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camelot !

C’est le petit-nom dont le député UMP Claude Goasgen a récemment affublé le président François Hollande, en référence à sa tournée de visites d’entreprises, lui conseillant par la même occasion de profiter de ses vacances, au lieu donc de «faire le camelot» (qu’eût-il dit dans la situation inverse? Mais c’est sans doute une autre histoire). Toujours est-il que voilà le plus haut personnage de l’Etat qualifié de vendeur de rue (ou quasiment), quand ce n’est pas de ‘VRP du patronat’ quand il signe des contrats d’Airbus et autres fleurons de l’industrie nationale. Ici, le mot a presque l’air d’être une injure, vu le sous-entendu misérable qu’il évoque; et il faut bien dire qu’étymologiquement parlant, ça ne s’arrange pas.

Mettons tout d’abord les choses au point: ce camelot-ci n’a rien à voir avec Kaamelot, mythique château du très probablement aussi mythique roi Arthur (dites à vos enfants que ce n’est pas qu’une série télévisée de la fin du 20è siècle); l’origine linguistique de la méga-salle à manger des Chevaliers de la Table Ikéa serait due à deux racines celtes (what else?): Kar (ou Ker en breton), qui désigne ici une habitation fortifiée + mel(l)o, terme gaulois évoquant une colline. Le-dit château étant censé se situer dans les environs de l’actuelle ville de Carhaix, la topographie a l’air d’être logique (pays de collines, et de Charrues parait-il).

Autre fausse bonne piste, celle du c(h)améléon, ou du chameau, qui sont de même poil, malgré les apparences. Sur une racine proche, on a eu pendant plusieurs siècles des mots en rapport avec la pelisse de l’animal (le camelot justement, sortie d’étoffe de laine empruntée à un mot arabe), puis la ‘chameline’, ou pomme naine (d’après son étymologique grecque); mais aussi quelques patronymes, comme Camel (pour les fumeurs), Camelat ou Camelon, mais jamais Camelot, probablement pour éviter l’équivoque avec ce qui suit. Petite remarque au passage: tous ces surnoms ayant pour origine le vaisseau du désert ne désignaient pas des vendeurs de peaux mais des gens…aux longues jambes (ouf, on a échappé aux deux bosses)!

Nous voilà donc avec la came, la vraie, celle qui titille notre député en vacances. Pour une fois, on va suivre les choses dans l’ordre le plus chronologique possible: il était une fois un mot de la langue provençale (très vivante à l’époque du Moyen-Age), qui était ‘caim’. Ce petit substantif va donner naissance à ‘celui qui caim’, à savoir le ‘caimand’; rien à voir avec le reptile des marais, car, si vous l’écrivez ‘à la française’, cela donne ‘quaimand’ puis ‘quémand(eur)’, c’est à dire celui qui mendie. Le premier sens est donc celui de mendiant…Deux à trois siècles plus tard, le demandeur (d’emploi) s’est trouvé un petit CDD: il ne sollicite plus que les clients dans la rue, car il est devenu vendeur ambulant, et va rapidement se spécialiser en mercier, proposant boutons, aiguilles et autres faux-bijoux décoratifs dans son panier à bretelles.

De fait, son destin est cousu de fil blanc: à partir du 19è siècle, c’est devenu le terme générique pour tout colporteur, y compris et surtout celui qui cherche à fourguer de la marchandise pas toujours de très bonne qualité, bref, il propose de la…camelote, bien sûr. Pire sera la version courte du mot, avec cette ‘came’ rapidement réservée à de la mauvaise drogue, puis à la plaisanterie bobo des variétés télévisées (‘Mireille Mathieu, c’est pas ma came’…). Dans les années 1930, le seul qui s’en tirera honorablement est le ‘camelot de presse’, surnom -temporaire et sans avenir- du colporteur de journaux, autrement dit le crieur de rue («Demandez le Herald Tribune» comme disait Jean Seberg chez Godard).

Alors, le président en tournée vend-t-il de la mauvaise marchandise? Il n’y a peut-être qu’un chameau pour le prétendre, mais ce serait sans doute colporter une rumeur…


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