Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…soit la commune du sud du département des Deux-Sèvres devenue par la grâce (grasse?) des médias le village (350 habitants, hors manifestants) au sujet duquel le moindre responsable politique a quelque chose a dire. Outre cette notoriété impromptue dont quelques agriculteurs paisibles (si, si, ça existe) auraient bien voulu se passer, on apprend donc que la spécialité locale va devenir ‘la bassine’, bien loin de…’l’angélique’ niortaise (1). Autant saisir l’occasion pour nous bassiner un peu avec ce mot…

Même si le mot commence à vieillir sérieusement (qui utilise encore des bassines, sauf événement particulier ou utilisation professionnelle?), la bassine est tout d’abord…le féminin de bassin. Et déjà, on peut se demander quelle est la véritable étymologie – pléonasme (2) – du terme : pas si facile que ça, non?

C’est une très ancienne racine (on peut même dire un son) ‘bac-‘ qui a donné naissance à plusieurs formes, la toute première étant encore présente dans le mot actuel français…bac; rien à voir avec l’examen final des études secondaires évidemment mais avec un grand récipient, en général en métal, dans lequel on peut faire diverses choses comme laver des légumes ou faire la plonge, entre autres.

Mais ce sont surtout les variantes qui vont avoir du succès chez les Romains, dont un ‘baccus’ (3) puis une ‘bacca’, respectivement utilisés pour transporter des liquides, du vin bien sûr mais aussi de l’eau en guise de réserves. Leurs diminutifs ‘baccinus’ et ‘baccina’ vont se retrouver dans le charabia gallo-romain (futur français) sous la forme ‘bachine’ au 12ème siècle, l’orthographe ‘bacina’ étant encore en usage en catalan par exemple.

Pendant longtemps, on s’intéresse peu à ce qu’il y a dans la bassine car ce qui est important, c‘est la forme de l’objet; la preuve, c’est qu’un bassin représente aussi bien un creux rempli d’eau pour se baigner en piscine (éventuellement olympique) que les gigantesques retenues d’eau en cause dans les plaines solinoises (4), jusqu’à un immense chenal rempli régulièrement par la mer quand il est d’Arcachon. 

Dans des situations plus modestes et des situations parfois plus délicates, on peut « aller au bassin » en cas de dérangement intestinal, voire « cracher au bassinet » pour éructer un encombrement pectoral et même « se fracturer le bassin » en cas de chute (quelle nuit!); dans ce dernier cas, la cavité osseuse du bas du tronc forme bien une sorte de vasque astucieusement trouée pour y rattacher l’articulation d’autres os.

Mais la bassine aura ses plus belles heures de gloire (et de service) du 16è au 19è siècle, alors que son modèle en fer ou mieux en cuivre permettra non seulement de stocker de l’eau pour se laver les pieds mais surtout à passer sur le feu pour cuire les confitures ou faire fondre d’autres macérations…Visiblement, les structures envisagées en terre poitevine ont également le don de faire bouillir les militants écologistes ou plutôt de les « bassiner » puisque le verbe vient directement du même bord de la bassine.

L’expression viendrait d’une tradition villageoise, à l’époque où des gens qui avaient quelque chose à dire tapaient sur le fond d’une bassine (en cuivre, donc) pour faire du bruit et réclamer l’attention pour se faire entendre; c’est moins ‘classe’ que le petit coup de lame de couteau discret sur le verre de cristal, mais ça marche; d’autant que le geste a pu être repris plus tard dans des circonstances plus violentes pour manifester son mécontentement lors de défilés contre le pouvoir ou pour réclamer davantage de démocratie; le bruit de tambourinage des manifestants étant censé…bassiner, soit importuner par le bruit.

Selon d’autres sources, le verbe ‘baciner’, qui a d’ailleurs existé temporairement à l’époque classique, viendrait de l’idée des bassin(e)s chauffé(e)s dans la cheminée et que l’on glissait entre les draps pour avoir chaud (une bouillotte, quoi); l’hypothèse me semble un peu tirée par le bas des draps s’il faut en faire une image illustrant l’échauffement des…esprits, mais bon. En tous cas, cette (assez inattendue) ‘Ste-Soline’ qui a donné son nom au village vient d’une martyre du pays qui aurait refusé de renoncer à sa foi; étymologiquement, elle est liée aux Solaine, Soulaine et autre Solen issues du latin ‘solemnis’, qui qualifiait une fête ou une cérémonie religieuses. D’où finalement le sens de ‘solennel(le)’, évident mais pas forcément très adéquat ici pour décrire ici la…communion entre forces de l’ordre et manifestants. Sauf étymologiquement bien sûr!

(1) gourmandise à base de plantes confites

(2) Etymo-logie signifie déjà ‘le vrai sens’ (d’un mot)

(3) Sans ‘’h’, rien à voir avec le dieu du vin…

(4) De Ste-Soline

…est celui du nouvel entraineur de l’équipe (de football*) de l’AJ Auxerre, pas franchement un novice puisque, après une carrière de milieu de terrain, le joueur s’est occupé des destinées d’Amiens et de Lorient, entre autres. Le poste n’est donc pas vraiment une façon de sauver sa peau, sauf…étymologiquement!

Quelques lecteurs ont en effet repéré ce patronyme bien ‘français’, en tous cas de formation, car il représente un nom de métier, bien caractérisé par le suffixe ‘-ier’ qui termine le mot; le mécanisme étant le même que pour tapissier ou pâtissier par exemple, vous avez déjà compris que la racine qui le précède doit sûrement se terminer par un ’s’ et même deux, puisqu’il s’agit non seulement de ‘pelis’ mais de pelisse, un terme au poil et pour cause…

Les Pélissier sont cousins linguistiques d’une grande famille qui compte également les Pélisson, Pélissonnier et Pélissard, sans oublier la forme contractée en Plisson et même parfois plus chuintée en Plichet. Tous ces noms ont donc pour origine un fabricant de pelisses, c’est à dire de manteaux ou de toutes sortes de vêtement cousu dans des peaux, tout comme un autre cousin appelé Pelletier issu de la racine ‘pel’ qui a donné peau en français après ‘vocalisation’ (transformation de la consonne ‘l’ en voyelle ‘au’). Les deux familles se sont différenciées à la fin du Moyen-Age, les Pelletier étant plus spécialement ceux qui découpaient les peaux (**) ; les Pélissier étant les travailleurs à façon, les couturiers de l’époque si vous voulez.

Beaucoup de Pélissier, des manipulateurs de pelisses donc, sont devenus alors des spécialistes de ce qu’il y avait de plus précieux dans la peau : la fourrure. A une certaine époque, on appela donc pélissier le fourreur d’une ville ou d’une région, le mot latin d’origine ‘pellicius’ (la petite-peau) désignant non pas le support du poil mais le poil lui-même…Il y a aussi des Pélissier de même provenance, avec lesquels on ne va pas couper les cheveux en quatre même si ce sont des coiffeurs, en tous cas des gens qui proposaient des traitements pour soigner les petites peaux que l’on a parfois dans les cheveux : car si ‘pellicius’ signifie petite-peau, pour dire une toute-petite-peau on va employer le diminutif ‘pellicula’, et voilà pourquoi vous avez des pellicules sur la tête ! L’aventure de ce mot n’est pas finie puisque, par analogie avec ces petites raclures blanches tombées de votre cuir chevelu, on va désigner un rouleau qui se rembobine sur lui-même comme une boucle, mais cette fois ce sera une pellicule pour mettre dans votre appareil photo.

Ce qui est intéressant avec la pelisse, c’est qu’on peut la faire tomber pour l’enlever, et le verbe qui désigne cette action n’a pourtant rien à voir avec un strip-tease, surtout que, si pelisse signifie peau, l’opération est par conséquent plutôt risquée si vous pensez à votre épiderme…En fait, la racine ‘pel’ a donc pu se transformer en ’piel’ (comme le terme espagnol) mais aussi en ‘piau’ (comme en occitan). Du coup, enlever la ‘piau’, c’est tout simplement devenu le verbe…dépiauter, ce qui permet de penser davantage à un fruit avant dégustation.

Remarquez bien que ‘piau’ peut s’écrire également ‘pieu’, et là je sais ce que vous pensez et…vous avez raison ! Car, le pieu, la peau donc, c’est bien l’endroit où l’on dispose des peaux pour se réchauffer pendant la nuit (historiquement). Par conséquent, l’expression « aller au pieu », cela veut bien dire littéralement ‘se glisser entre les peaux qui servent de couvertures’, ce qui ne vous empêche pas ensuite de dépiauter qui vous voulez. On ne pas faire mieux pour être bien dans sa peau, même quand on ne s’appelle pas Pélissier…

(*) pour ceux qui auraient peu d’attrait pour la baballe

(**) Rien à voir donc avec une pelle, même s’ils avaient du boulot à ce rythme…

…et l’un des plus énigmatiques disent certains, qui a rangé ses pinceaux (et brosses) et déjà dans ces colonnes depuis l’inauguration d’un musée en son honneur en 2014. Il suffit de taper son nom pour le retrouver dans la galerie.

… « premier non-blanc  à diriger le Royaume-Uni », comme l’ont dit et répété de nombreux médias de tous pays. Notez au passage la difficulté (internationale, également) à trouver le bon adjectif…non-discriminant: si l’homme n’est évidemment pas blanc ou noir, qu’est-il ? Gris, beige, marron plus ou moins foncé, maure ou basané, tous ces (sur)noms déjà pris? On se rabat alors sur indien (ce qui est vrai), hindou (aussi), pendjabi (idem) ou sikh (tout autant), avec obligation de se rabattre sur autre chose que la couleur de peau. Finalement, il vaut mieux être malgache, créole ou indonésien (limite), y compris linguistiquement…

En tous cas, pour de nombreux locuteurs francophones (les parleurs de France), il va falloir s’habituer à un patronyme totalement hermétique qui a déjà provoqué des catastrophes de plateau (1). Normal, c’est à peine plus facile dans la bouche d’un Français que Liz Truss (2) et beaucoup plus compliqué à appréhender que François Martin ou Michel Dupont. Même un Indien d’origine n’y retrouverait pas toujours ses marques (3), tant l’onomastique du sous-continent concerné peut être complexe, les gens étant parfois nommés (et ce, sans obligation !) en fonction de leur caste, de leurs qualités personnelles ou de leur…richesse (niveau social et caste, ce n’est pas pareil) donc de façon bien plus aléatoire que les formes administratives extraites de la terre de nos régions.

Or, la famille de notre désormais investi immigré britannique est bien originaire du Penjab, une zone du nord-ouest de l’Inde que les aïeux de Rishi ont quittée autrefois pour s’installer (plus ou moins volontairement) pour l’une des colonies de la couronne soit l’Afrique de l’Est, aussi bien le Kenya que l’ex-Tanganyika désormais nommé Tanzanie…Le petit ‘crochet’ avant émigration vers Londres a son importance, car il justifie probablement la forme inhabituelle (dans le répertoire penjabi) du nom.

Il n’empêche, cette langue importante en Inde mais aussi au Pakistan, au Bangla Desh et même dans une partie de l’Afghanistan – parmi les très nombreux parlers du continent – fait bel et bien partie d’un groupe linguistique dit ‘indo-aryen’, qui lui-même fait partie des langues indo-iraniennes (ça se rapproche), lesquelles sont cousines du groupe dit…indo-européen qui nous concerne. Bref, ‘quelque part’ comme on dit quand ce serait trop long à expliquer, nous avons des points communs (très, très lointains et très, très techniques).

C’est l’aspect ‘Sikh’ qui est probablement à la base de ce patronyme énigmatique (4), il serait même plus correct de dire ‘à l’origine’ puisque c’est ce qualificatif évocateur de la guerre menée par les Anglais contre l’Empire hindou qui a généré une sorte de surnom pour désigner ‘celui – ou ceux – qui arriva(ien)t de chez les Sikhs’ au moment de l’immigration au Kenya; un peu comme Pollack a pu qualifier les Polonais, par exemple: selon l’une des façons de qualifier des étrangers avec le suffixe -an, comme Italian ou Hungarian, ‘sikh-an’ puis ‘suk-han’ par effet de prononciation aurait subi une métathèse (une inversion) plus ou moins péjorative en ‘sunakh’, d’où le résultat…

Du coup, mister Sunak serait « Rishi le Sikh », après génération de cette voyelle adaptée aux habitudes locales, et il a beaucoup de chance puisque son ‘prénom’, ou en tout cas considéré comme tel en Occident, est un adjectif qui signifie quelque chose comme ‘voyant’, grâce accordée en général à des sages en méditation auxquels est permise la faculté d’anticiper l’avenir et de percevoir la véritable nature des choses via la vibration des mantras. Pour redresser l’économie britannique, ça peut toujours servir, non?

(1) On a entendu du Rushi Runak, du Shiri Rusak et même quelque chose qui ressemblait à…Ricci Chirac!

(2) Voir sa chronique quelques pages en arrière.

(3) Test effectué avec un natif qui a bien voulu m’épauler pour ce texte… 

(4) Rien à voir donc avec le ‘Sumac’ de Yma, grande chanteuse péruvienne citée par Vanessa Paradis dans « Joe le taxi »

…son nom pendant vingt-quatre heures, même si vous avez déjà avalé quelques petites canettes grises et bleues au cours d’une soirée (ou plus), histoire de vous redonner un coup de ‘peps’ puisque telle est la fonction première de ce breuvage inspiré par une boisson locale thaïlandaise très prisée par les chauffeurs routiers désireux de combattre leur fatigue par quelques molécules de caféine et de taurine.

L’homme qui a fondé en moins de vingt ans l’empire de production du fameux énergisant porte un nom assez énigmatique pour la culture latine (donc française) et ne délivre la solution de son mystère que si vous avez quelque racines germaniques, ce à quoi ressemble évidemment non seulement le patronyme mais aussi le prénom de (feu) notre première fortune d’Autriche…

Car, du coté de Salzbourg, il y a Wolfgang Amadeus (Mozart *) et Dietrich Mateschitz, héritier d’un nom finalement assez simple à comprendre quand on dissocie les deux mots qui le composent, soit ‘Mate(s)-’ + ‘-chitz’ ou Mate+schitz, le ’s’ pouvant se balancer d’un côté ou de l’autre puisqu’il est en fait l’adaptation sonore d’une langue étrangère. Bien que né dans une petite ville plutôt de l’Est du pays, l’homme a en effet une origine linguistique…serbo-croate.

Bon, ce n’est pas à des milliers de kilomètres de Vienne et surtout pas impensable, étant donnés les mouvements de dissémination des sons et dialectes dans cette partie du continent, un certain nombre de répertoires de vocabulaire étant partis de la côte dalmate actuelle pour s’implanter dans l’Europe dite centrale, jusqu’à se heurter et souvent se mélanger aux parlers germaniques venus de plus haut (**).

Quand les ancêtres de la famille ‘remontent’ jusque sur les rives d’un Danube bleui par Johann Strauss plus tard, un aïeul a déjà été ‘baptisé’ (pas forcément religieusement) du nom de Mate(s) ou Mattes, autres anciennes formes de Matthis ou Matt (diminutif…Tota, comme Pokora côté Pologne), bref c’est Matthieu tout simplement, fréquente inspiration évangélique au cours des siècles, consciemment reliée ou non à l’apôtre du Christ. (En français, le mot est également utilisé comme nom, les deux ’t’ étant plutôt réservés au prénom, le patronyme se contentant d’un seul ‘t’).

Par ailleurs, si l’on imagine que cet aïeul venait bien effectivement du littoral adriatique ou plus généralement de la région des Balkans, il s’appelait quelque chose comme ‘Mate-cic’, avec l’un des suffixes traditionnels attachés aux langues locales. Prononcé ‘matétchic’ ou ‘matétchich’ à l’origine, pas moyen de l’orthographier autrement en zone germano-hongroise que ‘Mateschitz’, ce qui revient à intégrer dans la culture locale une sorte de surnom pour désigner « le Mathieu qui vient de Croatie » (ou tout ce que vous voudrez comme nouvelle nationalité post-éclatement de la Yougoslavie). 

Quand à Dietrich, lui aussi alternativement patronyme depuis que Marlène brille sur les écrans mais en fait d’abord prénom, il est formé de deux racines cette fois franchement germaniques (du Nord), soit ‘theot-‘ qui désigne le peuple + ‘-rich’ faux-ami qui qualifie à la base quelqu’un de puissant (et non de riche, mais l’un suit souvent l’autre). Les Diedrich ou Dietrich (comme la dynastie strasbourgeoise des fabricants de cuisinières) puis Thietrich vont donner en français l’adaptation…Thierry!

Le taureau rouge (Red Bull) est donc en fait non pas un Dietrich Mateschitz compliqué mais un simple Thierry Mathieu, le créateur d’une marque partenaire de nombreux sports tous censés bénéficier d’une victoire assurée puisque « Red Bull donne des ailes » comme le dit le slogan associé. Ce taureau n’est donc pas rouge mais ailé; hélas, la signature était déjà prise par une marque…de riz. Thaïlandais peut-être?

(*) A son époque, le compositeur n’est pas autrichien mais…allemand (la ville appartenait au Saint Empire Romain Germanique)

(**) Résumé global mais réel de plusieurs siècles