Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…à ‘Roland-Garros’ (*) pour le joueur espagnol, qui impressionne autant à Paris en 2023 qu’à New-York (US Open septembre 2022) ou à Madrid (Masters mai 2022). Si vous l’étiez pas là l’année dernière, ou tout simplement pour une petite remise en jeu, tapez son nom dans le champ de recherche!

(*) En fait, les ‘Internationaux de France de tennis’ (dont le tournoi de Roland-Garros. L’étymologie de ce nom est également disponible)

…la version francophone (et particulièrement répétée au Québec) de la « diva mondiale du rock » aurait pu être ‘Antoinette Virage’ puisque c’est effectivement la traduction littérale de son état-civil. Enfin, littérale pas tant que ça car, même s’il y a bien une idée de ‘tourner’ dans son nom, il y a une différence notable (y compris en français) entre tourner et virer (1). De plus, c’était le nom de son mari et pas du tout le sien, pas forcément plus flatteur d’ailleurs, étymologiquement parlant.

Eclairons tout de suite un peu mieux ce ‘Turner’ marital emprunté à un conjoint dont on a dit toutes les violences, malgré une bénédiction divine décidément mal représentée: son prénom Ike – partagé avec un président des Etats-Unis nommé Eisenhower – vient en effet d’une adaptation anglo-saxonne du mot hébreu ‘Yitshak’, nom de baptême très fréquent bien sûr en Israël (le Premier Ministre assassiné Rabin) qui évoque le « sourire de Dieu ». La variante française qui s’appuie sur les même sons est plus facile à accepter puisqu’on a l’équivalent en ‘Isaac’, lui-même largement répandu. Signalons au passage que la contraction anglophone du terme hébreu originel a donc donné Ike mais aussi Iggy (Pop)!

Quant au ‘turner’ de Mr. Ike, ou à celui du peintre aquarelliste anglais William, il vient bien d’un ‘turn’ mais suivi du suffixe ‘-er’ qui indique un métier (baker, butcher, barber ou coroner ont tous une fonction professionnelle). Le correspondant français de ce suffixe étant (le plus souvent) ‘-eur’ (couvreur, carreleur, camionneur), le sens n’est donc pas un tournant mais un tourneur, ce qui n’est pas tout à fait pareil; le surnom a été créé pour qualifier un artisan travaillant sur le bois ou l’argile.

Venons-en donc spécifiquement à Tina, qui est bien là encore une contraction d’après Antoinette (2) ou mieux d’après Antonietta (Tonietta, Tonia (!) et enfin Tina, filière italienne); par contre, son patronyme de naissance est beaucoup moins doux, dans la forme et dans le fond, puisqu’il s’agit de Bullock (3)! Or ‘bulloc’ ou ‘bulluc’, que l’on retrouve très tôt dans la langue anglaise (13ème siècle), est formé de la racine ‘bull’ qui signifie un boeuf et/ou un taureau (en fait un boeuf castré donc réputé agressif); on y a ajouté le suffixe ‘-ock’ qui appartient au registre vulgaire ou péjoratif, que l’on utilise quand on veut donner une certaine tonalité violente à un mot.

Au sens figuré (donc chez un humain), un bullock est rapidement devenu synonyme de ‘bête massive’, caractéristique d’un homme fonceur mais surtout maladroit, explosif et sans réflexion; en français, on pourrait presque le rapprocher, par sonorité, de l’adjectif ‘bourrin’, c’est tout dire…

Finalement, bullock était peut-être le mot idéal pour quelqu’un qui abattait un travail de scène comme un taureau venu bousculer les spectateurs de sa voix rauque et de son physique massif, tout en arrivant à (re)tourner le public en quelques mesures. Y compris donc étymologiquement.

(1) Un tournant vous oblige à changer de voie, un virage vous fait changer d’axe sans quitter la voie (sauf consommations interdites).

(2) Les variantes Toinette,  Toinon ou Toinou étaient plus à la mode au 18ème siècle, et encore usitées dans les campagnes françaises au début du 20ème.

(3) Comme la frêle actrice brunette Sandra dans les comédies et autres ‘blockbusters’ américains.

…que les médias français mettent un malin plaisir à célébrer, eux qui ont été si vertement (et très justement) critiqués par celui dont tout le monde regrette la franchise voire le cynisme en des temps où auto-censure et politiquement correct semblent revenir à grand pas. « Tout le monde il est gentil » ou « Les Chinois à Paris » se moquaient déjà de l’hypocrisie du showbusiness ou des frayeur d’un ‘grand remplacement’ (qui n’arriva jamais): Jean-Jean avait raison…

C’est effectivement ainsi qu’on pourrait l’appeler puisque le patronyme de cet homme aux multiples facettes (auteur, compositeur, acteur, producteur, réalisateur, humoriste, etc…) est tout simplement composé du prénom bien connu (1), suivi de son équivalent en breton soit Yan, Yann ou Yanne, Yannes (le féminin!) ou Yannou (le diminutif) selon les régions ou le pays dans lequel vous vous trouvez puisque toute la zone celte partage cette racine.

Il n’empêche qu’à l’origine le mot fait clairement référence à l’homme qui a baptisé Jésus dans les eaux du Jourdain. En voilà un qui se fera appeler baptiste par la postérité jusqu’à être sanctifié dans la religion chrétienne, et qui bénéficiera d’une carte de visite idéale puisque son surnom vient d’une composition de deux mots: Yahvé (Dieu) et ‘Hannah’ (la grâce). La combinaison des deux pousse à évoquer quelqu’un qui ‘transmet la grâce de Dieu’, définition on ne peut plus précise de sa fonction.

Passons rapidement sur les transformations du nom à travers les âges, de Yohanan (hébreu) à Yohannès (grec), Johannès (latin) puis Johan à l’époque médiévale française, cette dernière forme donnant ensuite tous les Jehan, Jehanne et évidemment les Jean et Jeanne actuels…Sauf que, notre Jean-Yan(ne) n’est pas son état-civil réel mais un pseudo! Il se nomme en réalité Jean-Roger Gouyé, descendant lointain d’une souche de sabotiers qui habitaient la forêt de Mayenne depuis le 18ème siècle.

La famille du futur Yanne a quitté un petit village de l’arrondissement de Rennes pour s’installer à Paris mais, dans les cours d’école déjà un peu trop attentives à détecter les ‘baragouins’ qui débarquent à la capitale, s’appeler Gouyé devient un peu trop souvent Gouillé puis Couillé. Dans la bouche (si j’ose dire) des camarades de classe, les autres variantes du nom soit Gouye, Gouyard, Gouyon deviennent vite Couille, Couillard, Couillon. Désagréable, et à tout le moins risqué…

Impossible donc de laisser une éventuelle mauvaise prononciation se propager au moment où Jean-Roger (déjà utilisé plusieurs fois par d’autres humoristes) commence à passer au cabaret et à la radio. Il simplifie son prénom et, en référence à ses origines bretonnes, choisit tout simplement la version régionale comme patronyme, gommant ou plutôt coupant sans le savoir le sens originel de Gouyé…

En effet, si quelques linguistes relient le mot à un terme d’ancien français qui signifie une petite mare, il est plutôt utilisé dans l’Est de la France, particulièrement en Bourgogne ou Franche-Comté. Il serait bien plus logique (et étymo) de le ranger avec tous les outils utilisés par les ancêtres de Jean soit l’ancien-français ‘goy’ (rien à voir avec le mot hébreu qui désigne un non-juif). 

Egalement écrit ‘goi’, il s’agit d’une transformation du mot latin ‘gubia’ qui concernait une sorte de serpe, de couteau ou de ciseau à bois dont se servaient différents artisans comme les vignerons, les tonneliers ou…les savetiers (2). Les Gouyé – ou mieux Gouyer, avec un suffixe de métier – étaient donc les fabricants ou les utilisateurs de cet outil. D’une certaine façon, de quoi ciseler ou tailler au couteau les saillies et aphorismes (3) que nous a laissés monsieur Yanne. Y compris étymologiquement.

(1) Prénom le plus fréquemment donné pendant toute la première moitié du 20è siècle, soit deux millions par an!

(2) Version en langue d’oïl (autant dire parisienne) de ‘sabotiers’.

(3) Parmi les meilleures : « La pollution? Tout le monde veut sauver la planète, mais personne ne veut descendre la poubelle ».

…a dit le voisin du champ où s’est déroulé le « Woodstock-en-Indre » interdit mais autorisé par la force des choses et les forces de l’ordre (on ne peut pas mieux dire) pour fêter le trentenaire du Teknival. Quelque trente mille ‘teufeurs’ ont donc croisé avec plus ou moins d’attention le petit panneau vicinal signalant le lit de la Malnoue sur le route de Villegongis, un site on ne peut mieux choisi, en tous cas étymologiquement et peut-être même historiquement.

Dans les vertes mais parfois obscures régions de France, il fut une époque où tout pouvait faire sens, surtout quand l’homme se retrouvait face à une Nature dont il ne comprenait pas le sens et, a-fortiori, ne maitrisait pas les effets. C’est ainsi qu’à la sortie du Moyen-Age, de forêts sacrées en sources divines, existent dans les territoires (et surtout l’esprit des habitants) des forces parfois diaboliques dont la Malnoue, la « fille du diable ».

Etymologiquement, le mot est composé de deux parties, en mal-noue; la première ne pose pas question, il s’agit bien de la racine latine ‘mal(us)’ qui a donné en français mal (au singulier) et maux (au pluriel, après ‘vocalisation’) et par conséquent tout ce qui commence par ‘mau-’ soit mauvais, maudit, etc…bref, tout ça n’est pas très enthousiasmant.

D’autant que la ‘noue’ est un ancien terme médiéval encore existant (la preuve) mais peu usité qui désigne un endroit marécageux; on le trouve encore sous la forme ‘noë’ (le tréma atteste de l’ancienne présence du ‘u’) en composition dans certains noms propres comme Delanoë (1). Si l’on cumule les deux éléments, cela nous fait un ‘mauvais marécage’ ou, dit autrement, une ‘méchante eau stagnante’ rarement appréciée par nos ancêtres car porteuse de toutes les brumes, brouillards et autres bruits inquiétants propices aux fantasmes effrayants.

De fait, la Malnoue de Sologne doit son nom à une nappe phréatique aux multiples résurgences ayant régulièrement entrainé des inondations donc la perte de récoltes et quelques noyades spectaculaires forcément provoquées par des créatures plongées dans les profondeurs des remous. Sans savoir que des sonos du diable viendraient les y réveiller un jour, les Malnoues habitaient les méandres lascifs des petits cours d’eau, des mares et des étangs, abondamment racontées par les légendes locales.

Chaque région ou presque ayant son Malin ou sa sorcière, l’autre célèbre Malnoue a jailli sous la plume de Marcel Aymé en 1943 sous le nom de « La Vouivre », également appelée le « Dragon du Jura», créature mythique et dangereuse qui attire le paysan alanguie sur les roseaux; on retrouve la même idée de l’autre côté du pays en Vendée, où la Vouivre locale ‘se meut comme un serpent entre les eaux’…Ne dit-on pas que les rivières ‘serpentent’ dans les prairies, la forme paresseuse des boucles semble toujours avoir posé problème à nos ancêtres.

A Villegongis (2), personne n’a vu passer d’autre vouivre devant les enceintes assourdissantes des DJ que quelques pâles post-adolescentes à la marche rendue épileptique par le beat des basses empilées sur l’herbe. Peut-être eût-il fallu une pluie battante pour arriver à creuser le sillon de quelques malnoues; en tous cas, s’il y a eu apparition de bouts de racines dans l’herbe, elles n’avaient rien d’étymologique.

(1) Voir la chronique consacrée à l’ancien maire de Paris, Bertrand D. (octobre 2012!)

(2) La commune où se trouvait le terrain occupé, arrondissement de Châteauroux.

…et de pas moins nombreux livres d’histoires d’aventures relatent depuis des décennies, pour ne pas dire des siècles, des situations exotiques où de valeureux explorateurs (forcément occidentaux) s’étonnent avec un rien – et plus – d’ironie des traditions tribales et primaires de certaines populations (forcément sauvages) invoquant naïvement les dieux de la Nature pour que tombe enfin la pluie. Il semble que le tam-tam soit aujourd’hui passé (ou de retour?) dans une certaine religion qui organise désormais à grand renfort de processions costumées des invocations aux nuages, sans doute tout aussi sincères mais tout à fait stériles pour l’instant. La pluie, future richesse au coeur de prochains conflits?

Mais au fait, savez-vous d’où vient la pluie, quand il ne s’agit pas de souhaiter que le ciel nous tombe sur les plantes? Le mot est tellement dit, répété, galvaudé et déprécié (1) que l’on n’a pas même envie de savoir son origine, en tous cas linguistique. Tout au plus a-t-on inventé au cours des siècles pour éviter que toute la pluie tombe sur nous, le seul autre mot qui se mouille à notre place, le para-pluie (2), grâce à un préfixe (para-) aussi préventif que le para-chute (contre la chute directe sur le sol) ou le para-pet qui contrairement à ce que vous pourriez penser, n’a rien à voir avec un para-vent(s) mais avec un ‘parapetto’ d’origine italienne qui désigne une balustrade qui nous protège (para) à hauteur de poitrine (petto)!

Bref, pour nous qui chantons sous la pluie, il faut se contenter d’une, voire de deux formes de conjugaison seulement. A part son infinitif (pleuvoir), ce verbe est tout à fait ‘impersonnel’ et se conjugue presque exclusivement à la troisième et unique personne du singulier: il pleut parfois, mais je ne pleux pas, nous ne pleuvons jamais (mon correcteur d’orthographe n’est d’ailleurs pas content du tout de cette tentative). Et, même si parfois certains coups peuvent pleuvoir, il ne peut guère pleuvoir que des cordes (3), ce qui nous ramène à deux gouttes près.

Le terme latin de base est ‘pluvia’, celui qui nous donnera évidemment ‘pluvieux’ (même quand on est jeune) ou pluvial (surtout quand on est fleuve); après être passée par un stade ‘plovia’ en latin vulgaire, puis ‘ploige’ et ‘pleuge’ en ancien-français, la pluie n’a pas arrosé que la France mais aussi l’Italie avec une ‘pioggia’ assez proche de son ancêtre, un peu plus modifiée en Espagne avec ‘lluvia’ (le ‘p’ latin est devenu un ‘l’ sonore à l’initiale); ou encore plus drue (à cause du chuintement), la trombe de ‘chuva’ qui tombe au Portugal, alors que la polonaise ‘ploaie’ garde l’influence latine.

Comme souvent, les peuples du Nord sous influence germanique déclinent le très rugueux ‘Regen’ en Allemagne ou aux Pays-Bas, tout comme la ‘regn’ suédoise, ce qui ne laisse aucun doute sur le très proche choix saxon devenu anglo en ‘rain’. Quant à la pluie polonaise, c’est probablement une vraie douche de ‘deszcz’…Et si vous n’aimez pas la pluie qui mouille (4), dites-vous bien que les Romains – qui ne l’ont certes pas inventée – se servaient également du mot pour qualifier des chutes de pierres ou de flammes (ils ont été servis avec l’éruption de quelques volcans au cours de l’Histoire). Ce qui avait fait dire au philosophe latin Sénèque (-65 avant JC): « La vie, ce n’est pas d’attendre que les orages passent mais d’apprendre à danser sous la pluie ». Un nuage de sagesse…

(1) Miracle (au moins, un): l’autre jour, une animatrice télé proposait que l’on parle désormais de ‘beau temps’ quand il pleuvra, et de ‘temps difficile’ quand il fera trop chaud!

(2) Au 17ème siècle seulement contre la pluie; mais plus de 30 siècles auparavant pour le parasol(eil), en Orient.

(3) En français; mais bien sûr ‘des chats et des chiens’ en anglais; ou des ‘hommes’ chez les Weather Girls. Pour tous les autres Européens, c’est une question de quantité selon la langue (à verse, en ruisselant, à seaux, etc)

(4) Au contraire des poètes qui célèbrent « des larmes de pluie venus de pays où il ne pleut pas », par exemple.