Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

…un nouvel aéroport international! En fait, pas du tout, puisque cette plate-forme est très officiellement le lieu de décollage et d’atterrissage de rares liaisons régulières vers Marrakech et Porto (Ryan Air) plus quelques vols-vacances, devenant en quelque sorte, au moins pour quelques jours de médiatisation, le « Roissy » de Châlons en Champagne.

Les 153 Vatriotes se retrouvent donc à la Une grâce (ou à cause) d’un Airbus manifestement rempli de passagers suspects, ou plutôt otages en la circonstance. Car, malgré sa localisation champenoise (disons, globalement et historiquement ‘parisienne’), le nom de la commune n’a rien de français ni même de gaulois. 

Il s’agit en fait d’une trace linguistique laissée par une ou plusieurs tribus de nos envahisseurs préférés venus de Germanie qui, entre les 5ème et 10ème siècles, ont traversé notre territoire en diagonale, disséminant ça et là le son de leurs parlers gutturaux.

Va-try est en l’occurrence la francisation bien atténuée de deux syllabes germaniques donc qui sont ‘whad’ + ‘hari’. L première évoque l’idée de preuve ou de gage, la seconde est plus fréquente et a un rapport avec l’armée ou le combat. Le tout, sans surprise dans le contexte de l’époque, a pu qualifier un lieu ou mieux une personne concernée par ces ‘concepts’, un trésor de guerre ou peut-être un ‘gage de guerre’ autrement dit un ou des…otages (!)

D’un point de vue linguistique (et pour simplifier), le ‘w’ va devenir notre ‘v’; le ‘d’ un peu sonore se muer en ’t’; le ‘r’, qui est une consonne très sonore, reste tel quel; et le ‘y’ final n’emprunte pas forcément au ‘i’ de ‘hari’ mais est la marque d’un suffixe ‘locatif’ (le lieu) traditionnel de la région parisienne au sens large (1).

Comme quoi, le hasard d’une escale, même particulière, fait parfois bien les choses, sauf peut-être d’un point de vue des otages eux-mêmes: en effet, à l’origine, un hôte-age désignait plutôt le lieu de rétention des personnes, leur logement. Et là, il parait que le hall de l’aéroport en question n’était pas forcément idéal, en tous cas étymologiquement… 

(1) …Roiss-y, Orl-y, Ivr-y, Gagn-y, Anthon-y, Bobign-y, Chois-y, jusqu’à Champign-y et des dizaines d’autres.

…au pied levé car, même pour un interim, il faut prendre le temps d’une enquête (sait-on jamais?). C’est ce qu’a fait le media d’investigation Mediapart, révélé à l’occasion que la ministre aurait reçu d’une entreprise des cadeaux (non déclarés) pendant sa période professionnelle de pharmacienne. Notre Normande de souche bretonne est donc obligée de sortir du bois, y compris étymologiquement!

Le patronyme de la dame est évidemment la réunion (avec un trait!) de deux noms de famille, et, bien que son nom de jeune fille soit Le Bodo, commençons donc par le plus…indispensable en la circonstance, Firmin.

Pour beaucoup, cette forme de prénom devenu un peu désuet évoque davantage un maitre d’hôtel en livrée tout droit sorti d’un hôtel particulier du 19ème siècle ou son collègue chargé de ‘chauffer’ le moteur de la De Dion Bouton…Or, ce firmin-là vient d’un adjectif latin qui a donné ‘af-firmer’ en français, autant dire ‘ferme’ en langage plus moderne.

Ferme sur ses positions d’un point de vue du caractère par exemple, mais à l’origine carrément assuré sur la terre…ferme pour évaluer la solidité d’un terrain par exemple; il est vrai que, rapidement, et comme en français, le latin a joué aussi bien sur la solidité matérielle que sur le côté af-firmé. Bref, tout cela nous tend une perche indispensable vers la désormais très nécessaire détermination de la ministre (ou de son président) à se justifier. 

N’allons pas jusqu’à exhumer un second sens de…rigueur (!) dans l’évolution du mot, notons simplement le petit clin d’oeil apporté par la forme typiquement bretonnante de ‘le bodo’, substantif ayant répandu particulièrement dans le Morbihan l’idée du ‘bot’ puis du ‘bod’, autrement dit un ‘bosquet’ en français, un bouquet d’arbres…Certains préfèrent rapprocher ce son d’une syllabe totalement homonyme mais qui évoque cette fois une demeure (en général, plutôt le Bot comme nom propre). Dans tous les cas, il faudra se mettre l’abri pour rester ‘droite dans ses bottes’ , y compris peut-être étymologiquement! 

On entretient sa notoriété comme on peut (et, manifestement, c’est difficile de se retenir au fil des années): certains deviennent de bons acteurs; d’autres de mauvais conducteurs, au point de se faire arrêter pour conduite en état d’ivresse, insulte à agent de la force publique (en 2012) ou encore accusation (non prouvée) d’agression sexuelle (en 2018) et enfin utilisation publique de langage oscène (2020-2023). Notre exemple du jour est un client de poids en la matière puisqu’il s’appelle Depardieu, un nom tellement familier sous sa forme contractée (enfin, si je puis dire…) qu’on ne pense pas même à son étymologie, pourtant évidente: dans Depardieu, il y a forcément ‘dieu’, mais au fait pourquoi?

Selon certains spécialistes, il était une (ancienne) fois un homme peu recommandable qui ne cessait de jurer «par Dieu», ou, comme on disait dans la langue classique, «de-par-Dieu». Notez bien que le Dieu en question possède alors une majuscule, car il s’agit bien du Créateur. Il serait donc plus correct de parler non pas de juron mais de blasphème…La différence? Le blasphème est une action considérée comme injurieuse à l’égard d’une divinité; le juron est l’utilisation d’une vulgarité qui ne fait pas forcément référence à un dieu. Du coup, et pour en finir, le juron est plutôt lancé ‘à la cantonade’, alors que l’injure peut être la même vulgarité, mais dirigée cette fois à destination d’une personne précise.

Bref, le grossier ancêtre ne cessait de s’exclamer ‘de-par-Dieu’, ce qui, une fois les trois mots fondus de l’expression fondus en un seul nom, fit perdre sa majuscule à Dieu et sa réputation au blasphémateur. Evidemment, ce patronyme n’est pas le seul exploiter si j’ose dire la présence divine, laquelle se manifeste parfois de façon très terrienne, comme dans ces champs et ces terrains insalubres de la région lyonnaise, vendus au début du 18è siècle à des ecclésiastiques qui en tirèrent ‘la part (de) Dieu’, terre de rapport qui profitera plus tard à la SNCF (*).

Malgré l’interdiction de l’Eglise, Dieu apparaît finalement assez souvent dans des jurons, délicatement crypté sous la forme de ‘bleu’, sans qu’on sache vraiment s’il y avait une volonté d’éviter le blasphème ou si l’on doit la déformation aux mâchonnements d’un accent régional. D’où finalement ceux qui jurent ‘par le sang de Dieu’, devenu Palsembleu! ‘Par le corps de Dieu’ sera abrégé en Corbleu! Par le mort de Dieu (sic) deviendra Morbleu! Ou encore ‘sacré Dieu’, déguisé dans le Sacrebleu cher à Tintin et à quelques québécois sans doute!

Dernier avatar encore plus inattendu car largement vidé de son sens originel, le très banal Pardi! provençal (littéralement: par-di-eu) ou Pardé dans certaines régions, devenu une simple marque d’évidence, alors qu’il s’agit bien d’un ancien blasphème lui aussi. Tout cela ne serait pas arrivé si l’aïeul depardiesque avait pris la même habitude que le philosophe Socrate qui, lui, ne jurait que ‘par le chien’, ce qui le mettait à l’abri de toute éventuelle colère de Zeus. Enfin…c’est ce que disent les manuels scolaires (ou plutôt universitaires) parce que, dans la réalité, il semble bien que la véritable expression du moustachu grec doivent se traduire par ‘par la chienne’ (éventuellement les chiennes), largement adressée et sans aucune surprise à la gent féminine.

Finalement, à des dizaines de siècles d’écart, on en revient peu ou prou aux mêmes situations. Nom de Dieu!

…à douze ans d’intervalle, la ville de Lyon avait vu se succéder à la mairie deux Collomb, un Francisque, forme médiévale de Francis (jusqu’en 1989), et feu l’ex-ministre de l’Intérieur Gérard (depuis 2001), fils de Marc Collomb et de Marcelle Cuissard (aïe). Pour ce patronyme, on trouve parfois l’orthographe Collomp, l’un et l’autre avec deux L (c’est mieux, pour ce qui va suivre) mais aussi simplement Colom, Colon (!), Coulom et Colomb; il va donc, forcément, être aussi question d’un certain Christophe…

Sous la forme Collomp (le P est juste un B moins sonore, pour ne pas dire muet, à cette place), le patronyme appartient aussi à un ingénieur français retenu au Nigéria (en 2012) qui s’était envolé, semble-t-il, par ses propres moyens, faisant ainsi passer ses ravisseurs pour des pigeons, ce qui ne peut pas mieux tomber. Car, à l’origine des Collomp ou Collomb, il y a le mot latin ‘colombus’, qui désigne un pigeon (la distinction avec colombe, tourterelle ou tout autre…colombidé n’arrivera que plus tard). Il vaut donc mieux l’écrire avec deux ailes, mais les variantes simplifiées sont tout aussi valables, comme les Colom catalans, les Coloma espagnols, sans oublier les Colomba corses (merci, Prosper Mérimée), les Colombani (comme le journaliste Jean-Marie), les Colombet (diminutif, ‘le pigeonneau’), les Colombier (comme le compositeur Michel (1), du nom du propriétaire du poulailler à pigeons), et même les Colombin (une personne aux cheveux de couleur grise, comme le gosier d’un pigeon).

Voilà un vol de patronymes qui, à travers les siècles, ont parfois désigné des gens ayant une activité en rapport avec les pigeons (élevage, transport, utilisation ‘postale’, vente, voire chasse), mais le plus souvent, on a donné à ce nom le sens figuré d’une personne gentille -voire naïve- comme un pigeon, d’où le sens argotique; peut-être aussi à cause de l’influence de la racine propre du mot pigeon, le latin ‘pipius’, littéralement celui qui ‘piaille’, comme un oiseau sans défense, et que l’on peut donc facilement…plumer comme un pigeon.

Rajoutons quelques autres pigeons célèbres, dont le navigateur le plus dinde de l’histoire puisqu’il a longé un continent déjà ‘découvert’ (et qui ne porte même pas son nom), le signore Cristof(oro) Colomb(o), dont le GPS interne devait être moins bon que celui de ses ancêtres. Tout le contraire d’un autre type, habillé en gris et qu’on a souvent pris, à tort, pour un pigeon mais qui ne perdait jamais le nord dans ses enquêtes, un certain Inspecteur Columbo. Citons également le pigeonnier français sans aucun doute le plus connu, et qui a hébergé un grand voyageur sur le retour: il s’agit d’un village situé en Haute-Marne, autrefois réputé pour ses pigeonniers, et par la suite orné de deux édifices religieux qui l’ont transformé -forcément- en…Colombey (colombier) Les-Deux-Eglises.

La moins bien lotie de tous est une femme amoureuse d’un Pierrot et s’appelle Colombine, terme qui désignait très précisément, au début du 18è siècle, la…fiente de pigeon (d’où le fameux ‘colombin’ de certains parlers locaux). N’en tirez aucune conclusion machiste, ou ne croyez pas que le jeune homme l’appelait ‘ma petite crotte’; les deux personnages de la Comedia dell Arte sont bien antérieurs à cette époque et n’ont donc aucun rapport avec cette m… puisqu’en fait, lui est tout blanc de farine car boulanger, et elle est blanchisseuse, autrement dit mouillée de la plume (et donc peut-être pas blanche comme une colombe).

N’oublions pas pour terminer les Sainte-Colombe, nom de plus de cinquante communes en France dans à peu près tous les départements, dédiées pour une fois non pas à une martyre mais à l’oiseau symbole de paix (et de Trinité, le Saint-Esprit), dont le représentant le plus musical est un certain Jean (‘Monsieur de Ste-Colombe’, dans le film ‘Tous les Matins du Monde’), compositeur du 17ème siècle, amateur de ‘Pleurs’ -son oeuvre la plus célèbre- et joueur de viole de gambe (= qu’on tient entre les…jambes).

Quant au film éponyme le plus célèbre, «Blanches Colombes et Vilains Messieurs» (Joseph Mankiewicz, 1955, avec Brando, Sinatra,etc), il n’a pas confirmé la réalité de l’expression pendant le ministère de Gérard, même étymologiquement!

(1) Des dizaines de musiques de film, et aussi le célèbre générique ‘Folon’ de la chaine de télévision (à l’&poque) Antenne 2

…l’homme politique néerlandais a largement donné l’avantage à son parti lors des récentes élections législatives, ajoutant, pour un certain nombre de démocrates européens, le risque de voir se développer une radicalisation tous azimuths. Même s’il ne gouverne pas encore (reste à trouver une coalition), ce descendant d’une mère venue…d’Extrême -Orient (1) a néanmoins pris la classe politique ‘à la sauvage’; et pour cause…

La forme typiquement flamande de son patronyme ne cache rien de particulier, au contraire puisqu’elle est construite sur la syllabe saxonne (et donc plus connue côté anglais peut-être) ‘wild’, qui signifie sauvage, le mot néerlandais bénéficiant d’un ’s’ final supplémentaire qui le désigne bien comme un nom propre. Mais, si le ‘wild’ anglais peut qualifier des paysages naturels ou des animaux féroces, la majorité des cas flamands évoquent d’abord le caractère humain, et ça va de ‘courageux’ à ‘belliqueux’ en passant par ‘libre’ ou ‘agressif’…

Un peu plus au sud, dans la zone belge actuelle, les De Wilde ou les Wildemans sont souvent des sauvages au sens de misanthropes, mot d’origine grecque qui signifie littéralement ‘ceux qui détestent les hommes’ (les autres gens, ce n’est pas une question de sexe évidemment), ce qui pourrait presque faire un clin d’oeil du côté du racisme. 

Selon les périodes de son histoire chargée, l’Alsace aujourd’hui française a également eu ses Wild plus ou moins grognons. Par contre, de l’autre coté de l’Atlantique, on a totalement oublié le caractère des Wilder bien implantés dans le show-business, comme le réalisateur hollywoodien Billy ou l’acteur récemment disparu Gene.

Prenons un instant alors pour essayer de voir si le prénom du monsieur n’apporterait rien de plus: si justement, mais pas forcément en mieux! Ce Geert-là encore fidèle aux habitudes linguistiques du pays a pour cousins immédiats les Geeraert, Geerald ou Gerhard, soit tout bonnement notre Gégé (Gérard) francophone. On le trouve aussi sous les formes Gerrit ou Gert en Hollande, tout comme les Garrick anglais (celtes) ou les Gerardo/Girardo méditerranéens!

Or, pour reprendre l’orthographe française, le Gérard a été imposé en Gaule lors des invasions des Goths, Ostrogoths, Wisigoths et autres peuples germains, d’après deux racines soit ‘ger’ + ‘hard’, synonymes de lance et de fort ou courageux. Les Gérard auraient donc à voir (pense-t-on) encore une fois avec une histoire de guerriers qui ne se privaient pas manier vigoureusement le javelot meurtrier. Peut-être de quoi clouer ses adversaires politiques pour un certain temps? Au moins étymologiquement.

(1) Jusqu’en 1945, les mariages mixtes étaient fréquents dans les ‘Indes orientales néerlandaises’, soit tous les territoires possession des Pays-Bas de l‘époque.