Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…en tous cas l’impression générale des médias français (et autres) à la lecture, qui aura été très floue, des premiers résultats du vote destiné à élire le successeur de D. Trump. Le mot est commun pour le citoyen français; il l’est moins pour beaucoup de nos amis francophones à travers le monde, de plus en plus présents dans les statistiques de fréquentation de ce blog (1).

Mais au fait, même si vous êtes né(e) à Romorantin (41), St Palais (64) ou La Bocca (06), savez-vous qu’à l’origine, le bazar n’avait pas du tout cette connotation de…’bordel’, qui définit si bien l’ambiance électorale américaine (ou sanitaire française) actuelle? Comme un certain -grand- nombre de mots français d’origine arabe, tel que ‘hasard’ (2), le bazar, autant d’un point de vue phonétique que linguistique, prend ses racines dans un Orient plutôt Moyen, d’après un ‘bâzââr’ arabe et même plus précisément perse.

Sans entrer dans trop de complications sémantiques, on a affaire, à l’origine, à un ‘bathzar’ qui arrive en Europe occidentale vers le 15ème siècle, d’abord timidement (pas d’Airbus Ankara-Paris) puis plus fréquemment au cours des siècles suivants, depuis la période des grandes modes orientalistes (« Le Bourgeois gentilhomme » de Molière, « Les Lettres Persanes » de Montesquieu, entre autres) jusqu’aux musiques de Mozart, Rossini, etc…

Ce futur bazar est encore bien rangé puisqu’il désigne alors un marché, non pas encore une halle avec ses boxes fleuriste-charcuterie-légumes bio, mais des étals à ciel ouvert (évidemment), sur une esplanade, un forum ou un carré où l’on vend principalement des étoffes et des accessoires, voire des bijoux…Ce n’est qu’au début du 18ème siècle que le bazar devient couvert, principalement à l’imitation de commerçants londoniens qui ont l’idée de regrouper plusieurs types de produits sous un même toit.

Avant de devenir une belle galerie marchande avec parfois avec des boutiques chics, ces premiers bazars, d’ailleurs souvent appelés ‘Grand Bazar’, vont donc être une sorte de foire(fouille) aux marchandises de relative (voire mauvaise) qualité, d’où le sens fourre-tout ou de ‘grand n’importe quoi’, le tout à des prix le plus bas possible.

Comme il n’est pas facile de remettre en ordre les étalages en permanence labourés par les client(e)s, le bazar va alors devenir un fourbi (3), voire un souk (sic), pour ne pas dire un…bataclan (4). Vous avez encore le choix avec un foutoir, un bric-à-brac ou un capharnaüm (re-sic); plus un certain nombre de termes propres aux militaires, dont le barda, le toutim, ou le fourniment pour le plus distingué.

Finalement, les seuls bazars bien en ordre seront célèbres pour des raisons commerciales (le Bazar de l’Hôtel de Ville), humanitaires (à l’origine, le Bazar de la Charité) ou…artistiques (le Big Bazar du chanteur Michel Fugain). Mais je ne voudrais pas mettre la pagaille dans votre esprit. Sauf étymologiquement!

(1) Hello Great-Britain, and…United States!

(2) « Al-zahr », devenu az-zahr’ puis hazar(d), désigne le jeu de dés; donc, par extension, ce qui arrive sur un coup…du sort. Voir aussi la chronique sur…le footballeur Eden (janvier 2011).

(3) A l’époque de Rabelais, le ‘fourby’ est un jeu de cartes où la confusion était destiné à perturber l’adversaire (une sorte de bonneteau). 

(4) Voir les deux articles consacrés à la salle de spectacle parisienne (novembre 2016, puis juin 2020)

…de l’état de contamination de la France, au sujet d’un virus que sa position scientifique autorise à intervenir sur les médias. Beaucoup de voix se sont élevées, plus ou moins clairement, pour prendre la parole à ce sujet; or, avec lui, on espère que ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt, un arbre qui, de plus, a peut-être la ‘recette’ pour vaincre la pandémie. Au moins étymologiquement!

Les plus fidèles d’entre vous auront sans doute déjà analysé la composition de ce nom, formé de l’ancienne forme de l’article contracté ‘del’ (de-le, conservé dans certaines langues, comme l’espagnol par exemple), suivi de la racine…d’un arbre nommé ‘fraissy’, l’une des (très) nombreuses variantes issues du mot latin ‘fraxinus’, soit le frêne en français. 

‘De-le-frêne’ (peut-être même au pluriel d’ailleurs, à l’origine) indique donc, comme des dizaines d’autres, le surnom d’un ancêtre désigné par la végétation caractéristique qui l’entourait; on imagine -depuis que l’étymologie existe comme ‘science’- qu’il s’agissait en général d’un arbre caractéristique de son environnement, soit unique (un pin ou un sapin, comme l’ex-ministre  de l’Economie et des Finances, Michel), soit en formation forestière (Duchesnay, pour du-bois-de-chênes; Delaunay, pour de l’aulnaie; Lafaye, pour une plantation de hêtres (fagus/fayus, en latin) ou encore Boulay,* pour la plantation de bouleaux). Même régime pour les Delaverne (l’ancien nom du noisetier) ou les Dutil(h), amateurs du tilleul…   

Bref, on a donc affaire ici à un toponyme, un nom de lieu qui décrit, via un détail particulier, les caractéristiques d’un lieu. Il faut croire d’ailleurs que nos régions étaient bien couvertes, puisque, outre les Delfraissy, ont poussé également les familles tout simplement Fraysse, suivies du diminutif Frayssinet (ou Fraissinet, et même Fraucinet, selon le parler local). 

Du coup, on a également des formes simples en Fraisse, Fresson (comme l’acteur Bernard) ou Fressonnet (re-diminutif), sans oublier quelques Fraissard ou Fressard berrichons, à la sonorité généralement plus péjorative…Dans la catégorie ‘compliqués’, et pas forcément ‘évidents’ à première vue, il y a des Freixes, Freixas ou Freixinos qui, comme Frèche (Georges*) ou Frichou, ont hérité du son occitan de ‘Fouach’, en français Foix* (Ariège).

On aurait dû commencer d’ailleurs par les plus faciles, qu’il est maintenant à peine besoin de citer, les Dufresne (comme l’homme de radio Claude) ou les Fresnay (comme l’acteur Pierre)…Quant à ma ‘recette’ à base de frêne(s), elle s’appuie sur l’histoire quasi-magique de cette essence d’arbre qui fut, pendant des siècles, le symbole d’un pouvoir magique: depuis les Grecs, on disait qu’une décoction de feuilles de frêne (n’essayez pas de faire ça à la maison!) pouvait venir à bout du venin des serpents.

Dans la mythologie scandinave, en plus de servir comme matériau principal aux flèches les plus ‘efficaces’, il était aussi la marque de la solidité, de la persévérance et de la maîtrise de soi. Avec tout ça, un Delfraissy devrait bien arriver à nous concocter un vaccin apte à contrôler la situation! Etymologiquement, bien sûr.

PS: dès la mise en ligne de cet article, plusieurs messages me demandent si ce nom a un rapport avec…les fraises (fraisses?). Bien sûr que non, sauf, comme disent les jaloux, à lui reprocher de ramener la sienne trop souvent sur les plateaux télé…

(*) voir d’autres détails adjoints dans leur article respectif, en tapant le nom en haut à droite de cette page.

…s’il avait connu le coronavirus. A défaut de bout de sein, de nombril ou de chute de reins qui, en diverses époques, firent régulièrement scandale, voilà que c’est maintenant un appendice nasal impudique qui fait l’objet de débats pour le moins démasqués. A l’image du sein provocateur (Molière ou Mariah Carey, même combat), faut-il empêcher nos trous de pointer leur nez?

Ceux qui portent correctement l’indispensable préservatif à postillons doivent en effet se couvrir la bouche et le nez, afin d’assurer le maximum de protection; d’autres, par esprit de contradiction, refus de la contrainte administrative, idéologie libertaire ou peut-être dévotion particulière à Cyrano de Bergerac, ne sauraient tolérer plus longtemps que quelques minutes cet insupportable triangle de tissu, au risque de se trouver nez-à-nez avec l’insaisissable virus. Mais, au fait, d’où vient ce ‘nez’?

Petit mot mais (parfois) grand appendice, il est au centre du visage certes, mais aussi du dictionnaire de l’Empire romain. Même si ça ne se voit pas comme le nez au milieu de la figure, on peut dire sans se tromper qu’il s’agit d’une racine complètement ‘nase’ qui…coule directement du mot latin ‘nasus’. Nasus va, en effet, donner tout ce qui a un rapport avec l’organe de l’odorat, soit nase, justement (l’ancienne orthographe), donc nasal (du nez, ou dans le nez), naseau-x (le nez du cheval), nasique (le singe à long nez); puis, avec une alternance N/R facile (les doigts dans le nez), narine, le conduit qui amène l’air au nez, généralement par deux voies simultanées (sauf rhume).

Et, pour une des rares fois, ce ‘nasus’ va mettre son nez partout en Europe, y compris chez les peuples germains, habituellement peu inspirés (ni respirés) par le vocabulaire méditerranéen. La preuve: on dit nez en français, ‘nose’ en anglais, ‘nase’ en allemand, ‘nariz’ en espagnol et en portugais, ‘naso’ en italien, ‘neus’ en néerlandais, ‘nos’ en polonais, et même ‘nas’ en roumain…Pas besoin d’avoir beaucoup de flair pour constater que tous tournent autour du son ’n-s’ venu de Rome.

Prenons donc l’écouvillon (1) de l’étymologie, pour retirer tout ce que ce nez a pu (re)sentir comme connotations: tout au début, il s’agissait de désigner l’organe du…ronflement (comme quoi, les Romains ne dormaient sans doute pas la bouche ouverte). Puis vint le ‘siège de la colère’ (quand on a son voisin dans le nez?); et enfin tout ce qui concerne l’odeur, des fleurs, des égouts ou de sainteté, puisque le sens figuré va très vite apparaitre.

Le nez devient en effet ce qui permet la finesse du goût (2), donc le talent ou la qualité de celui qui sait apprécier les choses ‘fines’, tant sur un plan gustatif…qu’intellectuel. Voilà pourquoi un enquêteur qui ‘a du nez’ va savoir humer l’air du temps ou de la scène de crime pour trouver des indices; tout comme un producteur qui saura dénicher le tube de l’été avant les autres. Même avantage nasal si vous pouvez estimer quelque chose ‘à vue de nez’ (a-priori pas si loin que ça).

Côté nez-qui-coule, on n’est pas toujours content de tomber nez-à-nez, donc, avec quelqu’un d’inattendu (y compris sans masque), surtout si vous piquez du nez devant lui (ou elle), par honte ou par timidité. Ou fatigue!…Pour finir, je ne voudrais pas vous claquer la porte au nez, mais il fallait bien finir par moucher cette chronique, ça me pendait au nez.

  1. voir l’article de mars 2020 en tapant le mot dans le champ de recherche.
  2. Petit rappel physiologique: avec le nez, en fait on ne ‘sent’ rien; c’est juste l’air qui entre par les narines qui stimule les récepteurs de la bouche (et de la langue); ce qui permet de humer un vin, ou…de ‘ne rien sentir’ si vous vous pincez le nez (au-dessus de ce que vous voulez).

…le mot du moment risque fort d’être ce terme que nos plus Anciens entendent encore résonner comme l’annonce imminente d’un danger, en tous cas comme une mesure de protection destinée à faire le…’black-out’ pour éviter de se faire remarquer par l’ennemi. Il est donc temps de mettre en lumière, ou plutôt de faire un ‘focus’ sur ce couvre-feu, y compris étymologiquement!

C’est en effet le mot latin ‘focus’ qui a fait feu – quasiment de tout bois – dans la langue française, laquelle n’utilisait à l’origine que le terme ‘ignis’ pour désigner les flammes; la preuve, ce qui résiste au feu se dit ‘igni-fugé’ (entre autres). D’ailleurs, la racine originelle avait d’abord évolué, plus logiquement d’un point de vue linguistique, en ‘foyus’ puis…foyer, définition première d’un ‘feu’.

Vous pouvez vous l’imaginer comme le rassemblement d’un groupe de primates autour d’une bûche préhistorique ou, plus réalistement, comme une famille, sens que prendra le mot à la fin de l’Empire romain pour désigner un regroupement autour d’un foyer qui deviendra un jour fiscal; le mot est d’ailleurs éloquent.

On est alors encore loin de la cuisinière à quatre-feux qui réjouira les ménagères du milieu du XXème siècle à la sortie d’une guerre à couvre-feu, et plus encore du coup de projecteur (la lumière du feu) que les médias modernes mettent sur un sujet en faisant un ‘focus’, qui revient finalement au mot initial!

Plus intéressant encore est le ‘couvercle’ que l’on pose plus ou moins fermement sur la-casserole-sur-le-feu, ou le voile dont on …couvre l’ampoule de la chambre tout en tirant les rideaux, geste(s) délicat(s) qui ne représentent absolument pas leur racine.

‘Couvrir’ est en effet une transformation (certes, apparemment un peu cahotique) du verbe latin…’cooperire’ qui, malgré les apparences, n’a rien de commun avec ‘coopérer’, au contraire. Pour un Romain, cela veut dire re-couvrir, pour ne pas dire submerger ou étouffer, sens très fort qui représente aussi bien un fleuve ou une rivière qui sortent de leur lit et donc inondent toute une vallée, qu’un geste de lapidation qui doit entièrement écraser un condamné!

Heureusement, à partir du 11ème siècle, le poids de la couverture va s’alléger progressivement, d’où petit à petit le sens de couvrir pour protéger, depuis le revêtement du toit de la maison posé par un ‘couvreur’, jusqu’au ‘couvre-chef’ qui permet de se dé-couvrir devant les dames.

Entre-temps, on aura découvert le couvre-lit et le couvre-plat, toutes choses bien utiles quand on doit supporter un couvre-feu…Notez au passage que, théoriquement aussi bien que politiquement, on n’aime pas trop multiplier les couvre…feu; ou feux ?  Pour ‘couvre’, pas de problème, on ne met jamais de ’s’ à un verbe conjugué; pour le feu, l’Académie le considère comme unique et invariable, mais le ‘x’ est toléré. Surtout s’il l’on a plusieurs familles (foyers) à protéger, sans doute.

Quant au ‘feu’ dont l’enveloppe vous brûle les doigts à la vue d’un avis de décès, il n’a rien à voir avec les flammes, même de l’enfer ou si vous avez opté pour la crémation. Ce ‘feu’ (ou feue)-là vient d’un autre mot latin qui est ‘fatum’, le destin; l’adjectif qualifie donc ‘celui ou celle qui a accompli son destin’ (donc qui est mort-e). Mais je ne pense pas que ce soit pour vous une découverte. Sauf peut-être étymologiquement.

…et le moins protégé -disent certains- car ancienne adresse de Charlie Hebdo. Le nom qui figure sur la plaque de cette voie du 11ème arrondissement aura également permis de révéler à beaucoup le nom de cet ‘inventeur de la conserve’. En fait, rien à voir avec le contenu de la boite mais avec son principe de stérilisation (par la chaleur), une véritable ouverture technologique. Y compris étymologiquement!

Appert ou Appart (aucun lien avec votre logement), souvent créés à la suite de la forme originelle Apert ou Apart, sont des patronymes dont la souche géographique est principalement localisée dans le Centre-Est de la France, ainsi qu’en Picardie. Avant de subir une influence germanique avec ce suffixe ‘-ert’, la racine ‘app-‘ est directement issue du verbe latin ‘aperire’ qui signifie ouvrir.

Curieusement, même à l’époque dite ‘classique’, on trouve peu de sens ‘propres’ à ce mot; il n’est donc pas encore question de tirer sur la languette de métal pour faite péter la canette, même si le mot est souvent associé à…une porte. Comme le disait très justement Alfred (de Musset) dans le titre de l’une de ses pièces, «Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée »; sauf que, pour un Romain, il était le plus souvent question du sens figuré.

Avoir sa porte ouverte (ou des Journées Portes Ouvertes), c’est surtout un symbole d’accueil et…d’ouverture (intellectuelle, voire commerciale); tout comme avoir le coeur ouvert, ou être ouvert d’esprit, tout cela va amener petit à petit à l’idée d’une qualité de clarté ou de simplicité (pour les choses ou les situations) et de droiture ou d’honnêteté (pour les humains).

Dès le Moyen-Age français, les Appert sont synonymes de franchise et de raison, donc finalement d’intelligence. Voilà qui tombe très bien – au moins symboliquement- pour quelqu’un qui a dû se battre contre l’obscurantisme de l’époque, allant jusqu’à offrir sa découverte à l’Etat français « pour le bien de l’Humanité », avant d’être spolié de tout droit par des exploitants anglais qui auront l’idée de mettre la nourriture dans du fer blanc (et non plus dans du verre, première idée de M.Appert qui n’avait de toutes façons rien d’autre sous la main à l’époque). 

Finalement, un demi-siècle avant la ‘pasteurisation’ (inventée par qui vous savez), le brave Nicolas aura non seulement ouvert la voie aux industriels de la conserve mais aussi au repas des consommateurs, puisque le même verbe latin (qui s’écrivait donc avec un seul’p’) a également permis de former le mot…apéritif, littéralement le grignotage chargé…d’ouvrir l’appétit!