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Résultats de recherche pour : requin

Si, c’est un vrai patronyme! Mais ce n’est pas parce que Gérard Lenorman chantait «Gentil Requin» (1976) et France Gall «Bébé Requin» (1967), que tous les squales sont sympas ou qu’ils ont «des dents de lait, des dents nacrées». On imagine que les gens qui portent ce nom pourraient en avoir hérité d’un ancêtre pêcheur de haute mer, “l’édenté de la mer” sans doute…Mais à ce compte-là, pourquoi pas Baleine ou Cachalot?

Peu de noms étant propices à une chronique en ce milieu de juillet (à part Malaisie peut-être, mais tout le monde n’a pas le même sens de l’humour), l’événement de la semaine concerne un squale échoué sur les côtes australiennes. Bon, pas de quoi faire effectivement la Une du ‘Vingt Heures’, mais le grand requin en question jouait en fait une version moderne de la fable de La Fontaine où une grenouille veut se faire aussi grosse qu’un boeuf: en cherchant à avaler un lion de mer (une sorte d’otarie) trop gros pour lui, le redoutable prédateur marin s’est tout simplement…étouffé. Cette fois, c’est lui qui est mort. Paradoxal mais logique, étymologiquement parlant.

…aura permis de détourner temporairement l’attention des incendies mais aussi de rafraichir certaines données sur les effets du dérèglement climatique. Malgré une abondante couverture médiatique toujours habile à entretenir un suspense probablement artificiel mais tellement porteur d’émotion, l’animal a donc dû être expédié vers son paradis blanc, forcément blanc…

Tel est en effet la signification de l’adjectif d’origine russe ‘beluga’ ou ‘belouga’ en version française (on se demande d’ailleurs quelles oreilles ont pu adapter un son originel plus proche de… « bmérou » que de « nouga », mais il est vrai que la terminaison finale ‘fait’ davantage russe). Bref, dans les eaux de l’océan arctique, l’animal est une « blanchette », diminutif bien mal venu pour un cétacé pouvant atteindre cinq mètres de long, mais bon, les Russes parlent aussi de ‘baleine blanche’. Ou de marsouin blanc. Ou de dauphin blanc…et c’est là que ça se complique un peu.

Car, de nos jours, la nomenclature distingue clairement ces différentes espèces, même s’il font bien partie de la même classe. Et si le beluga est russe, le cétacé lui est…grec; autant dire qu’à l’époque, les choses ne sont pas plus simples: en effet, à l’époque, ‘une cétacée’ (en latin, on dira ‘cetacea’ au féminin aussi) est tout simplement…un monstre marin. Les livres de zoologie n’ayant pas encore les idées tout à fait claires sur les différences morphologiques, les Grecs sont encore dans un fantasme maritime qui mêle à la fois le produit de leur pêche et les divinités dangereuses susceptibles de les attaquer en mer (souvenez-vous des sirènes d’Ulysse).

Seule constatation élémentaire: est déclaré ‘kêtos’ (ce qui va donner céta-cé pour nous) tout animal ‘énorme’ qui vit dans l’eau, à savoir les baleines mais aussi…les crocodiles et les hippopotames (pour ceux qui avaient exploré les confins du Nil). Du coup, ce qui est petit est ‘poisson’, ce qui est gros est ‘cétacé’, mammifère ou reptile peu importe. Il y aura même une époque où l’on rajoutera les phoques et les thons! Il faudra attendre le 16ème siècle pour commencer à voir apparaitre une distinction en ‘ordre des mammifères marins’ (ce qui suppose qu’on y était allé voir de près), mais on trouve encore la mention ‘poissons cétacés’ pendant longtemps.

Le surnom le plus surprenant (et de l’époque moderne) est quand même celui de « canari de mer », en raison de la gamme de petits sifflements modulés dont il se sert pour communiquer. Rien d’étonnant à cela, les hommes ont toujours commencé par surnommer ce qu’ils ne connaissaient pas (encore) en comparant le sujet à son équivalent terrestre, comme les « éléphants de mer » (des phoques), les « chiens de mer » (des requins), « les étoiles de mer » (animal carnivore à cinq branches) ou…  « des concombres de mer » (sorte de gros oursin mou sans piquants).

Signalons pour terminer une homophonie (une ressemblance sonore) quasi-parfaite, intéressante d’un point de vue linguistique mais qui n’a aucune chance d’avoir emprunté la même racine, c’est le terme occitan…’beluga’ (belugue ou belougue en français) qui évoque une étincelle ou une lueur. La racine proprement languedocienne du mot est en rapport avec l’idée d’une lumière vive et fulgurante (l’étincelle) mais ressemble également au celte ‘bélos’ qui peut se rapprocher de la clarté de l’aube naissante…L’aube, c’est-à-dire en latin ‘la blancheur’ (du matin), et pourquoi pas comme la couleur de peau du béluga? En tous cas, symboliquement!

…et qui dévorent (très temporairement) la Une des médias. Celui du moment est dû à un rappeur mis en cause dans plusieurs affaires, et pose question à de nombreux lecteurs qui s’interrogent sur la logique de son nom (‘Moha La Squale’) dont chaque partie semble incohérente, non seulement par rapport au milieu (musical) de son propriétaire mais aussi au nom de l’animal, qui est par ailleurs de genre masculin (dans le dictionnaire)…Alors?

Trois énigmes en une donc, que l’on va prendre dans l’ordre et qui s’expliquent de façon très…littéraire. Première étape: le nom en question est un surnom (on dit pseudo, dans le chaud-bizness), notre homme ayant en effet comme état-civil officiel Mohammed Bellhamed. D’où ce ‘Moha’, obtenu par contraction de son prénom (1) grâce à une figure de linguistique assez technique (et néanmoins relativement ordinaire) appelée ‘apocope’.

L’apocope, qui signifie en grec…une amputation par mutilation, consiste donc à couper la fin (la queue?) du mot, pour des raisons diverses, le plus souvent à cause de sa longueur ou, comme ici, pour en faire une sorte de diminutif (ça aurait tout aussi bien pu être…Momo, mais ‘ça le fait’ moins comme nom de scène). Le contraire de l’apocope est ‘l’aphérèse’, d’après un terme de même provenance qui veut dire également couper, raccourcir, mais cette fois du côté du nez, donc à l’avant du mot (Bernard devient…Nanard).

Deuxième étape: La Squale n’est pas le squale, toute la différence venant et du genre de l’article et de la majuscule, lesquelles renvoient au titre d’un film réalisé par Fabrice Génestal en 2000. « La Squale », c’est le surnom d’une fille ‘de la cité’ qui fréquente, à ses risques et périls, le caïd local pour le séduire, une demoiselle au caractère forcément rugueux et peut-être carnivore (au sens figuré, bien sûr) car…

…un squale – au masculin cette fois, même quand c’est une femelle –  c’est ce poisson aux espèces multiples (dont un squale-chagrin!) dont la principale caractéristique est d’avoir une mâchoire tranchante et une peau rugueuse. Dans l’image populaire, c’est le prototype du requin dont le nom est encore plus surprenant (2) et que l’on surnomme aussi ‘chien de mer’.

Or, l’origine de squale (le mot) est tout aussi piquante car il s’agit de l’adjectif latin ‘squalus’ qui qualifie quelque chose d’hérissé et de rugueux comme la peau du requin en question; la preuve, on s’en servira pour polir le bois! (3); ou quelque chose d’aride (un terrain sec et caillouteux), voire d’âpre ou acide (au sens figuré, des commentaires ou une façon de s’exprimer). Comme quoi, on était prévenu: Moha La Squale, qui s’y frotte s’y pique. Y compris étymologiquement.

  1. Mohammed: celui qui rend souvent grâce(s) à Dieu.
  2. Voir la chronique consacrée à ce nom surprenant sur http://www.etymo-logique.com/?s=requin
  3. L’une des variétés s’appelle même le requin-épineux

…pour ‘sortir’ quelques informations qui seront rapidement ‘écrasées’ (c’est le terme utilisé) par les rebondissements probablement durables du coronavirus. Néanmoins, quelques rédactions ont récemment mis en exergue la «rémunération disproportionnée » d’un proche de Laurent Wauquiez (1), on ne saurait débuter trop tôt les futures manoeuvres électorales.

Le langage populaire dit souvent que telle ou telle situation ‘envoie du bois’ pour en exprimer la force; on s’aperçoit une fois de plus que, comme parfois en étymologie, le cas de l’ancien directeur chargé des élections de l’UMP aurait presque tendance à faire un jeu de mots puisque il a un rapport avec…un bûcheron. 

En effet, il ne faut pas chercher au patronyme Sitbon des racines -linguistiquement, bien sûr- françaises: rien à voir avec un ‘site-bon’ (un beau site?) comme certains peuvent le croire (et surtout l’écrire!); l’orthographe serait adaptée d’un mot de l’arabe algérien, que les familles de colons auraient parfois transformé en Setbon voire Chetboul ou même Chetboun lors du retour en France.

A part l’Afrique du nord, il semble que ce mot ait également ‘essaimé’ dans d’autres régions du pourtour méditerranéen (dont le sud de l’Espagne, à la fin du Califat ibérique) mais les Algériens eux-mêmes peinent à identifier en détail les racines du son. Le ‘shitbun’ était-il un abatteur de bois (pas si fréquent dans ce pays), un ramasseur, un vendeur, un négociant? En tous cas, pas d’autre piste que cette fonction -à défaut de métier- tout aussi importante ailleurs.

Le parallèle avec les langues occidentales laisse d’ailleurs perplexe, chacune ayant son mot bien particulier pour désigner un ‘scieur de tronc’: les plus explicites sont sans doute les  peuples du Nord dont les Saxons, avec le ‘hollzfäller’ germain (littéralement, l’abatteur, celui qui fait tomber le bois), tout comme le ‘woodcutter’ anglais (le coupeur) plus généralement qualifié de ‘lumberjack’ (le type qui s’occupe du bois de charpente, avec une notion de poids -le bois, pas le type). Plus précis encore est le ‘houthakker » néerlandais (celui qui taille à la hache).

Mais le plus souvent, il est sous-entendu qu’il s’agit bien de bois de chauffage, comme pour le ‘lenador’ espagnol ou le ‘boscaïolo’ (le pizzaïolo du bosquet) italien; bref, les Sitbon ont toutes les raisons de (ne pas) faire long feu (2) avec un sujet qui risque, forcément, de devenir brûlant au fil du temps.

(Mal?)heureusement, il ne faut jamais écarter un clin d’oeil de l’état-civil, et notre homme se prénomme Ange, divine prédestination pour tout homme qui se sentirait pousser des ailes, quel que soit son ciel. Aucun commentaire supplémentaire donc, d’autant qu’à l’origine, le mot n’a rien à voir avec un blondinet emplumé -avec ou sans trompette- suspendu au-dessus de la crèche…

Sauf peut-être du côté de la trompette puisque l’instrument suggère qu’il a quelque chose à dire, illustration exacte de la racine étymologique grecque ‘angelos’ (en fait ‘aggelos’) qui signifie annoncer, par exemple à une vierge qu’elle attend un enfant par l’opération du St-Esprit (3). Les anges ne sont donc pas des créatures chargées de chuchoter à l’oreille des terriens mais des hérauts, des porteurs de nouvelles, traduction précise cette fois du mot originel hébreu: le messager. On retrouve la même idée dans ‘ev-ange-ile’, avec le préfixe grec ‘ev-ou eu-‘ qui veut dire bien ou bon; un Evangile, c’est donc la Bonne Nouvelle, annoncée comme telle dans le rite chrétien.

J’en profite pour signaler deux Ange (parmi d’autres) auxquels on ne donnerait franchement pas le bon dieu sans confession. N’ayant pas encore envie d’être interdit de séjour en Corse, je ne parlerai pas de célébrités locales aux activités discutables mais de celle qui proclamait haut et fort « Je ne suis pas ange » (4), la plantureuse et très sensuelle actrice Mae West (1893-1980), qui exigeait, en pleine Amérique puritaine des années 1940, d’être entourée de sportifs à demi-nus dans chacun de ses films, comme quoi, contrairement à ce que l’on raconte, les anges ont bien un (beau) sexe  (5).

L’autre ange que j’ai choisi est un animal, une variété -importante- de squales appelée ‘anges de mer’, dont la présence annonce rarement une bonne nouvelle, soit dit sans offenser le-dit requin, ce qui m’interdit à nouveau de penser à mal si je veux éviter de vous suggérer des indélicatesses sur les milieux politiques.

Manque de chance: on découvre que c’est la présence -temporaire- de ces poissons dans la rade de Nice qui aurait donné son nom à la fameuse ‘Baie des Anges’ (rien à voir avec Los Angelès donc), autrement dit, étymologiquement, le coin des requins. Aïe, aïe…

(1) Voir également son article en tapant le nom dans le champ de recherche en haut à droite de cette page.

(2) Polémique éternelle -et académique- au sujet de cette expression qui concerne non pas la combustion des flammes du camp mais une arme qui tarde à se déclencher. ‘Faire long feu’ signifie donc durer longtemps ou son contraire, selon la lecture que vous ferez des nombreuses pages en ligne à votre disposition.

(3) Désolé, mais c’est sans doute la seule occasion d’utiliser l’expression en toute objectivité!

(4) Film américain de Wesley Ruggles (1933)

(5) Dans le reste de sa filmographie: « Nuit après nuit », ou « Ce n’est pas un péché », sans compter son dernier « Sextette » (1980)!