Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…le plus attendu et presque le moins surprenant, tant son nom aura été cité dans les 36 heures précédant sa nomination ‘officielle’ ; restera dans l’Histoire de la France le premier titre de plus jeune nommé à ce poste, sans vraiment pouvoir démêler si, dans la bouche du Landerneau politique, il n’y a pas là-dedans une part d’admiration teintée de jalousie ou de doute(s). Ce qui est sûr, c’est qu’il aura du poids sur les épaules, y compris étymologiquement !

Petit préalable indispensable : de nombreux lecteurs, habitués à lire dans ces pages qu’il suffit parfois d’une « déformation » (une variante) de prononciation pour recréer un son, ont spontanément pensé qu’en l’occurence une…’attelle’ serait bien utile. Or, notre homme n’a nul besoin de ce genre de béquille pour exister linguistiquement car la planche en bois réparatrice vient, elle, d’un mot de latin plus ou moins abâtardi qui désigne un éclat de bois, puis à partir du 12ème siècle une planchette. Evident. En fait, le patronyme du ministre est de toute autre provenance géographique.

Son état-civil complet, Gabriel Nissim Attal, dit à peu près tout dès la première ligne : bien que né dans les Hauts-de-Seine, il porte le nom d’un ascendant d’origine juive tunisienne ; mieux encore, si l’on peut dire, il portera un temps le nom de sa mère d’origine russe…ukrainienne soit Gabriel Attal de Courtiss. Voyons de plus près ce surnom venu des terres arides du sud…

Attal est un patronyme originaire du nord de l’Afrique, puisque porté majoritairement dans les communautés juives séfarades (émigrées dans le Maghreb entre autres, par opposition aux ashkénazes, davantage installés en Europe centrale ou de l’Est). A l’origine, l’attal est un simple nom commun qui désigne un métier, l’une des très fréquentes façons de désigner une personne qui pouvait en l’occurrence mériter ce surnom ou en justifier pour plusieurs raisons. Attal désigne précisément un porte-faix (portefaix, dans le dictionnaire) soit littéralement, d’après la racine latine, un ‘porte-fardeau(x), fonction en général subalterne dans notre culture actuelle qui a pris le sens de manœuvre (même pas un ouvrier!) utilisé pour transporter des charges lourdes, une sorte de docker avant la lettre.

La seule période où le portefaix aura droit aux honneurs est la Rome antique où le titulaire de la charge en question ouvrait la marche des armées romaines en portant l’insigne du Sénat et du Peuple, avec un poids qui n’en faisait pas pour autant une partie de plaisir (parlez-en aux porte-drapeaux des équipes olympiques qui défilent pendant des heures). Quoi qu’il en soit, en plus de son barda,  voilà un mot chargé…de plusieurs connotations car, outre son rôle initial, on attribua pendant longtemps deux caractéristiques majeures aux portefaix ‘modernes’: soit une certaine carrure – sans doute style déménageur – soit un comportement grossier, l’athlète maniant souvent avec facilité la gaudriole ou l’injure.

Voilà qui ne convient évidemment pas (ni l’une, ni l’autre, d’ailleurs!) à notre homme politique récemment nommé, et encore moins à la variante de ce nom la plus répandue en France, soit…Attali (Jacques), l’économiste et homme politique né comme l’acteur homonyme Yvan à Alger (pour une fois, un indice). De son côté, Gabriel aura vraiment de quoi gérer des charges pendant sa mission !

NB : Attention, même si le phénomène se produit parfois en linguistique dans des cas bien particuliers,  il ne faut pas inverser les voyelles: ne confondons pas Attali et Attila, un mot tout à fait distinct issu d’une racine orientale qui désigne le ‘père’ (ata-) ; Attila devenant alors son diminutif, soit ‘le petit père’. Du chef mongol à Staline, il y a peut-être quelques points communs à certains ‘Petits Pères des peuples’, même s’ils ne sont parfois que de simples Guides de la Nation, comme le fondateur et premier président de son pays, autrement dit (Mustafa Kemal-père de la Turquie), Ata-Turk!

…peut-être ne vous êtes-vous jamais posé la question de l’origine étymologique de l’Autre depuis longtemps autoproclamé spécimen du cinéma français, au sujet duquel les articles de presse du moment ne sont pas consacrés à sa carrière mais à l’intimité de sa situation personnelle; après l’emprise supposée d’une ‘dame de compagnie’, voici maintenant les rivalités d’héritiers, rarement de bon augure. Quoi qu’il en soit, son patronyme devait forcément en faire un ‘seigneur’, y compris étymologiquement!

Notons tout de suite qu’il aurait pu s’appeler Marcel Delon (1), Maurice Delon (sans doute moins adéquats pour être en haut d’une affiche, sauf dans les années 1940), ou encore Fabien Delon comme son propre père ou comme son autre fils, demi-frère d’Anthony. Et puisqu’on est dans les prénoms, autant dire qu’une fille de la famille aurait pu s’appeler sans problème…Adèle, ce qui vous oriente déjà vers la racine réelle de son nom.

Difficile donc sinon impossible de trouver une explication plausible à un éventuel ‘de-long’ ou ‘de-loing’ adaptés ou déformés par quelque parler régional; le mot d’origine a en effet subi une ‘aphérèse’ (2) qui a conduit à la chute d’une lettre initiale, en l’occurence un ‘a’ qui faisait partie de la racine germanique qui a servi à fabriquer le nom.

C’est justement Adèle qui est la plus proche de l’étymon (3), surnom donné à une personne qualifiée de ‘adal ou adel’ qui signifie noble; le sens n’est certainement pas à prendre dans sa dimension aristocratique mais comme symbole de noblesse d’âme, donc de générosité ou d’élévation de l’esprit! D’ailleurs, les interprétations figurées ou plus concrètes se mélangent puisqu’à la fin du 19ème siècle (seulement!), un botaniste suisse (4) baptise la « léontopodium nivale alpinum » (littéralement: la plante pied-de-loup dans la neige des Alpes) de « fleur noble et blanche », ce qui se dit en empruntant les termes germains « adel-weiss » puis edelweiss.

Delon (Alain) n’a-t-il pas le caractère noble, virginal et rare de ce quasi-emblème helvétique? Quoi qu’il en soit, les ancêtres…lot-et-garonnais de la star ont probablement dû faire du chemin dans les siècles passés, en provenance d’une région sûrement plus proche des montagnes d’Autriche chères à Sissi que des vallées de pruneaux d’Agen. Voilà qui permet à l’immortel ’Guépard’ de partager son haut rang (en français, altesse) avec le public français; mais ne le remerciez pas, il vous en prie. Au moins étymologiquement.

(1) son véritable état-civil

(2) voir dans l’onglet ‘bréviaire’ sur la page d’accueil

(3) Voir dans l’onglet ‘étymologie’

(4) Pays qui voue une admiration sans borne à la fleur en question

…le rallye de sa vie qu’il a gagné plusieurs fois ou sur lequel il a co-piloté avec quelques célébrités (Johnny Hallyday). A l’occasion de la disparition de ce grand organisateur de courses et de raids, beaucoup se sont posé la question des origines « flamandes » – ou à tout le moins de l’Est de la France – de ce patronyme bref (une seule syllabe sonore, le ‘e’ final étant ‘muet’). Phénomène intéressant: ce natif de la région parisienne (1) n’a strictement aucun lien avec le nord de l’Europe!  

Ce serait plutôt l’exact contraire puisque, malgré les apparences, le mot est d’origine…occitane mais, pour une fois, l’évolution du son a suivi des règles moins caricaturales que d’habitude: à l’origine, il y a la racine latine ‘medicus’, celle qui donnera évidemment en français médical, médecin, médicaments, etc…bref tout ce qui a un rapport avec l’idée de soigner, pas difficile à admettre.

Dans l’Antiquité, il est question en l’occurrence de traiter le corps, y compris dans le tout-premier sens de ‘bien’ le traiter en commençant par lui administrer du…vin. A défaut de mieux. Il semble que la composition de la racine originelle (le verbe ‘medeor’) évoque la maladie, sous une forme contractée de la périphrase ‘ce qui est mauvais pour la vie’, donc ce qui est à soigner).

Sans aller si loin, ce ‘medicus’ romain va se mélanger au gaulois en transformation lors des premiers siècles après JC, période où les tribus germaines entament elles-mêmes leurs traversées du territoire. Dans toute la zone méridionale du pays, les patois vont se retrouver dans un Mège plus spécialement Mètges en Languedoc, gardant la trace du ‘d’ dans un ’t’ un peu moins guttural; plus au nord, dans le Centre et en région parisienne, on trouve des Mégy, des Méget et même des Mégeard, tous des dérivés qu’on ne soupçonnerait pas – de nos jours – en lien avec un médecin romain…  

Le plus inattendu, contrairement aux transparents Medici italiens ou corses, est la forme Mire ou Le Mire (dans le Nord), elle-même déclinée en Miret ou Mirey (dans l’Est) ou encore Mirot (en Bourgogne); tous n’ont donc aucun rapport avec le verbe synonyme de voir. Ce qui n’empêche pas d’(ad)mirer la carrière automobile de René, même si pas étymologiquement! 

(1) Donc difficile d’en tirer quelque piste fiable, vu le contexte ‘capitale’

…et quelques autres lieux (le plus souvent) découverts par un fait-divers d’actualité inattendu, voici, dans la série « C’est quoi-c’est où ce ‘bled’? (1) », un repaire de trafic de drogue supposément peu empêché par les autorités locales, le (presque) bien-nommé Canteleu…

La plupart d’entre vous auront déjà décrypté ce mot relativement transparent pour ceux qui s’intéressent à l’évolution des mots, d’autant qu’il existe en France non seulement de nombreux Canteleu mais aussi beaucoup d’autres endroits où des animaux ‘cantent’. Car, bien évidemment, il y a dans ce terme deux parties, cante+leu, la première étant une forme (plutôt…occitane) du verbe chanter (anciennement canter, comme dans cantate par exemple ou bel canto) et, là encore, la version archaïque du loup en leu, dont l’usage moderne ne reste plus que dans l’expression ‘à la queue leu leu’ (explicitement le loup à la queue du loup) pour décrire le déplacement d’une meute.

Il y avait, dans ce Canteleu normand (enregistré pendant quelques siècles sous le nom de ‘St Martin de Canteleu’, il ne faut pas trop tenter le diable), un site où venaient ‘chanter’ des loups, terme générique de l’époque pour dire hurler évidemment, la nomenclature des différents cris d’animaux n’ayant pas encore été clairement nommée et encore moins rédigée. Souvenir concret de la série de siècles pendant lesquels la population a décimé le canidé diabolique, une statue à l’entrée de la ville perpétue (et justifie) ce qui s’appelle, sans surprise, parfois ailleurs en France ‘Chanteloup(s)’, tout comme le nom du haras de chevaux local. 

Mais, puisqu’il n’est pas question de vraiment chanter (sans doute réservé à la classe supérieure humaine), le verbe va donc pouvoir s’appliquer à tout autre espèce qui fait du bruit avec les attributs accordés à l’espèce: on va donc trouver, entre autres, des Cantemerle (no comment), des Cantecocut ou Cantecoucou (idem; à quoi pensiez-vous?) ou encore, catégorie oiseaux, des Cantalauze, version complexe de Cantalaude soit là où chante l’alouette (cante-alauda, en latin); se colle aussi dans la liste le Cantejal ou Chantejal (gallus, le coq) et sa version féminine Chantegaline (gallina, la poule), sans oublier là encore le très transparent Canteperdrix…

Moins mélodieux sans doute sont les échos de la Cantereine ou Canteraine, soit le cri de ‘reine’, de raina, la grenouille en latin (la racine qui va donner rainette), ou ceux, répétitifs, du Cantegreil(h), le grillon. Il est probable qu’à l’époque et contrairement du 21ème siècle, hormis les hurlements effrayants, aucun résident débarqué d’une grande ville n’était venu se plaindre de la chanson du grillon le soir au crépuscule; mais on ne va pas hurler avec les loups, même pour des histoires de trafics. Sauf étymologiquement bien sûr!

(1) Pardon, une ville de plus de 13000 habitants (ceci expliquerait-il cela) ?

NB: Voir aussi (forcément) l’article sur Nicolas Canteloup (mars 2017) pour de nouvelles anecdotes!

Ce n’était malheureusement pas le choix spontané du champion du monde d’athlétisme 2017 sur 800 m; un problème de tendon compromettant sérieusement le compte à rebours de sa participation aux JO de Paris 2024; c’est donc à regret qu’il met un terme à sa carrière de haut niveau, après avoir valeureusement…bossé (1).

En leur temps, les journaux s’étaient abstenus de jeux de mots trop primaires (2) alors que, pour une fois, le mot aurait pu être utilisé sans réticence, le ‘bosse’ en question étant réellement et directement issu ‘d’une’ ancienne bosse. Mais, évidemment,  les caractéristiques physiques ne se transmettent pas davantage à travers les siècles que les valeurs (ou pas) morales, ni les traits de caractère. Après plus de cinquante générations, vous n’êtes pas redevable envers votre ancêtre si vous êtes blond alors qu’il s’appelait Leroux, si vous êtes nul en orthographe bien que petit-fils d’un Larousse ou si vous avez un casier judiciaire chargé sous un état-civil Lejuge, ou encore loin d’être un manuel tout en vous appelant Charpentier.

Tout ça pour dire que, visiblement, la seule bosse que peut avoir notre sportif est celle du chronomètre (pour les maths, je ne sais pas) bien que, étymologiquement, elle fasse bel et bien allusion à l’excroissance physique que devait supporter l’un de ses aïeux. Au Moyen-Age, période par ailleurs plus abondante qu’aujourd’hui en difformités de tous genres en raison d’un savoir médical plutôt sommaire, le Bosse désigne prosaïquement un bossu, dont le prototype deviendra célèbre dans la littérature avec la posture du chevalier de Lagardère créé par Paul Féval, idée copiée vingt-ans plus tard (3) d’après le Quasimodo de Victor (Hugo).

En ces temps de cathédrales, l’adjectif bossu ou le nom commun bosse sont utilisés indifféremment pour surnommer un homme…bosselé. Bien sûr, il s’agit le plus souvent d’une déformation du dos (ou de la poitrine) mettant en évidence un relatif handicap de mobilité; mais, à l’origine, cela concerne toute ecchymose qui se forme après un coup violent, plus visible il est vrai sur des parties dures du corps, la bosse du chameau (ou du dromadaire) n’étant alors qu’une comparaison exagérée par rapport au gonflement d’une peau remplie de lymphe ou de sang chez l’humain, mais de graisse (et non pas d’eau!) chez l’animal. Etymologiquement, la bosse est consécutive à un verbe d’ancien-français lui-même issu de l’ancien verbe germanique ‘botan’ qui signifiait frapper. Logique…

C’est cette racine ‘bot’ qui se transformera, d’abord graphiquement puis phonétiquement, en ‘bos(se)’ puis ’bout’, l’unique mot de notre langue qui conservera le son (et le sens) d’origine étant le verbe – lui aussi ancien et maintenant désuet – ’bouter’, dont la seule utilité est désormais de pouvoir faire dire à Jeanne d’Arc qu’elle «a bouté les Anglais hors de France», c’est-à-dire qu’elle leur a ca…bossé le casque et le bouclier jusqu’à leur faire regretter d’avoir quitté leurs camps de la jungle de Calais.

Rien de bien grave donc dans cette histoire de bosse, laquelle, à une époque plus moderne, aurait pu faire penser d’abord à un gondolement sur la route du Tour de France (demandez aux coureurs) ou à un obstacle pervers d’un parcours de ski spécialement élaboré pour fabriquer des retraités olympiques en fauteuil roulant…Je ne fais donc que mentionner pour mémoire deux autres provenances linguistiques (rares mais toujours possibles sur un mal…entendu): dans les régions du Nord, quelques Bosse viennent de la francisation du germain ‘boso’, qui veut dire méchant ou mauvais, ce qui, de l’avis général, ne saurait être le cas de Pierre-Ambroise; à l’opposé géographique, la zone de langue d’oc compte d’autres Bosse sortis du bois (bos en gascon, que l’on retrouve plutôt sur des noms de lieux comme Cap de Bos), là encore peu nombreux d’un point de vue étymologique, et surtout moins probables.

Le véritable trésor de notre athlète est en fait son prénom Ambroise, lui aussi relativement rare (sauf à l’époque médiévale, encore) mais très précieux puisqu’issu du grec ‘ambrotos’ qui signifie immortel, qualité des dieux de l’Olympe conférée par la consommation sans modération de deux breuvages sacrés dont justement…l’Ambroisie (si, si, avec majuscule) mais aussi le Nectar, littéralement ‘celui qui ne-c-tue pas, donc l’immortel (3). Le (pré)nom est donc parfaitement adapté à quelqu’un destiné à rouler…sa bosse dans le palmarès des immortels de son sport. Y compris étymologiquement!

Ps: à toutes fins utiles, le ‘boss’, le chef, n,’a rien à voir avec tout ça mais vient d’une racine néerlandaise qui veut dire patron; pas le directeur d’une start-up informatique évidemment, mais à l’origine un patron au sens ouvrier, plutôt contremaître ou chef de chantier. Piqué (comme souvent) par les Anglais au 18ème siècle, ce boss va devenir, dans un premier temps, un chef…de parti, puis un responsable dirigeant d’une société (voire, parfois, un dirigeant pas si responsable que ça; mais c’est une autre histoire).

(1) La véritable orthographe originelle (ouest-atlantique) du patronyme

(2) Astucieux «C’est lui le Bosse» (Libération)

(3) Contrairement à ce que l’on croit souvent, ‘le Bossu’ (roman) est largement postérieur à ‘Notre-Dame de Paris’, et littérairement et historiquement!

(4) Explication datant de l’époque romantique, et probablement un peu comme son époque…