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Le Canard Enchainé

Oui, je sais, pas beaucoup de chroniques en ce moment, mais pas beaucoup d’actualité ‘intéressante’ non plus; tous les noms d’hommes (et femmes) politiques ont déjà été traités. On s’en tient donc aux ‘anniversaires’*...

C’est le seul mot de la langue française qui pourra être, selon les circonstances, ‘gras’, ‘mouillé’, ‘musical’ ou ‘Enchainé’, tel le journal satirique qui fête sa centième année en ce moment. Bon, «Le Canard Enchainé», tout le monde connait, ou presque; il n’est pas même nécessaire de l’avoir lu pour en lire (ou en entendre) régulièrement des extraits dans les revues de presse diverses. Selon les périodes (politiques), cela serait même parfois le Canard ‘déchainé’; or, savez-vous exactement quelle est l’origine de ce mot si banal dans lequel certains ont pu laisser des plumes? Etonnant…

Au temps de Romains, le canard est en fait un…’anar(d)’, ou plus exactement un ‘anas’. Ce qui signifie qu’il ne possède pas -encore- cette initiale cassante, cancanante, canardante, couinante, enfin tout ce qui vous voulez, qui lui vaudra son orthographe moderne. Car, dans le sillage (de l’eau et) du courant de ce mot latin, ‘anas’ va donner ‘asne’ en ancien-français, ce qui va nous permettre d’éclairer une expression française bien connue.

En attendant, cet ‘asne’ – qui ne se transformera pas en…âne comme on pourrait logiquement s’y attendre avec le passage habituel du ‘s’ en accent circonflexe – va se téléscoper un jour avec un autre mot aujourd’hui périmé qui est ‘caner’, et qui signifie quelque chose comme crier, faire du bruit (et plutôt un son désagréable); c’est à ce moment-là, pense-ton, que l’asne va devenir la ‘cane’, animal d’abord majoritairement femelle donc, puis mâle en écopant d’un suffixe lui-même suffisamment sonore en -ard pour en faire une ‘cane qui braille’. De là viendra également le sens figuré de la fausse note jouée par un musicien, sur une disharmonie entre deux tons qui donne un résultat aussi ‘enroué’ que le cri du palmipède.

Et figurez-vous que la cane a aussi fait parler d’elle chez les…chiens, puisque la même racine a permis de qualifier non pas une race qui chasse mais qui, dès le 18ème siècle, se jette volontiers à l’eau comme un caneton derrière sa mère, le…caniche! Quant à l’expression évoquée plus haut, il s’agit de la très galvaudée «sauter du coq à l’âne», qui exprime une pensée spontanée mais illogique, sans lien avec le contexte du discours. Evidemment, passer d’un sujet à un autre sans rapport, cela pourrait être illustré par un coq et un âne qui ont peu de points communs apparents. Mais pourquoi spécialement ces deux-là, et pas une souris et un éléphant, tant qu’on y est?

C’est tout simplement que le premier sens est autrement plus (et mieux) imagé: pour nos ancêtres, majoritairement paysans pendant des siècles, la plus grande des incongruités était de vouloir, dans la basse-cour, faire…sauter -au sens très précis de ‘saillir’- (par) le coq la (c)asne, autrement dit de tenter une génération totalement impossible entre deux races bien distinctes, situation dans tous les cas aussi inattendue que de changer de sujet de discussion sans aucune logique.

Ce dont pourtant ne manquait pas le Canard quand il fallait passer d’un article à l’autre sans lâcher l’objet de ses cancans. Y compris étymologiquement.

(*) Et si vous avez des suggestions, n’hésitez pas!


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