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Camouflet

…plus il y a de ‘A’ mieux c’est, au risque de faire passer ceux qui sont l’objet de ce classement pour ce qu’ils ne sont pas; c’est en tous cas ce que pense le ministre de l’Economie en constatant la dégradation de la ‘note française’ qui vient d’être abaissée de AA à AA- (ça fait cinq ‘a’…à la suite). En effet, l’agence – américaine, what else? – Fitch Ratings Limited, qui juge la fiabilité des politiques gouvernementales, a estimé très négative la période de tensions qui traverse actuellement la France. De façon assez unanime, les médias ont rapidement titré sur ce « camouflet » infligé au pays, en pensant éviter de citer une ‘gifle’ trop vulgaire. Et en fait, c’est pire…

Etymologiquement, un camouflet est d’abord un diminutif, caractérisé par ce suffixe en ‘-et’; exemples parmi des centaines d’autres, un tonnelet est un petit tonneau, un bassinet un petit bassin, un châtelet un petit château, ou encore un garçonnet un petit garçon qu’on appellera également, de façon plus vulgaire, un…mouflet, exactement de même racine que le ca-mouflet! Car l’un et l’autre ont pour racine profonde (initiale, si vous préférez) une histoire de ‘moufle’. Si vous habitez un endroit du globe où il fait froid, vous connaissez sans aucun doute l’un des trois homonymes de ce mot, celui qui concerne une sorte de gant dont seul le pouce est découpé, le reste des doigts s’engageant ensemble dans une main fabriquée dans du tissu souple ou…’muffle’, d’où le nom.

Ce muffle-là (avec deux ‘f’) n’est pas directement concerné par le ‘mufle’ (le museau) des animaux, et encore, on n’en est pas sûr car le sens originel désigne quelque chose de mou. Selon les matières et les situations, cela pourra être un terrain spongieux, un tissu moelleux ou un nez humide, d’où l’équivoque. Toujours est-il qu’au 18ème siècle le verbe ‘mouffler’ (ou moufler cette fois) évoque le gonflement des joues – forcément molles – qui équivaut au verbe souffler (si on gonfle les joues, c’est pas pour s’étouffer), le sens est encore usité dans le nord de la France et en territoire wallon.

Or, depuis bien avant, on parle de ‘chault-moufflet’ en ancien-français; le premier mot est une graphie (une écriture) de ‘chaud’ en orthographe de langue d’oïl, qui deviendra la syllabe ‘caud-‘ ou ‘cald-‘ en version langue d’oc (chaudière > caldera, par exemple). Donc, si le second terme représente un petit-mouffle autrement dit un petit-souffle, c’est qu’il s’agit d’un…soufflet. Un camouflet, c’est donc un (coup de) ‘souffle-chaud’.

Dès le 16ème siècle, la combinaison des deux décrit très exactement une bouffée de fumée que l’on envoyait avec un cornet en papier au nez de quelqu’un que l’on veut narguer voire humilier. D’où le sens cumulé et parallèle de soufflet à l’époque de Molière, c’est-à-dire une gifle donnée avec un gant (la moufle!) pour ne pas s’abaisser à toucher la joue de son ennemi et encore moins s’approcher pour lui cracher au nez (sans compter qu’il faut allumer le cornet, aspirer la fumée, ça prend du temps et l’autre peut toujours dégainer entre-temps).

Pour terminer, sachez que, pendant longtemps, le langage vulgaire a utilisé le mot pour un type de vent que l’on lâche au nez de son voisin, sans faire pour autant de la fumée (sauf préparation spéciale) mais un certain fumet…Dans tous les cas, moufflet, mouflet, moufle ou camouflet s’utilisent semble-t-il dans des contextes d’affrontement pour afficher un certain dédain; la preuve: on giflera un adulte mais on donnera un camouflet à un gamin, ce qui ne fait qu’ajouter à un mépris qui peut s’exprimer en écopant d’une mauvaise note mais aussi par un jet d’oeuf, un coup de sifflet ou un carton rouge. Y compris étymologiquement.


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