Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…profitons du calme (momentané) pour remonter aux racines d’un des visages les plus familiers des médias, celui qui vous prouve tous les soirs à 20 heures qu’on peut se passer de coiffeur ou de laque pour apparaitre sous les ventilateurs d’un plateau télé (1), en trois mèches pointues comme des piquants…Y compris étymologiquement!

Les plus réguliers lecteurs de ce blog auront déjà deviné qu’il s’agit là d’une ‘agglutination’ de trois mots assez clairement compréhensibles dès l’articulation, Delahousse étant très facilement le rapprochement de ‘de-la-housse’; il s’agit donc d’un nom dit de provenance, le ‘de’ suppose qu’un ancêtre venait précisément d’un endroit, en l’occurence une ‘housse’.

Première remarque, rien à voir avec l’emballage de votre couette de lit ou le plastic qui protège votre manteau de fourrure (synthétique, bien sûr) d’une saison à l’autre. Cette housse-là vient d’une très ancien mot du vocabulaire guerrier…néerlandais, un ‘hulftes’ qui désignait un étui pour flèches. Au fil du temps, le ‘concept’ s’est élargi pour s’appliquer à un fourreau (de couteau ou d’épée) puis, de façon très générale, à tout emballage un tant soit peu manufacturé.

Pas question d’enfermer notre Laurent donc dans autre chose qu’une ‘housse’ certes homonyme, mais la version francophone est en fait la forme première d’une ‘houssaie’, soit très clairement le domaine où abondent (éventuellement où l’on plante) les houx. Tout comme roseraie, palmeraie ou bambouseraie, il s’agit donc d’un patronyme de végétation. Il est vrai est que, très souvent, la…racine de nombreux noms est celle d’un arbre (sapin, bouleau, hêtre, chêne et autres pour les Sapin, Bouleau, Lafaye, Duchesnay, etc), mais cette fois il s’agit donc d’une allusion à une zone végétale ou à un domaine particulièrement fourni en arbustes piquants à petites boules rouges. 

Selon les régions de France, en plus du Nord dont est natif le présentateur (Pas-de-Calais), on trouve des Lahousse, Lahoussière (2), Delahouse, Delahoussaie, ou même Delahoussé, ce qui ne change rien à l’identification ou à la compréhension du son donc du mot…Attention: quelques rares Houssiaux, qui semblent proches phonétiquement, renvoient cette fois à un quasi-homonyme du Moyen-Age qui concernait les jambières ou les chausses, les pantalons de l’époque (3)…

Mais le houx le plus célèbre se trouve depuis un siècle et demi sur une colline de Californie car, contrairement à la (grossière) erreur communément admise comme légende, les hauteurs naturellement plantées de ronces à l’arrivée des futurs rois du cinéma mondial ne sont pas un ‘holy wood’ (un bois ‘sacré’ au sens de magique ou heureux) mais bien un ‘holly wood’ très terre-à-terre, avec deux L dont l’un s’est transformé en voyelle ‘u’, ce qui veut bien dire un bois (bosquet) de houx. Surtout étymologiquement!

(1) Plus sérieusement, le procès ‘de Trèbes’ permet de rappeler la mémoire du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, dont l’analyse (surprenante) du nom est présente dans ces archives depuis mars 2018. Tapez le mot dans le champ de recherche…

(2) Cette fois, probablement davantage dirigé vers la nature du terrain lui-même, comme pour les Dutaillis, les Dubuisson ou les Deronceray.

(3) Probablement encore un dérivé de sens d’un « étui pour cuisses »…

…dans le dernier gouvernement Borne, présent à nouveau dans le premier gouvernement Attal, nombreux sont ceux qui pensent découvrir aujourd’hui ce ‘jeune homme’ (1) qui prend une parole souvent vibrante sur les plateaux télé mais qui n’est pas un novice: avant d’être confirmé au très risqué ministère de l’Agriculture du moment, l’homme avait présidé le groupe du Modem à l’Assemblée nationale puis assuré les déjà délicates Relations avec le Parlement. Bref, ce n’est peut-être pas encore un chêne en politique mais sûrement en étymologie…

Ce ‘fesneau’ a effectivement pour origine un nom commun de l’ancien-français dont il porte encore la marque de l’influence latine avec un ’s’; vous aurez compris facilement qu’on peut donc trouver l’orthographe plus ‘moderne’ de Féneau, l’accent sur le ‘e’ témoignant d’une élision (la suppression) du ‘s’…On s’approche encore plus de la racine réelle en s’appuyant sur la forme qui a précédé, soit un ‘faisneau’ qui a donné (avec le même phénomène) le mot ‘faîne’ (faine, est également autorisé) en français, c’est-à-dire le fruit du hêtre.

D’ailleurs, avant faine et faîne (forestier/forêt, arrestation/arrêt, festif/fête), il y a même eu au 12ème siècle une étape en ‘faïne’, le tréma représentant alors la contraction du latin ‘fagina’, le nom de l’arbre en latin…Manque de chance, à cause d’une grosse équivoque, la faine – le produit de l’arbre – se présente sous la forme d’une petite coque qui évoque une…châtaigne, ce qui fait que dans l’Antiquité, les Grecs qui ne connaissaient pas le hêtre dans leurs régions, désignaient par le mot ‘phagos’ (fagos) le…chêne, forcément à glands, qui plus est d’une variété comestible (2)! 

Petit récapitulatif : le mot du chêne grec qui porte des glands (phagos) a été récupéré par les Latins qui l’ont appliqué ‘abusivement’ au hêtre qui porte des coques (fagos>fagus), devenant ainsi ‘fagina’ (3). Au cours de la période gallo-romaine, le latin dit vulgaire (commun) a fait entrer ce mot dans le répertoire gaulois en devenir, qui l’a transformé en ‘faïn’, puis ‘faisne et enfin faine, créant au passage des Faisneau et des Fesneau, surnoms devenus patronymes par métonymie, dans ce cas par transfert d’un élément de l’environnement (un hêtre particulièrement remarquable dans la propriété ou un bois de hêtres, carrément).

Notez que quelques familles Feneau (sans le ’s’, ce qui change tout justement) viennent, elles, non pas d’un arbre mais d’une herbe puisque le nom découle directement du latin ‘fenum’ qui a donné…foin (4) en français. Bon, rien n’empêche Marc de faire parfois du foin en réunion, mais ce qui est sûr c‘est que cet homme n’a rien d’un gland(eur), sauf étymologiquement!

(1) né en 1971 quand même…

(2) le ‘quercus esculus’ pour les fanas de la branche.

(3) les noms d’arbres sont toujours féminins en latin car perçus comme produits de la déesse Nature.

(4) et même ‘fenouil’, transformation du diminutif ‘feniculum’ (le petit foin de la terre. Ah, ces Romains!)

…mais pas forcément déjà de son nom car quasiment éclipsé au moment du concours par un faux-débat sur la longueur de la crinière exigible sur une Miss France. Notre nouvelle reine de beauté s’est d’ailleurs sortie de nombreux pièges avec brio et pugnacité sur les plateaux de télévision, la représentante de la région Pas-de-Calais étant plutôt un exemple de combattivité voire de colère, en tout cas étymologiquement!

L’histoire linguistique de ce doux mot d’une syllabe et qui semble presque aérien est en effet très inattendu (accrochez-vous): tout commence en effet par un mot grec (aïguis, pour approcher au mieux le son), lequel désigne…une tempête. Or, dans l’inconscient mythologique grec, qui représente le mieux la tempête, c’est la foudre…la foudre? Le symbole et l’outil préféré du maitre des dieux, Zeus. Et l’arme défensive de Zeus, c’est un bouclier en peau de chèvre (1) qui lui sert également pour terroriser le monde des ténèbres car le capot poilu en question est hérissé de piquants, bordé de serpents et orné en son centre de la tête de la terrible Méduse….

Toujours est-il que le mot ‘chèvre’ va rester (ac)collé à l’objet redoutable pour faire le diminutif ‘aïguidionn’ – le chevreau -, lequel donnera en français ‘egide’, le bouclier (fictif) de protection sous la lequel on se place ou dont on se réclame dans une situation d’ailleurs pas forcément dramatique (plutôt du piston en vue)…Suite de la métamorphose: les Romains vont récupérer le son et créer le prénom Egidius, qui sera à son tour abrégé en Eggius. Dernier soubresaut: c’est la fin du mot qui sera retenue cette fois, le -gius restant devenant finalement…gillius en gallo-romain puis gilles en français!

Le terme semble apparaitre sous forme de prénom usuel vers le 7ème siècle, sous…l’égide d’un moine nommé Aegidius, forme originelle qui explique l’existence de nombreuses versions proches, comme Egidius en néerlandais, Egidu en corse, Egidio en espagnol et en portugais, Egidiusz en polonais; la ’bascule’ arrive par l’intermédiaire de l’occitan Gèli (2) qui ouvre la porte aux Gil, Gile et Gillian anglais puis aux Gil et Gilles français (3).

Hélas, il y a un Gilles un peu encombrant dans la famille, c’est celui qui va perdre sa majuscule pour dénommer une sorte de bouffon, un personnage de foire un peu fantasque parfois rusé parfois plus naïf selon les régions, ce qui permettra de créer l’expression « faire le gilles » pour dire à quelqu’un qu’il se comporte comme un imbécile.

Les gens du nord de la France et de la Belgique savent bien pourtant que leurs Gilles à eux sont bien plus sympathiques avec leur costume orange et rouge puisqu’ils défilent dans les rues en dansant toutes plumes d’autruche et clochettes dehors chaque année pour le carnaval. Un accoutrement tout à fait impensable en comparaison de la tenue…d’Eve pour son élection, sauf du coup étymologiquement!

(1) la chèvre Amalthée, qui donnera aussi l’une de ses cornes pour devenir « d’Abondance »… 

(2) Jili en breton.

(3) Quand ils ne sont pas considérés comme prénom, les Gilles ont des patronymes diminutifs en Gillet ou Gillot.

…et un certain nombre de lecteurs ont remarqué qu’il n’avait pas un patronyme spécialement ‘marqué scandinave’. Forcément, car peut-être avez-vous entendu au passage d’une émission que le successeur de Margrethe est d’ascendance…française, son père Henri (devenu Henrik, heureusement très fréquent dans son pays d’adoption) étant de souche béarnaise.

Le diplomate Henri Laborde de Montpezat devenu prince consort par son mariage a en effet des aïeux landais et béarnais. Parmi les  anciens lieux de vie et propriétés de la lignée dans l’Histoire, figure donc un Montpezat, nom de lieu servant à identifier et les personnes et leur(s) domaine(s), et de toutes façons leur provenance.

Provenance fictive ou pas d’ailleurs; il y a une Marie de Médicis ou un Cyrano de Bergerac, une Marguerite (de) Duras (47) ou un Charles de Batz de Castelmore dit d’Artagnan, etc…(1); bref, comme de très nombreuses personnes identifiées puis surnommées par leur lieu de naissance, de vie ou de résidence, notre homme bénéficie d’un – ou même de deux – racines linguistiques très connues:

A commencer par ce très fréquent ‘mons’ d’origine latine, celui qui va s’accorder à un adjectif très qualificatif du coup, pour faire une foule de composés désignés par une…colline au sens  où on l’entendait le plus souvent dans les campagnes françaises. En dehors des ‘vrais’ massifs montagneux, le terme s’appliquait aussi bien à une élévation de terrain arrondi qu’à un promontoire rocheux, tous pouvant servir de refuge en cas d’attaque des ennemis.

C’est ainsi que l’on trouve dans plusieurs départements des Montségur, ‘mons-securus’ la colline (sur laquelle on se replie pour être en) sécur-ité; des Montagut ou Montégut, un endroit ‘aigu’ autant dire cette fois un rocher pointu; des Montfort, au sens de résistant donc sûr encore…au contraire d’un Montesquieu, ‘esquiou’ en gascon c’est-à-dire farouche, compliqué à escalader; le meilleur de tous étant un Montastruc ou Montestrucq, ‘astruc’ étant synonyme de favorable, facile. Ou encore le…Montauban (mons-albanus, de albus, blanc en latin) en général une colline plantée de bouleaux dont l’envers blanc des feuilles sous le vent donnait cette impression de couleur…

Terminons donc par ce Montpezat plus énigmatique car construit sur un mot occitan (pezat), francisation médiévale du latin ‘pedatus’ dont vous devinez peut-être qu’elle a un rapport avec les…pieds (pédestre, pédicure, etc). Au sens figuré, un endroit « qui a des pieds », c’est qu’il est bien…planté, surtout si ce sont les remparts sur la colline, autant dire muni de fortifications.

Chez les Montpezat (d’Agenais, du Quercy ou d’ailleurs), on est donc à l’abri des attaques en protégeant… « la borde », terme générique qui désigne en langue(s) d’oc tout bâtiment d’habitation, en général ce que nous appelons aujourd’hui une ferme. Bon, ça sonne localement un peu moins aristocratique que ‘de Montpezat’ mais, sait-on jamais, c’était peut-être le futur château de sa Majesté. Au moins étymologiquement.   

(1) Et encore un Panzani (oui, les pâtes), fabricant poitevin depuis 1947 originaire du village de Panzano-in-Chianti, Toscane, Italie!

…la porte-parole strasbourgeoise (de naissance uniquement) porte un nom très francophone mais qui n’est pas forcément immédiatement accessible sans un petit effort de recherche. Aucun rapport avec l’Alsace déjà, si ce n’est sa venue au monde; la souche principale du patronyme se situerait davantage dans le bassin de la Saône (Bourgogne, Franche-Comté); ça, c’est pour l’étymologie. 

Mais, question généalogie, on pourrait presque parler de nom de famille ‘métropolitain’, en tous cas à l’époque où des Thévenot se sont embarqués pour ce qui était très temporairement « l’Ile de France » (1717-1814), caillou flottant au large sud-est de l’Afrique et devenu aujourd’hui Mauritius (en v.o…néerlandaise, baptisée juste avant le passage des Français). Mais, comme c’est l’origine et le sens des racines qui vous intéressent, avez-vous profité de cette petite introduction détournée pour trouver la véritable évolution du mot? 

Certains s’y sont essayés (sans aller chercher bien loin) et répandent sur les réseaux l’idée que ‘thévenot’ est un avatar du terme germanique ‘theudebald’ (ou théobald, en ancien-français), qui signifierait audacieux…Erreur, très grande erreur, aucune loi de l’étymologie n’aurait permis ce tour de force qui s’avère être bien plus simple que cela :

‘Thévenot’ – écrivons-le phonétiquement ‘tévenot’ – est le résultat d’une très classique ‘aphérèse’ (1), habitude linguistique de certains parlers pour abréger un mot ou le mettre ‘à la sauce’ locale. La lettre la plus ‘fragile’ de l’alphabet pour ce genre d’opération étant la voyelle ‘e’, il s’agit en fait d’un ancien ‘Estevenot et, comme les Thévenin ou Thévenet, tous trois sont des diminutifs (la terminaison -ot ou -et) d’un Estève qui vous devient beaucoup plus familier, surtout si vous habitez en zone de langue d’oc.

Deuxième stade de la transformation: on remonte au terme grec initial, où le ‘v’ gaulois était en fait un ‘ph’ (comme il a subsisté dans le bien-nommé St-Estèphe du Médoc viticole); les Grecs n’ayant pas besoin de ce ‘e’ initial, le mot est donc ‘stephanos’ (le futur Stéphane tout court) qui a à voir avec une histoire de couronne (2), accessoire à l’époque totalement étranger à la galette (et des rois) mais indispensable au…sport!

En effet, LA couronne à la mode en ces temps olympiques est celle des athlètes vainqueurs des Jeux (puis de n’importe quelle discipline d’ailleurs), symbole repris plus tard par les Romains pour décorer le front des valeureux (empereurs) militaires. L’objet n’est donc ni en carton découpé ni en métal incrusté mais formé de deux brins de lauriers (3) entre-croisés. 

En foi de quoi, après une dernière alternance de prononciation entre les consonnes proches ‘ph-f/v’, les Stéphane, Steve (version contractée anglo-saxonne), Steph (version vulgaire), Estèphe, Estève…ou (S)Thévenot, Théveneau voire Thouvenin viennent bien de la même racine (si j’ose dire pour des brins de laurier).

N’oublions de dire un mot de son prénom Prisca (et non pas Crispa, comme certains commentateurs ont commencé à jouer avec), adaptation fidèle de l’adjectif latin homonyme (priscus, au masculin) qui signifie ancien. Ancien mais pas vieux, plutôt au sens de quelque chose ou quelqu’un que l’on connait mais que l’on n’arrive pas à retrouver, ce qui ne sera certainement pas le cas de la mémoire de Prisca Thévenot.

Terminons par deux ‘curiosités de l’Histoire: d’une part le diminutif du prénom, un Priscilla qui aura un certain succès dès le mariage d’Elvis Presley; et un Thévenot sans prénom connu et pour cause, il était banni : celui du…bourreau de Paris au 14 ème siècle, que l’on a préféré oublier car trop ‘priscus’ sans doute. En tous cas étymologiquement! 

(1) Voir l’onglet Lexique sur la page d’accueil. 

(2) La couronne elle-même, mais souvent le porteur lui-même.

(3) La plante du…’laur-éat’, celui qui a réussi son bac, par exemple.