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Chatel (Luc)

L’homme politique dont on parle en ce moment (et l’un des derniers à ne pas figurer dans les archives de ce site) est le ci-devant Ministre de l’Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie Associative (si!), le bien-nommé Luc-Marie Chatel puisqu’il a l’occasion de fréquenter régulièrement «Le Château» (de l’Elysée)…Bon, ce n’est vraiment la vie de château pour lui en ce moment, mais, même si le patronyme est ‘transparent’ pour beaucoup d’internautes, il mérite qu’on le replace dans la grande classe des gens qui ont un rapport avec ce type de bâtiment.
Première remarque, quasi-systématique en étymologie, son lieu de naissance n’est pas forcément significatif puisqu’en l’occurrence il s’agit de Bethesda (Etat du Maryland, Etats-Unis). Mais, dès la génération précédente, on se rapproche statistiquement du foyer de création du nom, à savoir le quart nord-est du pays, du Nord à la Marne en passant par les Vosges et jusqu’à l’Orne (oui, je sais pour le nord-est, c’est un peu limite, mais c’est une exception). Dans tous les cas, il s’agit d’un mot de ‘langue d’oïl’, de la partie supérieure du territoire, et, presque systématiquement, au-dessus de la Loire.

Chatel (ou Châtel) est évidemment une allusion à un château, autant dire le point central de beaucoup d’activités pendant plusieurs siècles: le pouvoir local, la juridiction, les marchés, le repli éventuel en cas d’attaque, etc. D’ailleurs, le terme ne désigne pas forcément le propriétaire du lieu ni son occupant principal! Tous les patronymes formés autour de ce mot sont même souvent des surnoms ou sobriquets destinés aux gens qui soit habitaient tout simplement autour du château, soit y travaillaient, ou même qui en étaient les ‘fournisseurs’ (paysans, agriculteurs, chasseurs, etc).
Ce qui nous met étymologiquement  le ‘véritable’ châtelain (parfois écrit châtelin) au rand d’un simple ‘gardien de château’, sorte de locataire-gérant d’un propriété royale (ou ducale, ou comtale), et donc pas forcément avec le sens ‘noble’ ou riche qu’on lui donne de nos jours. Du coup, on trouve aussi des Châtelard, lesquels, comme les Châtelet, ont un rapport avec un petit-château, le ‘-ard’ final n’ayant pour une fois pas de connotation péjorative particulière…Un peu plus à l’ouest du pays, on va trouver des Châtelier, ou Lechatelier, ou des Château(x) tout court. Au fil des siècles, le surnom pourra d’ailleurs rester accolé à des familles n’ayant plus du tout de lien direct avec une éventuelle forteresse mais uniquement avec le lieu de leur naissance, où toute pierre a été rasée depuis longtemps.

Puisque Chatel est de langue d’oïl, son correspondant sudiste en langue d’oc est forcément Castel ou Castelet (ou Castellet, comme le circuit automobile provençal); la variante italienne devient donc forcément Castelli (comme l’humoriste), voire le diminutif Castellini, ou une forme plus lyrique comme Castiglione (la maîtresse de Napoléon III). Le patronyme Castelain existe également, avec moins de succès peut-être, tout comme Castellan, du côté du Vaucluse où il désigne bien exclusivement un gardien; même chose pour les communes du sud nommées Castellane, tout comme le marquis local qui offrit des terrains à la ville de Marseille qui le remercia en baptisant l’une de ses places les plus connues. Citons un dernier diminutif très ‘affectueux’, le Castelot, dont un certain André fouillera l’Histoire à la télévision.

Enfin, que ce soit avec ‘château’ ou ‘castel’, on conjugue le mot avec toutes sortes de qualificatifs ou de compléments. Du Châteauneuf (du Pape ou pas) à Castelnau, c’est toujours une histoire de nouveau site bâti. S’il appartient à un seigneur, on mentionne parfois son nom, comme Château-Bernard, Château-Renaud, voire Châteaurenard. Et même avec un très ancien propriétaire romain qui s’appelait Baïus, on créera le surnom que ‘celui qui vient du domaine de Baïus’, soit castel-baï-ac devenu Castelbajac bien sûr. Pour l’anecdote, il existe un ‘château’ qui n’a jamais connu de donjon mais qui…gazouille: il s’agit des Chateauzel, déformation d’un Chantoiseau ou Chantoisel normand (chante-oiseau / chante-oizel, chate-auzel), et dont l’équivalent occitan est bien Cantauzel, ce qui ne laisse alors aucune équivoque
Ce qui n’empêche pas Mr Chatel d’être aussi parfois un drôle d’oiseau…


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