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3 Suisses

La question n’a pas manqué de fuser dès la mise en ligne de la récente chronique sur La Redoute; un lecteur m’écrit: «c’est vrai que c’était bizarre, comme nom, et surtout inattendu comme explication; mais alors, pourquoi vous ne parlez pas des Trois Suisses? Est-ce une entreprise helvétique?». Question logique, et même étymo-logique, y compris géographiquement, car on reste dans le Nord, et pas du tout dans les Alpes! Et pour cause.

L’histoire de cet autre géant de la vente par correspondance est directement liée à l’initiative d’un jeune chef d’entreprise installé lui aussi dans le Nord, région qui fut pendant longtemps la capitale de la filature du pays. Nous sommes alors en 1932, et notre bonhomme décide d’installer sa société et surtout ses bâtiments (c’est important) dans la banlieue de Lille, très exactement à Croix (si, si, ça existe). D’ailleurs, lui-même en porte une depuis sa naissance, puisqu’il s’appelle Xavier Toulemonde, patronyme pas forcément idéal pour devenir…quelqu’un (1). Et pourtant!

Evidemment, M. Toulemonde cherche un nom (autre que le sien!) pour son usine, et, à défaut de mieux, décide de l’appeler comme le bar tout proche, autant dire le point de ralliement de tous les ouvriers du quartier. Le bistrot, qui ouvert depuis une vingtaine d’années, s’appelle en fait ‘Le Progrès’. Seulement voilà, dès le début, un autre établissement similaire avait fait remarquer au patron qu’il était déjà propriétaire du nom…Compréhensif, le cabaretier, un certain Jean Suis, décide donc de changer son enseigne, et, comme il y avait trois filles dans la famille, et surtout souvent présentes dans la salle, les clients avaient pris l’habitude de dir qu’ils allaient prendre un verre…’chez les Trois Suis’! (Heureusement que le père de s’appelait pas Tesse).

Et voilà comment, sur un clin d’oeil phonétique et tout à fait involontaire, notre jeune patron décide de modifier légèrement le nom le plus célèbre de son quartier, tout en lui donnant un aspect…’exotique’, même si en l’occurrence, il sonne plutôt helvétique! Or, en réalité, on serait bien en peine de chercher un rapport entre les immenses entrepôts et trois gardes du Vatican ou même trois citoyens de Genève (qui ne se doutent de rien, ni les uns, ni les autres).!

Le plus fort, dans l’histoire, c’est que le nom du patron du bar, Jean Suis, a un rapport non pas avec le pays de Guillaume Tell mais avec la racine latine «suus» qui désigne…un porc, comme par exemple la classe zoologique des cochons, les sui-dés. Voilà très certainement un détail qu’ignorait Xavier Toulemonde, lequel baptisera un jour son célèbre catalogue bisannuel «Le Chouchou», un mot qui, à son tour, évoque un autre animal, la…chou-ette. C’est cette même racine de ‘chou-‘, censée être l’onomatopée du cri du hibou, donnera le verbe qui décrit le comportement (particulièrement maternel) de la chouette vis-a-vis de ces petits: chouchouter. Sans oublier, évidemment, les ‘résistants’ vendéens qui imitaient le bruit de la chouette la nuit pour se repérer, pendant la Terreur; puisqu’ils se reconnaissaient en chouant, les chou-ans, évidemment. C’est chouette, non?

(1): non, ce n’est pas ironique. Parlez-en aux porteurs du nom. Ils sont aussi gênés que ceux qui s’appellent Personne. Comment voulez-vous avoir une idée précise de votre identité, avec ça?


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Un commentaire au sujet de 3 Suisses

  1. Le catalogue 3 suisses a été baptisé le »chouchou » en 1984, l’idée de cette campagne publicitaire etait liée à l’histoire des 3 suisses. l’entreprise avait brulé quelques temps auparavant, l’incendie avait détruit la totalité des stocks sauf la salle des ordinateurs, le fichier client était sauf, ce qui a permis à l’entreprise de redémarrer.
    Les clientes ont été exceptionnelles, elle ont continué à faire confiance aux 3 suisses au lieu de partir à la concurrence ( la redoute) malgrès les retards de livraison.
    C’est cette histoire que m’avait raconté à l’époque claude La Forest D’yvonne ( dircom 3S ) qui m’a donné l’idée de baptiser ce catalogue  » le chouchou ».
    Ce concept a duré 27 ans, c’etait ma première campagne de publicité, j’étais jeune directeur artistique à l’agence Mafia.
    Olivier DESDOIGTS

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