…que ce patronyme Cornet, spécialement en ce qui concerne le parcours acharné d’Alizé (1) lors du récent championnat de tennis de l’US Open. On peut dire que la joueuse française, à la carrière et au palmarès impressionnants, pourrait tout aussi bien accrocher ses adversaires (pour ne pas dire encorner) ou encore sonner la victoire sur les courts (avec un cor) ou enfin jouer  dans les coins…c’est peut-être ce dernier sens qui est à l’origine de son nom. 

Les Cornet, c’est effectivement une histoire de ‘corne’ ou plutôt une histoire de ‘corn’, ce qui n’est pas tout à fait pareil, en tous cas étymologiquement. Quand on pense cornet, on voit tout de suite un appétissant gâteau enroulé pouvant servir principalement à contenir deux ou trois boules de crème glacée; celui-là devait à l’origine avoir une forme un peu plus recourbée à l’extrémité puisque c’est effectivement la forme d’une (vraie) corne d’animal -a priori un bovin- qui a longtemps servi de récipient. 

Dans l’Antiquité, la corne servait avant tout à contenir une boisson lors des banquets et autres réjouissances, principalement du vin bien sûr mais éventuellement d’autres breuvages magiques ou divins, jusqu’à la mythique corne d’Abondance, propriété du dieu Pluton issue de la chèvre Amalthée (celle dont la giclée de lait dans l’espace donnera la…Voie actée); probablement beaucoup plus longue et profonde que la poussée de kératine sur le crâne de la biquette, il s’agissait en fait de représenter la profusion des bienfaits sur Terre (2).

Une autre corne a fait du bruit dans l’Histoire – et apparemment, pas assez – c’est celle utilisée par Roland à Roncevaux pour appeler à l’aide les armées de Charlemagne; cette corne-là, appelée ‘cor’ puis ‘olifant’ à l’époque, est également devenue un cornet tout à fait musical puisque c’est souvent le partenaire des trompettes parmi les cuivres d’un orchestre; ou encore un cornet automobile (le pouet-pouet en guise de Klaxon sur les premières voitures) ou même un cornet acoustique, le petit pavillon que nos ancêtres se mettaient dans l’oreille pour mieux entendre…

Inutile de penser à la forme ‘corné’ ou ‘cornu’, soit équipé de cornes’, rapidement devenue symbole de mari trompé ou cocu, car cette corne-ci n’est apparue (dans la langue; sur le front c’est autre chose) que vers le 15è siècle, donc bien trop tard pour avoir été l’objet d’un surnom puis d’un nom ‘sérieux’.

C’est qu’il y a encore une autre ‘corne’ (ou corn, donc) homonyme, qui est bien à l’origine des Cornet, Corney (dans l’Est), Cornez (dans le Nord) et même de quelques Cornu méridionaux; aucun de ceux-là n’a de rapport avec les attributs de combat d’un quelconque animal mais avec une racine d’ancien-français qui désignait un…coin; et ce qui venait à l’esprit de nos aïeux était un coin de terre (3), le plus souvent un coin de rue (quand il y en avait) ou un coin de maison.

Bref, les Cornet étaient plus probablement des gens qui habitaient à l’angle ou au croisement de deux voies voire de deux chemins, et donc davantage destinés à jouer ‘croisé’ sur les courts de tennis. Et, même en cas d’élimination, avec un sourire…en coin forcément.

(1) Contrairement à la tentation et probablement par confusion, le prénom n’a pas de ‘e’, contrairement à celui de la chanteuse d’origine…corse révélée par le titre « Moi Lolita ».

(2) Le mot ‘abondance’ aurait disparu du vocabulaire au 21ème siècle, sur recommandation du président de l’époque…

(3) Voir la chronique sur les Cantona (Eric)