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Baudelaire (Charles)

…de la morale, lui qui cultiva si brillamment « Les fleurs du mal »? A l’occasion du centenaire de sa naissance, en ce printemps qui peine déjà à laisser de la place aux sujets sur l’espace entre deux lignes de statistiques morbides sur un virus, il ne reste plus qu’à espérer profiter de l’été pour emporter sur les plages quelques lignes d’une oeuvre à couper au couteau. Y compris étymologiquement!

Ce ‘baudelaire’ très correctement francophone est en fait la personnalisation d’un terme technique appartenant au vocabulaire des armes et qui désigne, depuis le Moyen-Age, une forme de poignard ou d’épée courte et recourbée. On trouve d’autres variantes ‘bazelaire’ ou ‘baselaire’ en ancien-français, qui sont à la…base du mot, peut-être tout simplement en raison d’une partie élargie près du manche, ce qui formerait un socle (premier sens de ‘base’) pour la meilleure prise possible. 

Du coup, le baselaire, puis badelaire ou baudelaire devient par métonymie (1) l’homme qui empoigne le couteau, et probablement pas pour découper une tranche de pain. Il y a donc une racine en ‘bade-‘ ou ‘badel-‘, suivie d’un suffixe de métier ou de fonction pour ainsi dire, en ‘-aire’ (2); tout comme, dans les arènes romaines, le réti-aire désignait le gladiateur qui se battait au filet (rétis, en latin) ou le sicaire, l’homme de main équipé d’une petite épée (sica).

Il n’empêche qu’au 11ème siècle, l’une des formes de transition vers ce baudelaire a été le latin de bas-empire ‘baselardus’, un baselard au son péjoratif qui fut un temps affecté à bien autre chose qu’une fine lame brillante, puisque, comme souvent à cette époque, tout instrument pointu et pénétrant se retrouvait systématiquement dans le langage vulgaire pour désigner le sexe masculin (3).

Moins grossier que braquemart et plus poétique que gourdin, le baudelaire hésite donc entre violence et volupté comme dans l’oeuvre de Charles; un souci que n’avait sans doute pas son homonyme – étymologique – Bazelaire (Paul), violoncelliste et compositeur français (mort en 1958), davantage entrainé à manier l’archet que le cimeterre de poche.

(1) Figure consistant à désigner la partie pour le tout, comme ici, l’arme pour le porteur.

(2) Un bibliothécaire, un légionnaire, un libraire ou un…fonctionnaire.

(3) Voir l’article sur l’ex-ministre Sylvie Pinel (décembre 2016), ou mieux encore sur l’écrivain Mathias Enard (novembre 2015)…


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