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Béchu (Christophe)

…ou plutôt son bec dans un certain nombre de domaines puisque son terrain d’action(s) – la Transition Ecologique et la Cohésion des Territoires – va l’amener à picorer des informations de tous côtés. Vous avez déjà compris que son patronyme vient d’une variante du mot ‘bec’; mais ce qui ne vient pas forcément à l’esprit (donc à la bouche) immédiatement, c’est le nombre de sens que cet appendice a pu donner chez les humains…

A l’origine, il y a un terme de latin ordinaire qui est ‘beccus’, devenu de façon très attendue ‘bec’ en français; la chose désigne évidemment le ‘nez’ des oiseaux qui leur sert de bouche, d’où l’équivoque permanente: au fil des siècles, le bec des volatiles est d’abord une onomatopée, ainsi baptisé sans doute parce qu’il faisait un bruit à peu près similaire en tapant sur un tronc ou sur un objet (bek, pek, pik), explication basique mais les linguistes n’en voient pas d’autre.

Or, cet outil naturel étant localisé à la place du nez des humains qui, eux, bénéficient d’un orifice inférieur appelé bouche, il prend alors le sens d’organe de la dégustation: à l’époque de Molière, les Dubec(q) et surtout les Bonbec(q) désignaient de gros mangeurs ou, parfois, des gastronomes, des gens qui savaient ‘goûter du bec’ c’est-à-dire des gourmets. C’est évidemment le sens qu’on a gardé pour les oiseaux qui donnent la bec-quée à leurs petits (ils leur donnent à manger avec le nez, quoi).  

Mais comme la bouche de l’homme (ou de la femme) ne fait pas que se remplir le bec, et peut émettre un certain nombre de sons, le mot va prendre le sens figuré de ‘moulin à paroles’ d’où le surnom de gens bavards, « qui ouvrent leur bec -trop- souvent ». Mieux (ou pire) encore: non seulement ces bavards font du bruit mais en plus ils sont médisants…

On va donc, selon les régions et les habitudes du patois local, les gratifier de Béchard, Béchier, Béchot ou encore (entre autres) Béchu; et jusque dans le parler breton où un ‘Becam’ (beg-kamm en v.o) ira jusqu’à désigner un homme qui a la bouche de travers, signe qui sera pendant longtemps assimilé à une intervention du diable, comme grosso-modo tous les handicaps ainsi interprétés par nos ancêtres. Les dérivés composés n’échappent pas à la même veine, comme les Beccavin (becs à vin) forcément ivrognes; au contraire des heureux ‘bec-à-miel’ (pour des raisons de douceurs sucrées réelles ou de paroles gentilles) qui deviendront des Becamel puis…Béchamel, tout cela reste donc dans la même sauce.

Alors, Béchu (ou Béchut, mais aussi Béchou) marque peut-être quelque chose de plus concret et fidèle au premier sens: dans le Nord de la France – et également en région wallonne – le nom s’applique à quelqu’un qui a un nez long ou en tous cas pointu, caractéristique physique pas forcément exagérée mais immédiatement remarquée par nos contemporains qui s’extasient (ou pas) sur ‘le nez en trompette’ des nouveaux-nés (après, ils n’osent plus le dire).

Ce qui n’exclut pas quand même le qualificatif d’une personne qui ne peut pas s’arrêter de parler ou qui a un avis sur tout. Pour terminer, ce n’est pas préjuger du discours de notre ministre ni des équipes féminines qui l’accompagnent que de signaler que, comme d’habitude hélas, la tradition patriarcale (et donc machiste) a mis dans le bec du vocabulaire français deux noms, un commun et l’autre pas…

D’une part, le petit oiseau limicole affublé d’un long bec (*) va forcément prendre le nom de…’bécasse’; et la fille que tout le monde connait dans les histoires et qui dit n’importe quoi (ou qui a un langage que personne ne comprend à Paris, le breton!) sera donc baptisée…Bécassine! Ce qui se passe de commentaires, sauf étymologiquement bien sûr.

(*) On ne parle pas ici de cigognes…


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