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Blâme

…par un certain nombre d’institutions, entre réprimande ou rappel à l’ordre et exclusion définitive ou radiation. C’est ce dont a écopé le très contestataire (et contesté) docteur Raoult, dont il a évidemment déjà été question ici (1). Profitons-en, pour une fois, pour décortiquer ce mot un peu effrayant alors qu’il est tout simplement commun, du moins à l’origine.

La racine du mal – je veux dire du blâme – n’est en fait qu’une simple histoire d’erreur, si l’on en croit les Grecs qui ont ‘inventé ‘ la chose. Pour bien comprendre, il faut d’abord rappeler qu’il y a en français un certain nombre de mots ‘jumeaux’ (de même mère, ou matrice) qui, comme certains humains, ne se ressemblent pas vraiment (2). En clair: un même terme grec ou latin a parfois évolué dans deux registres différents, un dans la langue (parlée) ordinaire et donc qualifié de ‘vulgaire’, ce qui ne veut pas dire grossier mais simplement venant du peuple (vulgus, en latin).

L’autre évolution se manifeste dans un langage dit ‘savant’ (plutôt écrit) c’est-à-dire académique, littéraire, médical ou juridique, donc dans un registre de connaisseurs dans un certain domaine. Aujourd’hui, on appelle ça un ‘jargon’: essayez de comprendre du premier coup la lecture d’un acte de notaire ou d’un compte-rendu médical sans dictionnaire (ou formation)! Tout ça pour dire que ‘blâme’ est en fait la contraction du grec ‘blasphémo’, qui a donné également blasphème, comme vous l’aviez deviné.

‘Techniquement’ parlant, blasphémo va se contracter en ‘blasémo’, puis ‘blâeme’ (avec le ’s’ qui devient accent circonflexe) et enfin blâme (que vous devriez prononcer ‘blâââme’, mais qui risque de vous faire passer – au mieux –  pour prétentieux). Donc blâme va être le mot ‘simplifié’ réservé au langage courant, la ou les religions s’appropriant la version davantage ‘cryptée’ de blasphème. Et, comme vous le savez, il n’y a pas loin du blasphème au blâme, l’un est rapidement devenu -au minimum- la cause de l’autre. 

Or, le sens originel de ‘blasphémo’ est une erreur de…langage. Le problème est qu’il ne s’agit pas d’un simple lapsus mais d’une volonté plus ou moins délibérée de se tromper dans les prières ou le rite – forcément religieux – que l’on doit rendre à une divinité. Ce sont principalement les Romains qui, après avoir piqué le mot aux Grecs, ont figé cet usage, décrétant qu’une erreur dans la prononciation des mots sacrés était une véritable injure. 

Par différenciation donc, si le blasphème est resté dans les temples ou les églises, le blâme est descendu dans les cours pour qualifier les mauvaises paroles que l’on dit sur (ou contre) quelqu’un, soit une critique, une attaque voire une injure…Signalons pour finir que le contraire de ‘blasphémo’ est ‘euphémo’ (parler bien) ce qui a donné évidemment euphémisme, c’est-à-dire une façon de…dire de mal tout en ayant l’impression de dire du bien de la personne! Vous n’y aviez peut-être pas pensé, mais je ne vous en blâme pas. Même étymologiquement.

  1. Voir sa chronique de mars 2020 en tapant le nom dans le champ de recherche.
  2. Exemples: le latin ‘navis’ (un bateau) a donné aussi bien naval que nef; l’adjectif ‘fragilis’ a donné fragile mais aussi frêle, etc…

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