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Cayeux (Caroline)

…toujours à ce qu’on dit. Ou parfois, on ne dit toujours pas ce qu’on pense, allez savoir. En tous cas, le dérapage verbal de la nouvelle (12 jours, à mise en ligne de cette chronique) ministre déléguée chargée des Collectivités Territoriales a fait bondir quelques populations s’estimant ciblées par cette tournure de phrase il est vrai un rien condescendante (1).

Bon, géographiquement, on ne peut nier que la dame vient ‘d’en haut’ puisque la souche familiale est clairement d’origine picarde, très probablement sous forme d’un toponyme (un nom de lieu) en rapport avec la commune maritime de Cayeux (ou Cayeux-sur-Mer, précisément) en Baie de Somme, entre Manche et Marquenterre (Parc naturel régional).

Si une Cayolaise n’a rien à voir avec un cayolar (en béarnais, la cabane en pierre qui sert d’abri aux bergers des Pyrénées), son nom vient tout de même d’une évolution ancienne du 11è siècle, d’après le terme ‘cayeu’ ou bien ’cailleux’, première orthographe de…cailloux en gaulois. La diphtongue ‘ou’ (2) s’est implantée plutôt en langue d’Oc (au sud) alors que le ‘eu’ est davantage caractéristique de la partie nord de la France. 

En moins de deux siècles, le nom se stabilise rapidement de ‘Caio’ en…’Caiou’ (début 12ème) puis ‘Caiodo’ (sous influence germanique) et enfin un Caieu normalisé par les Académies parisiennes en Cayeux (comme Bayeux, etc). Rien de bien original donc dans ce patronyme qui fleure bon les désormais « Territoires » (3) de notre pays, de création aussi banale que les Toulouse (on change de nombre d’inscrits), les Lyon, les Limoges  etc, sans parler des Normand, Limouzin ou Limouzy, Savoie ou Savoy, les Bourguignon, les Lebreton, bref du bon peuple de nos contrées.

Malheureusement – ou pas – le clin d’oeil étymologique quasi-habituel fait que certains Cayeux pourraient représenter non pas un emprunt au nom propre mais une sorte d’adjectif qualificatif; entendez alors ‘cayeux’ comme crayeux (ça tombe bien, ‘non loin’ des fameuses falaises blanches) et cela nous amène directement à la…caye, mot sur lequel se sont formés les Cayet, Cayard et autre Cayatte (4). Bon, pour bien comprendre, il faut changer de région et plonger un peu dans le vocabulaire local, en l’occurrence celui des habitants du Dauphiné ou du Forez. Ah oui, je ne vous ai pas dit: chez ces gens-là, une ‘caye’ est…une truie, tout simplement.

Voilà qui fait de nos Cayatte des ‘petits cochons’, et des Cayeux (à condition qu’ils soient implantés dans ces secteurs) des gens réputés pas très propres, au pire des cochons ou des cochonnes avec les connotations qu’on y attache parfois au sens figuré. Cette petite fracture dans la falaise laisse s’engouffrer un certain nombre d’interprétations qui jouent sur l’homophonie (le même son) entre caye et caille, l’oiseau qui ressemble à la perdrix.

Du coup, l’expression ‘ma caille’ («Salut ma caille ») serait bien plus rude qu’une simple allusion à un diminutif gentil doux et chaud comme le volatile en a la réputation; mais pas de quoi voler ici dans les plumes de la ministre, en tous cas étymologiquement.

(1) La remarque ministérielle vient s’ajouter au souvenir très sensible pour certains d’un ‘dessein contre nature’ qualifiant le mariage pour tous (2013). 

(2) Diphtongue : deux sons ou deux lettres (o-u / e-u)

(3) Voir la chronique de ce mot en archives… 

(4) Comme André, le très militant contre-la-peine-de-mort cinéaste, réalisateur entre autres de « Mourir d’aimer » (1971) ou « Verdict » (1974)


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