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Bareigts (Ericka)

C’est grâce à une mission ministérielle -tardive- en Guyane que vous connaissez le nom de la  »ministre des Outre-Mer » (des quoi?), ex- »Secrétaire d’Etat à l’Egalité Réelle » (ah bon, il y a des égalités irréelles ou sans doute des inégalités réelles), femme politique d’origine réunionnaise et cauchemar des journalistes radio ou tv qui ne savent jamais trop comment prononcer correctement son nom: prudemment à la parisienne, «Barré»; à la bretonne, «Barrech» ou «Bareig»; à la gasconne, «Barretss», alors qu’il (lui) eût été si facile de garder son nom d’état-civil…Couderc.

Paule Ericka est effectivement née Couderc (logiquement nom de son papa) à St-Denis de la Réunion, patronyme ‘importé’ de la métropole d’après un nom plutôt répandu dans le sud (au moins dans la version avec un C, mais on trouve aussi des Coudert dans le centre du pays); le mot a vraisemblablement été construit sur un terme d’origine occitane (coderc), qui désigne un espace en friche ou inculte, le plus souvent situé le long d’un bâtiment ou d’un chemin (donc relativement restreint et pas forcément ‘en coude’ comme on le croit parfois). Il s’agit donc d’un toponyme, un surnom décrivant les caractéristiques d’un lieu, comme on en trouve souvent. Or, pied-de-nez étymologique inattendu, le matronyme (nom de maman*) qu’elle a gardé signifie exactement le contraire!

Car Bareigts, probablement arrivé dans l’océan indien après moult péripéties au cours des siècles, vient d’une racine…pyrénéenne, ceux qui pratiquent le ski auront déjà sûrement pensé à la station de Barèges (Htes-Pyrénées), dont la prononciation se rapproche le plus de la réalité; en fait, Bareigts se dit ‘baretche’ (ou à peu près), en vertu d’une terminaison typiquement béarnaise qui donne bien du fil à retordre aux touristes qui passent près d’Orthez, à Baigts-de-Béarn (pas ‘Bé’, et encore moins ‘Bègue’ de Béarn mais ‘Batche’, dont les habitants sont d’ailleurs des Batchois). Tous ces noms sont formés sur une variante du gascon ‘vath’ (la vallée), dont le V initial en patois va classiquement alterner avec le son B en ‘français’; le village de Barèges s’appelle d’ailleurs…Varetjà à l’origine.

Tout ça pour en arriver à dire que Bareigts, lui aussi, vient d’un ancien ‘vareigts’ ou ‘vareit’ gascon, qui qualifie cette fois une terre en jachère; attention, jachère ne signifie pas une terre abandonnée mais simplement en repos avant un prochain ensemencement, c’est donc un terrain utile et entretenu. Le gascon, comme d’autres termes proches en languedocien ou en provençal, remonte d’ailleurs au verbe latin ‘vervago’, qui signifie retourner (la terre!); son participe passé (vervactum) s’est transformé en ‘berbactum’, puis ‘beractum’, ‘barectum’ (en inversant le son des voyelles) puis enfin barei(g)ts par une suite d’opérations complexes entre la chute de l’Empire romain et les invasions germaniques.

Couderc-Bareigts représente donc un double toponyme à la fois complémentaire et contradictoire, mais la coïncidence fait qu’il est à chaque fois question de terrain. Finalement, pour une ministre en mission, l’expression ne tombe pas si mal, y compris étymologiquement.

(*)…bien que les informations divergent sur le sujet en raison d’une filiation un peu complexe.


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