Collard (Gilbert)

…tenait dans sa main un suffrage » ou presque, suffisamment en tous cas pour monopoliser en quelques minutes l’attention des médias (et celle de son nouveau suzerain, sans aucun doute). Est-ce à dire pour autant que ce ‘collard’ est un dernier coup de ‘collier’ ou une façon de ‘re-coller’ à un nouveau parti, comme le laissent volontiers entendre ses anciens partisans ? En réalité, ni l’un ni l’autre, étymologiquement bien sûr…
Contrairement à son apparence, un collard n’est pas un collaro (*), comme un certain Stéphane d’ascendance italienne qui deviendra le promoteur du strip-tease télévisé dans les année 1980; celui-là a une chaine ou au moins un collier dont la provenance et la signification pouvaient être multiples dans l’Histoire de la péninsule, depuis la simple chaîne qui permettait à certains pêcheurs de relever les filets jusqu’à la distinction honorifique (« le Grand Collier » d’une décoration); mais là n’est justement pas la question.
Si vous n’aviez pas déjà votre petite idée, procédons par approches pour identifier ce Collard, dont l’orthographe peut facilement varier en Collart, voire Collas. Et, toujours d’un point de vue phonétique (ce qui ne change rien à l’évolution du mot), on peut dès lors tout aussi bien l’écrire…Colas, abréviation très répandue et familière du prénom Nicolas. En effet, que ce soit dans le nord de la France ou en Provence, les Colas sont tout aussi nombreux dans les maisons que les Nico, autre façon de créer un surnom à ce prénom pourtant simple !
Nico- ou -Colas illustrent d’ailleurs un phénomène linguistique bien connu et plusieurs fois illustré ici: dans une volonté de faciliter la prononciation ou de réduire la complexité d’un mot, se forment souvent dans les familles des ‘hypocoristiques’, sortes de diminutifs quasi-systématiques quand on veut donner une nuance affective au nom de baptême déjà choisi (le plus souvent par le parent lui-même, évidemment). C’est ainsi que Philippe devient Fifi, Henri devient Riri, et Jean-Louis Loulou, pour ne citer que les moins ridicules. Et, pour l’opération, on procède à un effacement de la dernière syllabe (une apocope) qui fait de Nicolas un Nico, ou de la première (une aphérèse) qui nous donne donc Colas. Ou Collas; ou Collard. CQFD (Ce qu’il fallait dégommer).
En plus de tout ça, les (ni)Colla(rd) ont d’autres variantes, comme les Collaert typiques d’une influence flamande (donc en Belgique et Hauts de France, au moins), mais aussi les Collaseau du Val de Loire, les Collasson du Limousin et même quelques Collasse du Languedoc à la sonorité quelque peu équivoque…Alors que le ‘vrai’ Nicolas, avant de devenir l’autre barbu distributeur de cadeaux du mois de décembre, est une adaptation d’un surnom grec dont les deux racines (nikê/nikos-laos) renvoient respectivement à une idée de victoire et de peuple.
Vous en saurez d’ailleurs beaucoup plus en consultant dans ces archives le pedigree (étymologique) des nombreux porteurs très connus, comme Dupont-Aignan, Canteloup, Hulot, Mahut, Appert ou Sarkozy évidemment, le tout sous la houlette d’un ‘Saint-Nicolas’ (à taper) qui résume tout. Bonne lecture!
(*) Avant de prendre un majuscule pour devenir ‘propre’, tous ces mots sont d’abord ‘communs’, d’où la minuscule.
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