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Amont (Marcel)

…une superbe maison dont la terrasse au soleil faisait face au Pic du Midi d’Ossau, autrement dit la montagne (des Pyrénées) qu’il pouvait admirer à loisir et…inversement. En effet, celui que l’on a redécouvert subitement à l’occasion de sa disparition en s’apercevant combien sa fantaisie a rythmé la chanson française, porte un nom typiquement gascon, dont les éléments se retrouvent, très logiquement, à la fois dans le répertoire latin et le vocabulaire espagnol.

Cet ‘Amont’, bien facile à saisir pour inventer le titre de l’une des émissions qu’il animait à la télévision à la fin des années 1960 (1), est composé de deux parties car son véritable état-civil était Miramon (2), soit la réunion de ‘mira’ (comme le verbe espagnol ‘mirar’, voir – mais celui-là est gascon – et un ‘mon’ qui a perdu sa lettre finale (3) mais qui est bien la version courte de ‘montagne’.

Certains pensent que ‘mira’ tout court (et non mirar) est bien l’impératif du verbe, soit ‘regarde’; quant au ‘mont’, il est hérité du latin ‘montis’, dont il est dit ici plusieurs fois dans des patronymes qu’il désigne en principe non pas une ‘vraie’ montagne (un massif) mais une colline, voire un promontoire à certaines époques (une butte). Exception qui confirme la règle (du moins la tendance générale), il s’agit bien ici d’un…Pic (2887mètres).

La construction des deux éléments donne donc quelque chose comme ‘regarde la montagne!’ (ou la montagne te regarde pour les plus écologistes), l’expression faisant allusion non pas à une personne mais à une maison, à un bâtiment orienté vers les sommets et donc qui fait face à la chaine montagneuse. Le Miramon n’est donc pas un contemplatif figé devant les neiges éternelles mais l’habitant du châlet qui est tourné vers les pentes. La question est donc: comme il n’y avait probablement pas qu’une seule maison dans le village construite dans ce sens, comment ont été surnommés les autres résidents, ou bien qu’avait-il d’important dans ou sur cette maison pour qu’elle soit ainsi distinguée (la plus haute du village)?

Les autres communes les plus connues (toutes en Occitanie) ont non seulement gardé le ’t’ final mais il a fallu les identifier en précisant leur localisation, et surtout elles sont ‘redescendues’ à des altitudes de campagne, même sur ou près des reliefs: c’est le cas de Miramont-de-Comminges (Haute-Garonne), de Miramont-de-Guyenne (Lot & Garonne), Miramont-Latour (Gers) ou de Miramon-Sensacq (Landes, on n’a rien plus bas…).

Quand le ‘mont’ reste en première position, le ’t’ est le plus souvent présent, comme c’est le cas pour des dizaines de Montaigu (mont-aigu, au sens de pointu), d’un Montalban (mont alban, mont…blanc) devenu Montauban (4), de Montélimar (mont-Elimar/Adimar, nom de personne), sans oublier les Montmirail (comme le comte du film « Les Visiteurs »), Montpezat, Montdidier, Montlaur ou Montmédy pour n’en citer que quelques uns.

On peut même aller en chercher beaucoup plus loin outre-atlantique car, même hors Canada (pardon, Québec), on trouve des ‘mont’ en plein territoire américain, pour des états comme le Montana (montagne à l’espagnole) ou le Vermont, en français vert-mont, en v.o ‘Green mountains State’, connu pour ses collines verdoyantes, capitale…? (5).

Les patronymes inspirés de ce type de lieu suivent la même règle; les plus connus sont certainement Montaigne (pour montagne, aucun doute là non plus, d’après la colline de Dordogne) ou Montesquieu (mont-esquiou, la colline risquée à monter); ou encore le chanteur de…Cahors Charles Dumont. Puisque le mot sonne bien, on peut même en faire un joli (et totalement artificiel) pseudonyme comme pour le jeune chanteur des années 1960 Jacques Bulostin dit Monty (ouf…) ou un personnage de roman comme Valmont (à la fois la vallée et la montagne) dans « Les liaisons dangereuses »). Idem pour l’acteur Ivo livi devenu Yves Montand (Montant, dans un premier temps!), etc…Et Marcel!

(1) « Amont Tour »…

(2) Cela n’aurait pas été désagréable non plus comme nom de scène, juste un peu plus long à dire. 

(3) Souvent à cause de l’Administration qui souhaitait faire disparaitre l’habitude occitane de faire sonner le ’t’, Miramon devenant alors plus ‘français’… 

(4) Voir la chronique complète en archive; idem pour ‘Montesquiou’

(5) Montpeller (sans le ‘i’!), tout ça grâce ou à cause de M. de Champlain.


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