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Corse

Le département «ami de la nation française » (1) a tenu le direct sur plusieurs chaines de télévision à l’occasion du dernier ‘Grand Débat’ orchestré par le gouvernement. Comme en témoignent quelques titres peu originaux de la presse écrite («Grand débat: ça se corse », « Macron: des échanges corsés ») le mot -lui aussi- pose encore problème à un certain nombre de nos compatriotes, par lequel certains n’hésitent pas à justifier la provenance des…corsaires.

Or, de Corsair, il n’y a qu’une petite compagnie aérienne opérant essentiellement vers les Antilles ou l’océan indien, ex-propriété il est vrai d’une certaine famille…Rossi (what else?) sous le nom originel de Corse Air, avant d’être rachetée (en son temps) par le Club Méditerranée. Mais vous savez sans doute que les corsaires, eux, étaient bien loin des Bouches de Bonifacio puisqu’au service du roi de France, mais commençons par le commencement.

Comme beaucoup de lieux idylliques, l’Ile de Beauté, déjà surnommée ‘Kallistê’ (la plus…belle) par les Grecs, traine son lot de légendes plus ou moins mythologiques, la plus fréquente utilisant la renommée du Schwarzenegger méditerranéen Hercule qui aurait eu deux fils, l’un baptisé Sardus qui créera la grande île italienne (je ne vous fais pas de carte), l’autre s’appelant Cyrnos soit ‘kurnos’ en prononciation grecque.

Kurnos serait alors devenu Corsica en passant par la suite du grec au latin, par la magie d’un phénomène linguistique un chouïa tiré par les poils des pectoraux du mythique géant…Plus sérieusement, il semblerait que la création du mot s’appuie sur une syllabe d’origine phénicienne (le Liban actuel) dont les navigateurs avaient peu goûté le relief déchiqueté des côtes corses.

Ils avaient donc qualifié le territoire de ‘kur’ (ou ‘kyr’), ce qui nous donne comme sens ‘la pointe, le cap’ (le pen, en breton; ou finisterre en français!). D’autres pensent que les-dits marins venaient en fait de…Lybie, et qu’une terre surnommée ‘korsai’ (on approche) représentait pour eux une zone de forêts ou de maquis, ce dont le rocher corsu ne manque pas (une surprise effectivement, quand on vient du désert).

Quoi qu’il en soit, on est dans tous les cas en présence d’un toponyme (un nom de lieu) qui n’a aucune responsabilité (pour une fois) dans l’explosion d’une famille linguistique bien continentale formée sur le terme d’ancien-français ‘courser’; lequel a pour premier sens ‘prendre à bras-le-corps’ (le cors, ou le cours -prononcez le ’s’ final- justement).

D’où une idée double: celle donc des ‘coursaires’, ces marins très officiellement mandatés par le roi sur ‘lettre de course’, autrement dit chargés de s’emparer du ‘corps’ (de la cargaison) des navires marchands ennemis; au contraire donc des pirates, totalement indépendants et mercenaires qui ‘travaillaient’ pour leur propre compte.

L’autre sens, plus figuré, qui va entrer dans notre langue est l’adjectif issu du participe passé ‘corsé’, soit à l’origine combattif, puis agressif, et enfin piquant (rien à voir donc avec les Corses, quoique…). Bref, on se retrouve avec une idée de plat relevé ou avec un accessoire chargé de relever la poitrine des femmes, un corset aussi serré que peut l’être un café…corsé.

Hélas, la description la plus ‘salée’ qui nous soit parvenue sur le cher peuple insulaire est dûe à l’historien grec Strabon (contemporain de Jésus-Christ) qui parlait ainsi des autochtones (2):

«  (…) on peut alors observer de près la physionomie étrange de ces hommes farouches comme les bêtes des bois ou abrutis comme les bestiaux, qui ne supportent pas de vivre dans la servitude, ou qui, s’ils se résignent à ne pas mourir, lassent par leur apathie et leur insensibilité les maîtres qui les ont achetés, jusqu’à leur faire regretter le peu d’argent qu’ils leur ont coûté (…) »

Toute ressemblance avec des événements historiques serait évidemment tout à fait malvenue, et la rédaction laisse à l’auteur l’entière responsabilité de ses propos par ailleurs anciens de plus de 2000 ans. Les choses ont bien changé depuis, bien sûr; sauf étymologiquement peut-être…

(1) Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, janvier 2016 

(2) Mot grec signifiant simplement ‘ceux nés sur cette terre’ (soit ‘indigènes’ en latin); désolé…


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