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cartable

C’est aussi la rentrée pour Etymo-Logique, qui s’intéresse cette saison à l’analyse des noms ‘communs’ qui apparaissent à la Une des médias, et ce ne sont pas toujours les mots les plus simples qui sont les plus ‘évidents’, tel celui qui est en titre. Le bourdonnement (buzz) de cette rentrée vient de l’Ouest parisien, plus précisément d’une commune dont la mairie a la générosité d’offrir aux scolaires un équipement complet, avec une trousse à écrire complète dans le cartable. Mais cette année, l’initiative en voit de toutes les couleurs (enfin, au moins deux) et fait polémique: il faut dire que l’on n’a pas fait dans la nuance…

Code obligatoire: rose vif pour les filles, bleu profond pour les garçons, assortis d’un opuscule pour faire des bijoux dans l’un, et d’un manuel pour construire des robots dans l’autre: le premier qui se trompe dans l’attribution des couleurs et des rôles en lisant cette phrase, a gagné le droit de revenir quelques siècles en arrière…L’article-cauchemar des retours de vacances anticipés dans les allées des grandes-surfaces n’est d’ailleurs pas si vieux: les premiers cartables, sous la forme et au sens où nous l’entendons aujourd’hui, ne datent que de l’entre-deux-guerres, et encore étaient-ils le plus souvent en papier mâché. Voilà qui tombe bien: c’est quasiment son étymologie!

En fait, soyons précis: la racine originelle renvoie au latin ‘charta’, qu’il faut prononcez…carta, puisqu’elle vient elle-même du grec ‘kharté’ qui désigne du papier, très exactement une feuille de papier. Or, une feuille de papier n’a d’intérêt que par ce qu’il y a écrit dessus, et c’est là que commence une longue histoire. Remarquez d’abord qu’il existe bien dans notre vocabulaire un mot très fidèle au terme initial, pour définir un papier sur lequel on a inscrit les règles (par exemple) d’un système ou d’une entreprise; et pour une fois, l’orthographe nous aide, puisqu’il s’agit de la ‘charte’!

Pour le reste, on va utiliser un diminutif très ‘vulgaire’ (du latin post-classique, populaire, qui va, pour ce qui nous concerne, se mélanger au gaulois et autres parlers du pays pour donner le français); il s’agit donc de cette ‘carta’, pas encore ‘postala’, puisqu’elle qualifie aussi bien une tablette à écrire (déjà un Ipad?) qu’une simple feuille de lettre, puis enfin un livret; en effet, à l’époque, les bouquins ne sont pas très épais, et la ‘carta’ désigne toujours le contenu écrit davantage que le support lui-même, à tel point que le mot signifiera parfois ‘poème’…La preuve, quand vous écrivez ‘une carte’ à votre grand-mère qui n’a pas internet, cela désigne bien -aussi- ce que vous lui racontez, en plus de la photo du camping. La seule allusion au support va permettre, plus tard, de créer le mot qui définit la matière de la carte; pour cela, on va utiliser le diminutif ‘-on’, et, sans avoir l’esprit rigide, on peut dire que l’idée fera un carton.

Parallèlement, notre ‘carta’ latine continue sa carrière dans ce que l’on appelle le ‘langage savant’: au 17è siècle, le sens est encore celui, fidèle, de ‘registre de papier’ (feuille format A3 sans doute), puis de…portefeuille, lequel est bien un objet pour ranger de petites feuilles particulières imprimées que l’on nomme billets. De la même façon, un portefeuille ‘ministériel’ n’a rien à voir avec le fric mais avec la somme (symbolique) des documents et dossiers afférents à la fonction et qui devront être connus du ministre. (C’est d’ailleurs Rabelais qui, constatant la matière de la couverture des-dits dossiers, du cuir en provenance du Maroc, les appellera le premiers des…maroquins, évidemment).

Le porte-feuilles (scolaire) qui va prendre du volume sera qualifié du mot latin de ‘boite à feuilles’, littéralement: carta-bulum, ce qui vous laisse entrevoir immédiatement notre cartable actuel, autrement dit une sacoche de cuir (la boite) dans laquelle on range les papiers que l’on a écrits à l’école (les cartes), et le tour est joué. Jusqu’à l’année prochaine.


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Un commentaire au sujet de cartable

  1. bravo et merci! faut dire les choses comme elles sont. et je trouve que vous etes encore tres sympa! Jean François, Rodez

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