Alopécie

…de tous les journaux, dès que l’homme qui a fait connaitre très honnêtement cette affection (l’ex-premier ministre Edouard Philippe) se sera ouvertement déclaré comme candidat à la prochaine élection présidentielle, ambition dont il ne se cache plus désormais. En agissant ainsi, il dirige sa communication par avance, comme avait dû le faire, en son temps, le candidat Michel Rocard, sommé « d’avouer » son divorce à une époque où la chose était encore très mal vue par la majorité des Français, du moins au sujet d’un de ses dirigeants. Depuis…

Etymologiquement parlant, et sans aller chercher bien loin une origine que presque tout le monde connait, notre encore maire du Havre porte un nom qui oriente vers les chevaux (philos-hippos, en grec, l’ami du cheval). En fait, ce ‘philippe’ n’a rien du prénom courant comme on le donne aujourd’hui; il aurait davantage une nuance d’adjectif qui qualifiait, chez les Grecs, un homme en rapport avec les équidés en question. Mais pas forcément ‘celui qui aime les chevaux’, comme le répètent platement la majorité des fiches-naissance de votre horoscope, sans savoir que le mot a pris de la notoriété en référence au roi Philippe de Macédoine (4ème siècle avant JC), le père du futur Alexandre le Grand, qui repoussera les frontières de la Grèce jusqu’en Asie (1).

Bref, notre Philippe de Seine-Maritime a davantage à voir non pas avec les chevaux mais avec les…renards. Et, fait relativement rare en étymologique, aussi bien au sens propre que figuré! Car cette affection dite ‘alopécie’ qui lui fait perdre des poils progressivement (barbe, sourcils et autres sites pas forcément apparents) est très différente d’une ‘simple’ calvitie qui rend chauve (calvus, en latin), mot qui s’employait aussi bien pour qualifier le dessus d’un crâne (2) que le sommet d’une montagne dénudée.

Le terme ‘alopécie’ vient d’une unique racine grecque qui est ‘alopex’ et qui désigne un renard, et même le plus souvent une renarde. Cette appellation spécifique disparaitra progressivement (un peu comme goupil au profit de renard dans notre Moyen-Age) en raison d’une maladie – parfois même d’une simple évolution génétique – qui faisait perdre aux animaux des touffes de poils. Pas besoin donc d’envisager une hypothèse de ‘gale sarcoptique’ comme l’ont fait certains vétérinaires du début du 20è siècle; le mot servait également pour estimer l’âge des canidés roux dont le pelage se renouvelait régulièrement.

D’ailleurs, outre le nom de cette affection, l’alopécie a progressivement paru dans les dictionnaires pour désigner une queue de renard (comme sur la nuque de Davy Crockett), puis une casquette en peau de renard et enfin une…chienne dressée à la chasse au renard. Quant au sens figuré, il existait déjà chez les Grecs en parallèle à la chute des poils: le verbe formé sur la même racine (alopekizein) s’adressait à des gens qui « savaient faire le renard », c’est-à-dire user de roublardise. 

Ne reste plus à Edouard qu’à enfourcher son cheval pour se lancer et savoir attendre le moment opportun pour passer à l’attaque et se donner le maximum de chances. A un ou plusieurs poils près, évidemment.

(1) En fait, le véritable ‘Philippe’, c’est Alexandre dont la légende dit qu’il fut le seul à dompter un cheval sauvage nommé Bucéphale (étymologiquement: tête de boeuf!)

(2) En matière de crâne, il est dénudé par la calvitie (naturelle) mais rasé par la tonsure (mécanique). Maintenant, un moine qui a déjà une calvitie, c’est plus rapide…

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