Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…ce n’est plus un index étymologique, c’est un livre de géographie. Mais l’actualité des coups d’état (passés, en cours ou à venir) dicte le choix des mots auxquels vous avez la curiosité de vous intéresser, et celui qui monte à la Une des médias en ce moment tient ses promesses : le Gabon est  français, d’histoire portugaise mais de souche…arabe, ou tout simplement gabonais en tous cas étymologiquement!

Ce qu’il y a de plus français dans Gabon, c’est le mot, tout comme pour sa capitale Libreville dont la signification est beaucoup moins ‘évidente’ que le laisse deviner sa prononciation très francophone. Mais commençons par le territoire, dont la création du nom est attribuée, comme pour beaucoup de pays d’Afrique (1) à un mot de la langue des découvreurs occidentaux (le plus souvent futurs colonisateurs) ou une interprétation d’une sonorité du dialecte local, plus ou moins bien comprise par les visiteurs auto-invités. 

En fait, le gabon – nom commun – serait une adaptation francisée du mot portugais ‘gabào’, lequel désigne…un manteau avec capuche, vêtement tout à fait inattendu sous ces latitudes; comme on n’a pas de traces d’un quelconque ciré à la mode lusitanienne utilisé par les marins du pays, l’histoire (2) a retenu que c’est la forme du ‘bec’ du fleuve Komo qui se jette dans l’Atlantique qui aurait donné aux hommes l’idée de le surnommer ainsi (3).

Toujours est-il que le havre que constitue l’embouchure de cet estuaire n’a sans doute pas été pour rien dans ce baptême topographique original, d’autant que, d’un point de vue linguistique cette fois, le terme portugais est relié à l’arabe ‘qabà’ qualifiant un vêtement approchant, avec un son que l’on retrouve étrangement dans le français…caban, ce manteau court initialement utilisé par les pirates (4).

Il est évidemment possible, malgré toute cette histoire, que Gabon soit réellement issu d’un phonème (un son) emprunté à un dialecte local et mal compris par les colons ou volontairement ignoré; de fait, même les historiens africains ont du mal à en retrouver la trace.

Le plus surprenant reste le nom de cette capitale baptisée cette fois par des Français au milieu du 19ème siècle lors de l’extension d’un village près duquel l’armée érigea (comme d’habitude) une place forte de sécurité. Et il ne s’agit pas d’une « ville-libre » (pour résumer, affranchie de taxes ou charges royales) comme cela a été le cas en France ou dans d’autres pays européens (des villes ‘franches’) mais d’un lieu qui accueilli des esclaves ‘vilis’. 

Car à ce moment-là (1848), l’esclavage venait juste d’être aboli précisément (5), et l’endroit a accueilli un contingent d’esclaves guinéens et sénégalais libérés des…Portugais par les Français et qui se sont installés dans une zone de langue ‘vili’, d’où la francisation en ‘libres-vilis’ puis Libreville. Ce qui n’empêche évidemment pas les Librevillois(es) d’habiter (pour l’instant) une ville libre. Mais même pas étymologiquement! 

(1) Voir les articles sur Abidjan, ou Cameroun, ou Niger.

(2) Les légendes aussi sont des histoires…

(3) Ceux qui voient plutôt le profil d’un chameau regardant vers la gauche sur le dessin sont bons pour la visite chez le psy.

(4) Même si la racine n’est pas la même, on remarque la proximité ‘internationale’ avec les sons cap, capuche, etc…

(5) Voir les articles sur ‘esclavage (abolition de)’, mai 2013; et sur ’10 mai’ (2012)

…peut-être nous souviendrons-nous bientôt du baiser de Rubiales (1), du nom du président de la Fédération espagnole de football. La polémique tient bon au sujet de lèvres collées pendant un dixième de seconde dans l’enthousiasme (ou pas?) de la victoire de l’équipe féminine hispanique aux Championnats du monde. Geste inconscient ? Prémédité ? Sexiste (qu’aurait fait le-dit président Luis avec le capitaine de l’équipe masculine) ? Bref, l’image fait rougir toute les championnes de l’année. Et pour cause…

Etymologiquement, le cas de Luis Rubiales est intéressant puisque ce n’est pas son nom, en tous cas pas le patronyme complet, lequel est Luis Manuel Rubiales Béjar, soit deux prénoms suivis de deux noms qui sont tous les deux des toponymes, des noms de lieu(x) d’où étaient originaires ses ancêtres. Aucun doute sur ceux de l’ex-joueur lui-même : Béjar (2) est un nom de provenance, celui d’une ville de la province de Castille & Léon (nord-ouest); Rubiales est également le nom d’une ville du centre-est du pays (vers la côte méditerranéenne). Donc, plus ‘espagnol’ on ne peut pas; ne reste plus qu’à constater que, par coïncidence dans les deux cas, on a affaire à une histoire de couleur(s).

La Béjar castillane s’appelait au temps des Romains Biclaro (ou Biclara), que plusieurs historiens considèrent comme une appellation abrégée de ‘bi-coloris’ en latin, soit une évocation de deux couleurs; ce qui n’est pas tout à fait ‘claro’ (‘évident’), ce sont lesquelles. Si l’on essaie de trouver des similitudes dans d’autres sites, une telle caractéristique pouvait renvoyer aussi bien à une ville construite avec des pierres de nuances différentes qu’une commune habitée par des gens de…couleurs mélangées (époque du califat musulman en Espagne) ou tout platement d’un lieu qui changeait de couleur selon l’exposition au soleil.

Quant à la Rubiales de Teruel (province d’Aragon), elle semble contenir la racine (encore) latine de l’adjectif ‘ruber’ qui signifie rouge, exactement celle que l’on retrouve en français dans la pierre de couleur rouge (le rubis), la maladie qui vous donne des rougeurs (la rubéole), et même la ‘rivière rouge’ traversée par Jules César pour fondre sur Rome, le Rubicon; et enfin la famille de l’homme qui peignait les femmes rondes aux joues rouges, les Rubens!

Manque de chance, le ‘Rubio’ (ou la ‘rubia’) proprement hispanique renvoie plutôt à une nuance de blond foncé…tirant sur le rouge (ou parfois pas), bref plutôt une histoire de blonds ou de blondes dont les historiens locaux ont parfois du mal à préciser la raison : là encore, un ensoleillement qui viendrait ‘dorer’ (coucher de soleil compris) le lieu d’implantation du village initial; ou bien, plus hasardeux, la ville où se seraient retranchés de ‘blonds’ Espagnols pour continuer à commercer lors de l’avancée musulmane ? 

Le clin d’oeil étymologique final risque de jouer en défaveur de la joueuse embrassée à l’issu de son gré que la Fédération insinue être plein, c‘est-à-dire qu’elle aurait accepté la requête de son vis-à-vis (3) forcément séduit par une jeune femme qui s’appelle Jenni…Hermoso (même si c’est au masculin paternel ou marital) soit en v.o ‘magnifique’ (hermosa) ou, couramment, « belle comme un coeur »! Dans ces conditions étymologiques…

(1) et, in-extremis, du petit coup de main sur la hanche, qui a failli descendre un peu plus bas si la joueuse avait été moins rapide à se dégager ?

(2) Rien de commun avec le chorégraphe Maurice, de son vrai nom Berger. Béjart est le pseudo qu’il s’est choisi en hommage à la famille de la femme de…Molière (Armande).

(3) L’enquête est en cours…

…non, pas pour des raisons biologiques, qui ont prouvé depuis longtemps qu’un temps de repos (pas trop long) permettait de retrouver une énergie suffisante, mais tout simplement à quelle heure il faut la faire exactement ? Car oui, on ne fait pas la sieste n’importe quand, en tout cas étymologiquement!

On doit l’invention de la ‘sieste’ (le mot) aux Romains, même si l’action ne semble pas vraiment coller à l’image que l’on a des soldats en jupette; rien à voir avec la position allongée adoptée par les participants à un banquet (même s’il n’est pas recommandé d’avaler couché, mais c’est une autre histoire). Pour trouver l’heure de votre sieste, il faut rappeler que la journée de nos ancêtres latins se divisait en deux périodes de douze heures.

Exemple (variable): six heures (du matin) – midi / midi – dix-huit heures; puis venait la première veille (dix-huit heures – minuit) et enfin la seconde (minuit – six heures)…le tout en fonction de la saison bien sûr, le lever et le coucher du soleil étant les véritables repères d’un temps qui donnera du fil à retordre, encore au 20ème siècle, entre ceux de la campagne ‘qui marchent à l’heure solaire’ et ceux de la ville qui suivent ‘l’heure légale’ (1).

Bref, le Romain qui travaille commence alors sa journée vers six heures; à la sixième heure arrivent la fatigue en même temps qu’un petit creux, d’où l’idée de lever le pied et le reste au moment le plus chaud de la journée (midi). Or, en latin, cette sixième heure se dit ‘sexta (ou sextia, dans la langue populaire) hora’…Comme l’idée d’heure est évidente (2), l’expression va se dispenser du second terme: ne reste donc plus que ‘sextia’ (sixième) que nos ancêtres, gaulois cette fois, vont s’approprier avec leurs habitudes (=incertitudes) de prononciation et donc faire  ‘sistia’, ‘sestia’ puis sieste. La croûte se casse donc à midi et le hamac s’ouvre aussi.

On est donc loin des conventions modernes qui vous font saliver dès que vous entendez le générique du 13h (ou 20h) de TF1, elles-mêmes déjà très éloignées du ‘dîner’ époque Henri IV qui se prenait à midi afin de laisser le ‘souper’ se dérouler le plus tard possible dans la nuit. D’ailleurs, ‘dîner’ est la contraction d’une forme de verbe qui signifie ‘rompre le jeune’ soit dis-jeunare (avec un préfixe qui exprime la distanciation ou l’arrêt). Lequel a donné évidemment notre mot actuel de ‘déjeûner’, obligeant votre bol de croquettes au chocolat du réveil à devenir un ‘petit-déjeûner’. Logique ! 

De plus, il s’en est fallu de peu que cet adjectif ‘sixième’ reste définitivement marqué au calendrier, mais comme le Créateur a voulu un septième jour pour faire…la sieste après avoir bossé du lundi au samedi (3), on a écopé de sept jours pour diviser le mois lunaire, ou plus précisément de ‘sept matins’ soit dans la langue de Jules (César) ‘septem mane’ et dans celle de Montaigne ‘seemmâne’ puis semaine (4). Voilà, vous pouvez vous rendormir…

(1) On n’est toujours pas sortis de l’auberge au 21è siècle avec l’heure d’hiver et l’heure d’été…

(2) Contrairement au français et à l’allemand (Uhr), toutes les langues n’éprouvent pas le besoin de préciser : ’a las seis ‘ en espagnol, ‘at six’ en anglais, ‘alle sei’ en italien…

(3) En fait, du dimanche au vendredi mais c’est encore une autre histoire.

(4) On a échappé à ‘septem vespera’ (sept soirs) qui serait devenu quelque chose comme ‘sevespre’ puis ‘sevêpre’, pas très joli ni très pratique…

…surtout quand elles lui font peur, ce qui est le cas des phénomènes naturels extrêmes; ça évite aux journalistes de se tromper dans les définitions entre tempête, cyclone, typhon ou ouragan et de jongler avec le chiffre des pressions comparées selon l’altitude. Reste donc à choisir le doux nom auquel on pourra se référer en déplorant le nombre de morts ou la superficie dévastée (1); où il est dit que « l’ouragan de l’année peut être très…marrant. Enfin, étymologiquement!

Au début, on s’orienta directement vers des prénoms exprimant « les forces de la Nature » donc…masculins (authentique!); puis, le temps – si j’ose dire – et l’alphabet s’épuisant, on aborda les prénoms dits féminins. Les théories sont nombreuses (et parfois contradictoires) sur les raisons et l’ordre d’appel des événements tant redoutés; la majorité des pays s’entendent sur une liste régulièrement mise à jour dans l’ordre alphabétique. Il y a donc des années en ‘H’, comme pour les chevaux ou les chiens de race. 

C’est le cas d’Hilary (ou Hillary, version académique britannique), nom ou prénom d’origine anglaise, formé sur l’adjectif grec ‘(h)ilaros’ puis latin ‘hilarius’ qui qualifiait quelqu’un de joyeux (2), de gai ou mieux encore d’heureux (3); il s’agit donc en réalité d’un surnom évoquant un état paisible et serein, souvent associé à des réjouissances au cours de cérémonies familiales par exemple (rien à voir avec les troisièmes mi-temps de sortie des arènes). 

Malheureusement, le mot français qui en découle directement est clairement l’adjectif ‘hilare’, qui suppose davantage un rire gras et sonore prolongé qu’un sourire affectueux et chaleureux. Il n’empêche que le sens de joie est resté grâce, comme souvent, à un évêque de Poitiers du IVème siècle dont la renommée (pas de joyeux drille, davantage de pontife aimable) va propulser plus de cent cinquante communes St-Hilaire (et associés) aux six coins de l’Hexagone (le compte est bon). 

Le Hillary le plus célèbre, bien avant d’être le prénom d’une première dame des Etats-Unis, fut le patronyme d’un…ex-apiculteur néo-zélandais, un certain Edmond Percival (avec un prénom comme ça) qui fut le premier ‘alpiniste’ à vaincre l’Everest en mai 1953, avant d’être anobli par la royauté britannique et nommé ambassadeur du…Népal. Quant au nom de notre ouragan du jour, il aurait perdu la lettre L pour être facilement répertorié dans la liste (du pot au) noire, la tradition souhaitant des mots de six lettres.

On peut également enlever le ‘h’ initial qui ne sert à rien depuis longtemps, ce qu’ont fait les Italiens pour leur Ilario, au contraire du Hilario espagnol et des Hilaire (!) ou Hilarius allemand et néerlandais. Tous ces gens sont donc théoriquement marrants mais ont au moins la chance d’avoir échappé non seulement aux vents violents mais à la toute-première forme du mot ‘ouragan’, soit l’espagnol médiéval ‘huracàn’ copié par l’américain moderne en ‘hurricane’. Tout cela n’est pas d’une grande hilarité, sauf évidemment…

(1) Unité de mesure inévitable : le ‘terrain de football’…

(2) Mais pas forcément ‘jovial’ selon le sens français très erroné: voir l’article sur…(Macron) ‘jupiterien’.

(3) Joie, plaisir ou bonheur, ce n’est pas pareil (vous avez quatre heures)

…mais, pour compléter ce sujet qui transpire dans tous les médias chaque année (ou presque, en fait tous les quatre ans violemment), on vous a gardé un article au frais, même si vous savez désormais tout de l’origine du mot. Il reste quelques anecdotes croustillantes (de chaud) qui valent la peine de retrouver l’histoire en tapant le mot dans le champ de recherche.