’Europe, même si d’autres spécimens de l’espèce vont du gris jusqu’au noir.

Le bieber, c’est donc ‘le brun’. Voire. Car il faut maintenant trouver une raison pour laquelle, il y a une quinzaine de siècles, on a jugé utile et logique de surnommer une personne ‘ou un lieu) ‘le castor’, forcément par comparaison avec l’animal. Voyons…quelles sont les caractéristiques du castor ? C’est un excellent nageur ; il est en général polygame et possède une large queue vigoureuse (no comment). C’est également le stéréotype du charpentier d’excellence puisqu’il sait construire sa maison (et souvent de nombreuses galeries) le long des cours d’eau, allant même parfois jusqu’à détourner le courant pour aménager son habitat ; il a d’ailleurs, pour cette raison, donné son nom à un mouvement coopératif de bâtisseurs (les Castors de France).

Voilà sans doute l’origine de ce baptême insolite, procédé que l’on retrouve dans plusieurs langues avec la même signification : à la suite d’un ‘bebros’ gaulois, il y a ce ‘biber’ en allemand, ‘beaver’ en anglais, ‘bobr’ en tchèque, et, évidemment l’ancien ‘bièvre’ français, généralement conservé dans les noms de lieux ou de rivières. Le nom originel du Manaudou des rivières n’est donc pas castor mais bièvre, d’après cette racine latine qui va donner leur nom à un certain nombre de lieux où on trouvait des castors (il y a quelques siècles) en se transformant en ‘bièvre’ (le bièvre est encore le nom de l’animal dans certaines provinces). On trouve donc un village de Bièvres dans l’Ain, du côté de Laon ; un autre dans les Ardennes, entre Sedan et Montmédy ; une rivière la Bièvre, qui se jette dans la Loire à quelques kilomètres en aval de Blois ; et enfin la Bièvre des Yvelines, qui descend de l’étang de St Quentin, et qu’on identifie dans la rue de Bièvre parisienne où habita pendant longtemps un célèbre castor de la République qui fit construire la Pyramide du Louvre et la Grande Arche de la Défense…

…avec un certain niveau de français (pas d’accord du pluriel, sujet féminin conjugué au masculin, pas d’accord du participe, etc), ce qui est quand même un peu dommage mais pas franchement le mot du jour; tenons-nous en donc à ce qui deviendra peut-être aussi ‘historique’ que l’«abracadabrantesque» chiraquien : Emmanuel Macron a qualifié les propositions économiques faites par sa concurrente à l’élection de « carabistouille(s) », terme typique du parler wallon (et calaisien!) qui désigne, globalement, des choses pas sérieuses.

En l’occurrence, si cela vise particulièrement des calculs de budget prévisionnel par exemple, on peut s’en tenir au sens de tromperie (par erreur ou par mensonge, rayez la mention inutile). Plus familièrement, la carabistouille va désigner un truc pas très clair, que ce soit une façon de faire les choses ou surtout de les raconter. 

Si vous habitez les beaux quartiers, vous parlerez plutôt de ‘calembredaines’; dans un diner bourgeois, vous pouvez allez jusqu’à ‘balivernes’; dans une rue en ville, vous direz poliment que ce sont des ‘bêtises’, ou bien des ‘galéjades’ lors d’une partie de pêche dans un cabanon marseillais. Dans « les quartiers » (qui sont réputés pas beaux), ce seront -au mieux- des ‘bobards’ ou des ‘craques’. Et enfin, dans un moment de colère avec des familiers (lors d’un résultat de vote, par exemple) vous lâcherez peut-être une ‘couille’, non pas celle qui est dans votre pantalon (le cas échéant) mais dans le potage, c’est-à-dire un élément incongru qui ne fait pas partie de la préparation prévue, un cheveu ou une saleté quelconque (1). De toutes façons, tout ça, c’est des c…

Etymologiquement, notez bien que la ‘couille’ en question est en général comprise comme une erreur de manipulation d’un  typographe qui assemblait, à l’époque, les caractères de composition chez un  imprimeur et auquel la lettre ‘q’ aurait échappé en voulant écrire ‘coquille’ justement, d’où le mot, la légende est restée…Quant à notre carabistouille, elle se distingue par une longueur particulière de quatre syllabes (pas bon signe en général, comme complication ou emmerdement), affublée d’un suffixe sonore et relativement péjoratif dans le répertoire français.

De l’embrouille à la farfouille, de la magouille à la trouille, une andouille qui bredouille est souvent une fripouille en vadrouille. Sans oublier quelques termes carrément plus vulgaires comme pedzouille (pour pequenaud donc paysan) ou merdouille, sorte de diminutif (c’est moins gros qu’une merde, mais bien embêtant quand même). A part ça, on ne sait pas grand chose de la provenance de la carabistouille, sauf qu’elle ‘sonne’ bien comme quelque chose de vraiment pas ‘net’.

D’ailleurs la carabistouille se rapproche de la ‘carambouille’, exercice de manipulation pour escroquer quelqu’un, soit en compliquant les transactions à l’extrême (l’évasion fiscale) soit en livrant directement des produits de mauvaise qualité. Ce dernier mot vient, lui, de l’ancien français ‘carambole’ qui désignait justement ‘un truc compliqué’, un fouillis d’objets ou d’arguments aussi inextricable qu’un…carambolage, le mélange de carrosseries sur la route après un accident.

Là encore, on retombe sur des proximités sonores comme le fouillis, le tripatouillis, voire la quincaille-rie (2), c’est-à-dire la boutique où on peut trouver le moindre petit boulon dans un amoncellement de pièces…Finalement, on pense que la carabistouille pourrait avoir été créée sur le mot ‘carabin’, par allusion aux blagues plus ou moins salaces (ça ne s’arrange pas) que se racontaient les étudiants en médecine (3). 

Et si l’on s’enfonce encore un peu plus (mettez un mouchoir sur le nez), notez que les-dits carabins viennent de l’ancien-français ‘escarbins’, lui-même dérivé d’un…scarabée latin, particulièrement la famille d’insectes qui avait pour habitude de farfouiller dans le fumier pour trouver sa nourriture! Mais, rassurez-vous, ce sont peut-être des carabistouilles. Au moins étymologiquement.

(1) Dans cette acceptation, le mot est d’ailleurs fréquemment employé en Wallonie comme synonyme exact de carabistouille. 

(2) La rime en -aille, ça marche bien aussi: pagaille, canaille, flicaille, racaille…  

(3) Même si les premiers carabins étaient en fait des mousquetaires du roi, les premiers à être armés d’un fusil qui s’appellera donc carabine!

…pour choisir les meilleurs fruits de la récolte démocratique! C’est en tous cas ainsi qu’il faudrait considérer la chose, puisque ‘élection’ vient du verbe élire (jusque là, pas de lézard, ni de ver dans le fruit), lequel est la transcription française du latin ‘eligere’ qui veut dire choisir. Et effectivement, quelle que soit l’époque  – pour une fois – quand vous élisez quelqu’un(e) , c’est bien que vous avez fait un choix parmi les candidat(e)s; bref, vous l’avez choisi(e), autrement dit élu(e).

En fait, le verbe latin se compose de la façon suivante: e-ligere, avec un préfixe ‘e’ est l’équivalent de ‘ex’ devant une consonne (1), suivi du verbe simple ‘ligere’ qui veut dire attacher, assembler ou nouer selon le contexte, le mot qui donnera précisément…lier en français (2). Elire, c’est donc détacher un personnage d’un groupe ou peut-être dénouer une situation à problèmes, allez savoir.

Pour serrer l’étymologie encore au plus près, le tout-premier sens donné au verbe par les Romains était ‘arracher en cueillant’, donc choisir les meilleurs fruits (mûrs) sur une branche. Ne pensez pas pour autant que les ‘élus’ (participe passé passif de ‘élire’) sont des anciens qui se font cueillir à l’arrache, mais au moins on ne choisit pas les ‘pourris’….

C’est donc vers le XIème siècle que, sous la forme ‘eslire’ (le’s’ est le vestige du ‘ex’ latin originel et va se retrouver très normalement en accent aigu sur le ‘e’), on a alors définitivement le sens de ‘choisir entre plusieurs personnes’ sur ou dans une suite de co-listiers, que ce soit les Chevaliers de la Table Ronde, les nommés aux César ou les joueurs de foot inscrits sur la feuille de match.

Et si choisir c’est faire un tri, cela concerne tout aussi bien l’opération que fait votre cerveau pour trouver la définition précise de ce que vous lisez: pour cela, il faut savoir choisir les lettres, dans le bon ordre et avec le bon son qui y est associé pour (vous faire) comprendre. Du coup, vous passez du stade de ‘électeur de signes’ à celui de ‘lecteur de mots, puis de pages’, la démarche est la même, à une lettre près en français mais c’est la même racine.

Mais revenons aux élections: s’il y a parfois des contestations, ce n’est pas toujours en cas de ballottage mais lors d’un choix divin, un peuple dit ‘élu’ pouvant alors prendre le risque de quelques difficultés au cours de l’Histoire. D’autant qu’il y a également dans cette même famille de mots un autre dérivé de ‘élu’, c’est la forme du participe passé médiéval ‘élis’, devenu ‘éliste’ et enfin élite, c’est-à-dire littéralement la caste de ceux qui ont été…triés sur le volet (de l’argent ou du pouvoir).

Il faut hélas conclure en mentionnant encore un autre (ancien) sens donné par les Romains au verbe ‘eligere’, à savoir trier entre plusieurs événements pénibles avant de prendre une décision, équivalent exact de notre proverbe « Entre deux maux, il faut choisir le moindre ». Il parait que certains politologues appellent tout simplement ça ‘le second tour’…

(1) On dit et on écrit é-liminer mais ex-écuter; é-vacuer mais ex-(h)umer; é-tudier mais ex-amen, etc…

(2) Le contraire de lier n’est pas élier mais dé-lier, le français est allé chercher un préfixe un peu plus fort.

…si l’on en croit non seulement la baffe magistrale mondialement répercutée à la fois sur la joue de l’animateur des Oscars et sur toutes les chaines de télévision, mais aussi la claque sonore qui a retenti dans la salle d’audience du palais du justice d’Aurillac où se tenait le procès en inceste de l’acteur Richard Berry (*). Il semble que le cinéma n’en soit pas toujours tant que ça…

Etymologiquement, il ne peut (éventuellement) y avoir de gifle que sur la joue, puisque c’est la définition même du mot: en effet, jusqu’au 17ème siècle, la gifle ne désigne pas le coup lui-même mais la partie du visage sur laquelle il s’applique. Et comme la violence est l’une des choses du monde les mieux partagées, il semble qu’un seul et quasi-unique son soit à l’origine des nombreuses volées réparties dans les langues européennes.

Il faut en fait remonter au moyen-âge allemand pour trouver dans plusieurs dialectes germaniques le son ‘kff’ qui cherche peut-être à imiter le bruit délicat d’une paume de main qui érafle une ’mâchoire’, puisque c’est le sens précis de la racine à l’époque. Mais comme toutes les gifles ne sont sans doute pas assez fortes pour la décrocher, on ne va retenir que la zone de la ‘joue’, soit la partie charnue sur laquelle atterrit la frappe, là où certaines ont pour effet de laisser une trace rouge.

Selon les régions et les époques, le mot va donc successivement désigner la mâchoire (l’os) ou…la gencive (la chair); puis la joue (intérieur-extérieur), la marque sur cette joue (dite ‘baffe’, un autre son charmant), puis encore le son provoqué par la force de la frappe (une ‘claque’) voire, à partir du 18ème siècle français, le son du vent généré par le mouvement de bras soit un ‘soufflet’, terme qui plaira beaucoup aux Romantiques avides d’aller se battre en duel sur le pré après avoir ‘souffleté’ leur rival d’un gant dédaigneux (aucun risque de co-vid). 

De ce ‘kff’ pas kiffant du tout vont alors sortir le germain ‘kifel’ (puis l’allemand ‘kiefer’) et le vieux-flamand ‘kevel’; puis, en rajoutant un mode de prononciation propre à chaque peuple, on peut également y rattacher l’anglais ‘cheek’ (un kick plus chuintant) et l’italien ‘schiaffo’, ce dernier introduisant la sonorité d’une…soufflante (la consonne ‘f’) que l’on retrouve dans la ‘giffe’ médiévale française. L’idée de gifle et de baffe se rapprochent d’ailleurs de l’idée de souffler ou de (faire?) gonfler quelque chose comme dans le participe ‘joufflu’ (gonflé des joues), ou comme pour quelque chose de ‘bouffant’, sonorité qui débute le nom de la gifle espagnole, ‘bofetada’. 

Quant à la présence des synonymes comme baffe ou claque en français, ils n’ont d’autre racine qu’une simple onomatopée, un bruit qui est censé exprimer la portée plus ou moins violente de la gifle, celle que, selon un prophète chrétien, on est censé demander sur la joue gauche après qu’on en ait reçu une sur la droite…Il existe pourtant une solution bien moins pénible que la taloche assénée à Isabelle Adjani par Lino Ventura dans… »La gifle »; une qui évite toute violence et que Fred Astaire susurrait à l’oreille de Gingers Rogers dans le film ‘Top Hat’ (1935), « Dansons joue contre joue ». Y compris en fait étymologiquement!

(*) La compagne de l’acteur est allée gifler la plaignante Coline Berry-Rotjman, fille de Richard.