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Couillard (Bérangère)

…Secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie n’ait jamais à supporter de commentaire déplacé lors de débats à l’Assemblée nationale (non, ça arrive ?!) ; inutile de dire ici combien tous ceux et celles qui ont eu à assumer ce type de patronyme dans la cour de l’école en ont marre de faire semblant d’ignorer les gloussements de leur(s) voisin(es). D’ailleurs, pas de quoi avoir honte de ce nom, ce serait plutôt une raison d’être…jalousé(e) ! En tous cas étymologiquement.

En effet, les ancêtres de Bérangère ont la même origine que Philippe, celui dont vous avez lu le portrait linguistique dans ce blog en février 2015…mais si, vous savez, le (ex) Premier Ministre canadien – encore un qui a de la chance d’être bien en vue – qui avait pris ses responsabilités (et des mesures) au sujet de fraudes pharmaceutiques dans son pays. Voilà un homme qui en a, mais pas là où vous pensez…

Malgré une sonorité française peu harmonieuse et qui laisserait craindre le pire à cause d’un suffixe généralement péjoratif (théoriquement, couillard = celui qui a de mauvaises couilles), le mot ne semble pas chatouiller les zygomatiques des présentateurs télé de La Belle Province et heureusement ; on frémit à ce qui se passerait en France si son homologue s’appelait, par exemple, Yves Couillon. C’est peut-être que les Québécois ont eu la bonne idée de garder le véritable sens-premier d’un mot qui concerne, à l’origine, des gens qui ont…de la chance !

Car les Couillard, les Couillon ou même certains Couillaud (1), c’est comme les Crétin (2), c’est loin d’être des imbéciles ; ils auraient même plutôt tendance à faire envie. En effet, en ancien-français, un couillard est le surnom, transformé en patronyme par la suite, de gens qui ont certes de grosses couilles qui se trouvent forcément…à hauteur de la ceinture (ne rêvez pas). Car à la base des couilles, il y a le mot latin ‘coléus’ (nom masculin, vous verrez, c’est important) qui désigne un petit sac de cuir et uniquement cela ; contrairement à ce que vous pensez, le sens ‘anatomique’ n’est qu’un emprunt au vocabulaire argotique, le nom savant de cette partie de l’appareil génital masculin étant en réalité  »le-petit-témoin » soit, pour un Romain, ‘testi-culus’ (3) !

Au Moyen-Âge, le très correct ‘couille’ concerne donc les heureux propriétaires de bourses bien remplies, attachées comme il se doit autour de la taille, et dont la présence conférait à celui qui les portait respect et sollicitude, surtout quand il s’agissait pour les pauvres de demander l’aumône à la sortie de la messe. Il suffisait alors aux riches de (se) gratter le fond des couilles pour en extraire le denier généreux que l’on jetait au quémandeur.

Confirmation par l’inverse et la logique, il existe également des noms de famille comme Maucouillard, dont la première syllabe (mau-) est une transformation de “mal” ; les Maucouillard étaient donc des gens…pauvres à la bourse plate, puisqu’ils avaient, étymologiquement, de “mauvaises couilles” parce que vides. Conclusion : les Couillard tout court qui supportent (si j’ose dire) d’une certaine façon ce suffixe en “-ard” en général péjoratif, bénéficient ici d’un sens augmentatif (exemple qui tombe à pic : un richard, ce n’est pas un mauvais-riche, mais un très-riche ! Pas toujours plus généreux, d’accord).

Mais alors, comment le couillard est-il parfois devenu couillon, avec le sens actuel ? Il semble qu’il n’y ait aucun lien avec les bourses, en tous cas au sens du sac de pièces. Au 13è siècle, naît une expression qui dit “bête comme une couille” et cette fois on parle bien d’un testicule, en empruntant directement le mot latin ‘colea’, au féminin cette fois (avec le même sens identique de ‘petit sac’ ou de…bourse). Qu’on en soit d’accord ou pas, l’influence judéo-chrétienne a toujours incité à ridiculiser, voire à nier ce que l’on appelait “les parties honteuses” et donc forcément ‘bêtes’ car considérées comme inutiles, contrairement au pénis voisin (comme quoi, en physio, c’étaient pas des flèches). Chez les hommes, c’est la couille qui va faire les frais de l’injure ; chez les femmes, c’est la forme de leur sexe, soit ‘cunneus’ en latin, ce qui va nous donner “con” !

En résumé, traiter quelqu’un de con, c’est lui suggérer qu’il est aussi nul qu’un sexe féminin (là encore, l’idée, c’est qu’il ne  »fait rien », qu’il est passif). Et traiter quelqu’un de couillon, c’est lui dire qu’il est aussi bête qu’un testicule (entendez :  »une » testicule, donc féminin c’est-à-dire…passif !). Alors, pensez-y, la prochaine fois que vous prononcerez le mot. Et respect aussi bien à ce Philippe québécois qu’à notre Bérangère nationale puisque, d’une certaine façon, ce sont bien lui et elle qui tiennent les cordons de la bourse. Y compris politiquement !

  1. Nom très répandu dans l’Ouest atlantique, Couillaud ou Couillebaud n’ont rien à voir avec de beaux attributs mais sont souvent une variante de…Guillebaud.
  2. Crétin n’a jamais eu le sens d’imbécile puisque c’est la simplification de ‘Crestin’ ou ‘Crestien’, surnom évident des gens baptisés et qui font donc partie de la…chre(s)tienté !
  3. Les testicules étaient censées ‘descendre’ au moment de la puberté, ce qui…at-testait (même racine que test-ament !) de la fertilité masculine.  

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