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Armistice

C’est étonnant le nombre de personnes qui se réjouissent d’un jour férié comme celui du 11 novembre, tout en étant strictement incapables d’en déterminer la raison. Et, quand le mot leur vient à la bouche, il est très souvent bafouillé et confondu avec…’amnistie’ (1), l’un et l’autre n’étant d’ailleurs pas plus faciles à définir ou à dater pour nos contemporains (tout au moins en ce qui concerne l’Armistice). Allez, peu importe l’Histoire, voyons quelle est l’étymologie de ce ‘machin’ imprononçable, comme aurait dit le Général de Gaulle (2).

Le mot est latin, et il est formé de deux racines: arma (les armes) et le verbe ‘stare’ (dont -stice est l’une des formes substantivées) qui signifie se tenir, être droit, être…stable (même famille). Un armistice, c’est donc le moment où les armes s’arrêtent, où elles se tiennent tranquilles. Ce n’est pas encore la paix, c’est simplement une suspension des combats, un tout petit peu plus porteuse d’espoir qu’un simple «cessez-le-feu» qui se déroule, lui, sur le champ de bataille même; l’armistice suppose qu’on a déjà quitté le théâtre des opérations, rembarqué les blessés et ramassé les morts, et qu’on s’est (peut-être) mis autour d’une table pour discuter.

D’ailleurs, c’est probablement à cause de ce contexte quasi-exclusivement militaire que l’armistice est passé du féminin au masculin! Dans les premiers dictionnaires de l’Académie, on disait ‘une’ armistice, et le mot pouvait servir dans d’autres domaines que la guerre; mais, très vite, peut-être influencé par d’autres (rares) mots de même formation (interstice, solstice…(3), on a écrit et fixé ‘un’ armistice. Dans le déroulement des guerres, cet ‘arrêt des armes’ se classe donc après le cessez-le-feu (temporaire, le temps de réfléchir), après également la trêve (idem, mais un peu plus long, le temps de vendre quelques joueurs de foot), mais avant la capitulation (la phase où on «baisse la tête» -cap- devant l’adversaire) et enfin la signature du traité de paix. Ce qui était momentané devient donc définitif (enfin, en principe).

Puisque l’armistice pose parfois des problèmes d’articulation à nos contemporains, je suis allé voir dans quelques langues voisines si le machin était plus facile à passer. Aucun espoir du côté anglais, qui emprunte sans vergogne un mot aux autres dès qu’il s’agit d’un terme technique, puisqu’on dit ‘armistice’ (un confrère britannique soutient modestement que les armées de la perfide Albion n’ont jamais eu besoin du mot puisqu’ils n’avaient pas l’habitude de perdre les batailles). Aucune aide non plus du côté des langues romanes (espagnol, portugais) où un ‘armisticio’ est de rigueur. Finalement, ce sont les mots germains qui vont être les plus explicites: en néerlandais (wapenstilstand) comme en allemand (waffenstillstand), le mot décrit précisément l’opération; waffen (wapen), les armes + stil(l)stand, l’arrêt; avec même (pour une fois) un grain de poésie allemand dans le synonyme «waffenruhe», littéralement ‘la tranquillité’, ‘la quiétude’, bref, le silence des armes. Alors, forcément, il n’y a plus qu’à se taire.

(1)Il paraît qu’on doit la confusion initiale au jeune…Bonaparte!

(2)Le ‘machin’, c’était au sujet de l’ONU.

(3)Si vous trouvez (sans dictionnaire des rimes)), écrivez-moi.


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