Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…à douze ans d’intervalle, la ville de Lyon avait vu se succéder à la mairie deux Collomb, un Francisque, forme médiévale de Francis (jusqu’en 1989), et feu l’ex-ministre de l’Intérieur Gérard (depuis 2001), fils de Marc Collomb et de Marcelle Cuissard (aïe). Pour ce patronyme, on trouve parfois l’orthographe Collomp, l’un et l’autre avec deux L (c’est mieux, pour ce qui va suivre) mais aussi simplement Colom, Colon (!), Coulom et Colomb; il va donc, forcément, être aussi question d’un certain Christophe…

Sous la forme Collomp (le P est juste un B moins sonore, pour ne pas dire muet, à cette place), le patronyme appartient aussi à un ingénieur français retenu au Nigéria (en 2012) qui s’était envolé, semble-t-il, par ses propres moyens, faisant ainsi passer ses ravisseurs pour des pigeons, ce qui ne peut pas mieux tomber. Car, à l’origine des Collomp ou Collomb, il y a le mot latin ‘colombus’, qui désigne un pigeon (la distinction avec colombe, tourterelle ou tout autre…colombidé n’arrivera que plus tard). Il vaut donc mieux l’écrire avec deux ailes, mais les variantes simplifiées sont tout aussi valables, comme les Colom catalans, les Coloma espagnols, sans oublier les Colomba corses (merci, Prosper Mérimée), les Colombani (comme le journaliste Jean-Marie), les Colombet (diminutif, ‘le pigeonneau’), les Colombier (comme le compositeur Michel (1), du nom du propriétaire du poulailler à pigeons), et même les Colombin (une personne aux cheveux de couleur grise, comme le gosier d’un pigeon).

Voilà un vol de patronymes qui, à travers les siècles, ont parfois désigné des gens ayant une activité en rapport avec les pigeons (élevage, transport, utilisation ‘postale’, vente, voire chasse), mais le plus souvent, on a donné à ce nom le sens figuré d’une personne gentille -voire naïve- comme un pigeon, d’où le sens argotique; peut-être aussi à cause de l’influence de la racine propre du mot pigeon, le latin ‘pipius’, littéralement celui qui ‘piaille’, comme un oiseau sans défense, et que l’on peut donc facilement…plumer comme un pigeon.

Rajoutons quelques autres pigeons célèbres, dont le navigateur le plus dinde de l’histoire puisqu’il a longé un continent déjà ‘découvert’ (et qui ne porte même pas son nom), le signore Cristof(oro) Colomb(o), dont le GPS interne devait être moins bon que celui de ses ancêtres. Tout le contraire d’un autre type, habillé en gris et qu’on a souvent pris, à tort, pour un pigeon mais qui ne perdait jamais le nord dans ses enquêtes, un certain Inspecteur Columbo. Citons également le pigeonnier français sans aucun doute le plus connu, et qui a hébergé un grand voyageur sur le retour: il s’agit d’un village situé en Haute-Marne, autrefois réputé pour ses pigeonniers, et par la suite orné de deux édifices religieux qui l’ont transformé -forcément- en…Colombey (colombier) Les-Deux-Eglises.

La moins bien lotie de tous est une femme amoureuse d’un Pierrot et s’appelle Colombine, terme qui désignait très précisément, au début du 18è siècle, la…fiente de pigeon (d’où le fameux ‘colombin’ de certains parlers locaux). N’en tirez aucune conclusion machiste, ou ne croyez pas que le jeune homme l’appelait ‘ma petite crotte’; les deux personnages de la Comedia dell Arte sont bien antérieurs à cette époque et n’ont donc aucun rapport avec cette m… puisqu’en fait, lui est tout blanc de farine car boulanger, et elle est blanchisseuse, autrement dit mouillée de la plume (et donc peut-être pas blanche comme une colombe).

N’oublions pas pour terminer les Sainte-Colombe, nom de plus de cinquante communes en France dans à peu près tous les départements, dédiées pour une fois non pas à une martyre mais à l’oiseau symbole de paix (et de Trinité, le Saint-Esprit), dont le représentant le plus musical est un certain Jean (‘Monsieur de Ste-Colombe’, dans le film ‘Tous les Matins du Monde’), compositeur du 17ème siècle, amateur de ‘Pleurs’ -son oeuvre la plus célèbre- et joueur de viole de gambe (= qu’on tient entre les…jambes).

Quant au film éponyme le plus célèbre, «Blanches Colombes et Vilains Messieurs» (Joseph Mankiewicz, 1955, avec Brando, Sinatra,etc), il n’a pas confirmé la réalité de l’expression pendant le ministère de Gérard, même étymologiquement!

(1) Des dizaines de musiques de film, et aussi le célèbre générique ‘Folon’ de la chaine de télévision (à l’&poque) Antenne 2

…l’homme politique néerlandais a largement donné l’avantage à son parti lors des récentes élections législatives, ajoutant, pour un certain nombre de démocrates européens, le risque de voir se développer une radicalisation tous azimuths. Même s’il ne gouverne pas encore (reste à trouver une coalition), ce descendant d’une mère venue…d’Extrême -Orient (1) a néanmoins pris la classe politique ‘à la sauvage’; et pour cause…

La forme typiquement flamande de son patronyme ne cache rien de particulier, au contraire puisqu’elle est construite sur la syllabe saxonne (et donc plus connue côté anglais peut-être) ‘wild’, qui signifie sauvage, le mot néerlandais bénéficiant d’un ’s’ final supplémentaire qui le désigne bien comme un nom propre. Mais, si le ‘wild’ anglais peut qualifier des paysages naturels ou des animaux féroces, la majorité des cas flamands évoquent d’abord le caractère humain, et ça va de ‘courageux’ à ‘belliqueux’ en passant par ‘libre’ ou ‘agressif’…

Un peu plus au sud, dans la zone belge actuelle, les De Wilde ou les Wildemans sont souvent des sauvages au sens de misanthropes, mot d’origine grecque qui signifie littéralement ‘ceux qui détestent les hommes’ (les autres gens, ce n’est pas une question de sexe évidemment), ce qui pourrait presque faire un clin d’oeil du côté du racisme. 

Selon les périodes de son histoire chargée, l’Alsace aujourd’hui française a également eu ses Wild plus ou moins grognons. Par contre, de l’autre coté de l’Atlantique, on a totalement oublié le caractère des Wilder bien implantés dans le show-business, comme le réalisateur hollywoodien Billy ou l’acteur récemment disparu Gene.

Prenons un instant alors pour essayer de voir si le prénom du monsieur n’apporterait rien de plus: si justement, mais pas forcément en mieux! Ce Geert-là encore fidèle aux habitudes linguistiques du pays a pour cousins immédiats les Geeraert, Geerald ou Gerhard, soit tout bonnement notre Gégé (Gérard) francophone. On le trouve aussi sous les formes Gerrit ou Gert en Hollande, tout comme les Garrick anglais (celtes) ou les Gerardo/Girardo méditerranéens!

Or, pour reprendre l’orthographe française, le Gérard a été imposé en Gaule lors des invasions des Goths, Ostrogoths, Wisigoths et autres peuples germains, d’après deux racines soit ‘ger’ + ‘hard’, synonymes de lance et de fort ou courageux. Les Gérard auraient donc à voir (pense-t-on) encore une fois avec une histoire de guerriers qui ne se privaient pas manier vigoureusement le javelot meurtrier. Peut-être de quoi clouer ses adversaires politiques pour un certain temps? Au moins étymologiquement.

(1) Jusqu’en 1945, les mariages mixtes étaient fréquents dans les ‘Indes orientales néerlandaises’, soit tous les territoires possession des Pays-Bas de l‘époque.

…certains débats font rage (vraiment!) sur les plateaux tv, en cette époque d’accumulation d’affaires d’agressions sexuelles. L’une d’entre elles – et pas la dernière – met en cause le sénateur Joël Guerriau, accusé par sa victime d’une tentative de drogue pour obtenir des faveurs à l’insu du plein gré de la dame Josso. Ni d’origine italienne ni d’ailleurs, le mot est finalement très français, et surtout d’une étymologie surprenante…

La députée de Loire-Atlantique née à Guérande – même si, encore une fois, la ‘géolocalisation’ de naissance ne prouve rien a priori – porte en fait un patronyme très local, ou mieux régional; car sous cette apparence méditerranéenne se cache une forme de racine d’origine…celte récupérée par le latin de fin d’Empire qui possédait le surnom/prénom ‘Judocus’ (ou Judocius). 

Le mot s’appliquait à quelqu’un qui avait un jugement (1) donc une autorité de décision (au début, pas forcément juridique). La syllabe celte évoquait donc un commandant ou un chef, le tout dans un contexte de guerre ou de combat (what else?). Bref, au 7ème siècle, ce qualificatif devient célèbre via un saint breton nommé Judicaël, Judoce ou Jodoce en Armorique, transformé en Josse, Jossin, ou Jossot (orthographe officielle, avec un ’t’) dans les autres régions (2). 

Toutes ces variantes sont en fait des diminutifs, auxquels il faut rajouter des Joos (alsaciens), des Jousse et même des…Joisse (« au niveau de l’agression, c’est pas la joie ») (3); le plus surprenant est de trouver dans cette famille linguistique un certain…Jospin originaire du Nord comme l’est la souche étymologique de l’ex-premier ministre Lionel (et non pas le Cintegabelle de Haute-Garonne).

Impossible par ailleurs de ne pas jeter un (clin d’)oeil sur le prénom Sandrine qui, même s’il est parfois perçu comme populaire voire commun, a une ascendance on ne peut plus noble mais surtout inattendue: en effet, Sandrine (Cendrine, encore ‘pire’) n’a rien à voir avec une histoire de cendre, de sandre ou autres mais avec l’aphérèse (4) d’Alexandrine (alek-sandrine) soit le féminin d’Alexandre, dont le célèbre Grand fut le ‘booster’ à travers les siècles.

Or, Aleksandros, en grec, est formé d’un verbe et d’un nom commun; en fin, ‘andros’ renvoie à ce qui illustre l’homme avec un H soit la virilité (bof, là…); mais surtout le début est ‘alexein’ qui signifie…repousser, se défendre (pour protéger les siens ou soi-même). Comme quoi, le sénateur soupçonné eût mieux fait de se renseigner auparavant; au moins étymologiquement!

(1) Même racine que ‘judi-ciaire’, par exemple.

(2) Beaucoup de toponymes (noms de lieux) appelés Josse ou St-Josse, du Pas-de-Calais au Béarn!

(3) Forme anglo-saxonne du mot: Joyce, comme l’écrivain James, irlandais donc d’influence celte!

(4) La suppression du début du mot, voir le lexique en page d’accueil.

NB: Voir aussi en archives, avec une autre étymologie, l’homonyme Josse d’Arnaud Josserand, entraineur de volley (octobre 2011)

Publié le 20 novembre 2023 dans : Le mot du jourCommenter

…qui accompagne si discrètement son président de mari à la fin des années soixante-dix. Le retour à la Une de ce patronyme si…européen a suscité quelques questions; le fait est qu’il débouche sur des liens parfois surprenants: par exemple, Rosalynn Eleanor Smith Carter roule sur la même racine que Dan, sportif sujet d’une chronique en novembre 2015. Il suffit donc de taper, etc…

Mêmes anecdotes sur son nom de jeune fille, Smith :voir l’article sur son homonyme francophone Benjamin (août 2018)

…comme ceux des dernières tempêtes d’octobre, Aline, Bernard ou Céline (vous aviez déjà oublié?), mais le magistral coup de vent de ce début novembre s’appelle Ciaran et pose question à un certain nombre de personnes. Aucune confusion avec Cioran, le philosophe roumain du 20ème siècle (et d’ailleurs, que viendrait faire un patronyme dans la liste?), il s’agit en fait – sur le choix des météorologues anglais et irlandais – d’un ‘prénom-maison’ dans une langue ancienne des îles britanniques.

La langue en question est le gaëlique, en usage dans la zone écossaise, mannoise (de l’île de Man) et surtout irlandaise car c’est la région qui nous intéresse en l’occurence. Parmi les traditions onomastiques (des noms), il y a de nombreuses façons de nommer les humains, par leur lieu de résidence, leur métier, leurs qualités morales (ou pas) et souvent leurs caractéristiques physiques.

C’est le cas de ce ‘ciaran’, formé de deux racines (ciar-an) qui dépeignent une personne aux cheveux noirs ou au poil foncé. Tout comme on trouve, dans la même langue, des Bain ou Ban (blanc), des Glass (gris) ou des Russell (roux), les Ciaran se rapprochent des Donovan (un homme brun) et des Duncan (même couleur, mais pour un guerrier); sauf que Ciran semble plutôt s’attacher à un ‘petit bonhomme à l’air sombre’ (tout à fait la couleur qu’il faut pour notre tempête).

Dernier détail qui embête bien les journalistes, comme d’habitude: faut-il dire ‘siaran’ à la française en faisant normalement siffler le ‘c’ devant un ‘i’; ou plutôt s’en tenir à quelques échos en ‘kiaran’? C’est la seconde solution qui est la bonne, puisque c’est ainsi qu’il est prononcé – et adapté en anglais – avec Kieran (dites quierann), tout comme son équivalent féminin qui est Ciara (Kiera et non Chiara évidemment), y compris en breton d’Armorique où on le trouve en Kerne…

Ce prénom est très populaire en Irlande où il est popularisé par de nombreux artistes et personnalités, dont le compositeur de musiques de films Ciaran Brennan (brennan: l’homme de…la pluie) comme  « Le Dernier des Mohicans » (Michaël Mann, 1992). Apparemment, tous les Ecossais ne s’appellent pas Mac…ni les Irlandais O’…par contre, les Celtes du coin devaient repérer assez facilement un Cioran parmi le peuple, et pas qu’étymologiquement.