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Cintegabelle (31)

…a remis un moment à la Une le nom de cette commune de Haute-Garonne, dont le plus célèbre résident et néanmoins conseiller général de canton fut l’(ex) Premier Secrétaire général du Parti socialiste Lionel Jospin. L’élégant mais énigmatique toponyme pose question à de nombreux lecteurs, hésitant entre une ‘belle…quelque chose’, ou ‘une quelqu’une en…ceinte’ (!), quand ce n’est pas carrément une méga-erreur d’orthographe d’une supposée Cinte (Sainte) Gabelle, comme le laisse supposer la graphie occitane sur l’image d’en-tête.

En bien si! Comme toujours, il faut faire confiance aux langues locales ou régionales qui ont précédé (et donc inspiré) le français de Paris, langue unique et centralisée décrétée comme ciment de la République par nos anciens ministres de l’Education. Il fut un temps pas si lointain où réprimandes et châtiments corporels attendaient les élèves qui ’s’oubliaient’ dans la cour de récréation en parlant le breton, le basque ou l’alsacien (entre autres).

Manifestement, les choses ont l’air d’être claires: la mention occitane en ‘Senta Gabèla’ étant la plus fiable, on peut comprendre (ou imaginer?) sans hésiter que le ‘cinte-‘ de l’écriture française est l’adaptation du très régulier et fréquent ‘sènt’ (au masculin) pratiqué dans tout le sud du pays…S’il y a(vait) donc une Sainte Gabelle, on doit bien en trouver trace quelque part, et c’est là que le bât blesse; tout ce dont on est à peu près certain, c’est que le mot est apparu à la fin du 10ème siècle, et qu’il se dit que l’évêque de Toulouse – le religieux est toujours une sommité à cette époque – avait confié à l’un de ses subordonnés la garde de l’église Ste-Marie où reposaient les restes de la-dite Sainte Gabelle, dont…on ne sait toujours rien.

Moins légendaire peut-être, pour ne pas dire carrément prosaïque, est l’explication très technique apportée par plusieurs linguistes qui commencent par s’appuyer, eux, sur la gabelle, terme relativement connu qui désigne une taxe sur les denrées entrée en vigueur au Moyen-Age, la plus connue étant le sel. Le mot français est emprunté à l’italien ‘gabella’ (même sens), lui-même formé sur…l’arabe ‘qabàla’ qui veut dire impôt. Du coup, double et même triple question: notre village n’étant certainement pas le seul a avoir été soumis à cette charge, pourquoi ne retrouve-t-on pas le même raisonnement dans de nombreux autres sites? Le cas échéant, en quoi la gabelle locale était-elle particulière? Et surtout, que faire désormais de cette ‘cinte’ ou ‘senta’ devenue bien encombrante et à tout le moins peu logique? Sans compter que la taxe en question n’est répertoriée dans les registres que deux à trois siècles plus tard…

Et si, pour une fois, la forme actuelle ‘cinte-‘ était la plus plausible, car elle peut être une transposition quasi-identique du latin ‘cincta’, participé passé d’un verbe qui signifie entourer, et particulièrement nouer avec une lie, pour ne pas dire…cein(c)turer! C’est exactement l’image qui pourrait s’appliquer à un travail des champs très ordinaire dans la France du millénaire: partant du principe que ‘gabèla’ existe également en occitan sous la forme ‘gavèla’ (avec une alternance b/v très commune), on arrive alors à l’ancien français ‘javelle’, c’est-à-dire une gerbe de blé que l’on n’a plus qu’à ‘ceindre’ (nouer) avec une autre tige pour fermer la botte et stocker le faisceau!

Dans tous les cas, d’accord ou pas, on ne saurait reprocher aux Cintegabellois(e)s de s’être donné un petit coup d’espoir en se créant un ‘hagiotopnyme’ (un nom de lieu basé sur celui d’un saint); après tout, rien de mieux que d’invoquer le Ciel quand il s’agit de préserver les ressources de la Terre. Même étymologiquement!


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