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Désir (Harlem)

Lu à la une de certains medias: «Désir déchaine les passions»! Jeu de mots involontaire ou double sens assumé, l’expression serait en tous cas très belle si elle n’était utilisée dans un contexte politique qu’il n’est pas question de cautionner ni de commenter ici. Mais, quel que soit le porteur de ce nom (en fait, un surnom), il bénéficie de trois avantages: ‘mon premier, c’est désir’, ‘mon second c’est soupir’ (comme le chantait le duo Véronique Jeannot/Laurent Voulzy) et mon troisième, c’est…Harlem, un mot en guise de prénom qui n’est pas innocent en matière de connotation historique. Et si c’était l’occasion de plonger un peu plus profondément (c’est-à-dire avec un peu plus de ‘profondeur’) dans les racines de ce nom?

Aucun commentaire donc sur la généalogie du nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste, dont le titre fait plaisir à un certain nombre de militants toujours pas habitués à appeler Martine «la Première Secrétaire» sans penser à leur dactylo personnelle…Harlem Désir est de père martiniquais, de mère alsacienne, et de prénom…néerlandais. Oui, je sais, Harlem, cela fait clairement allusion à un quartier (réputé) chaud de New-York, donc on ne peut pas faire plus américain. Sauf que, ce Harlem-là a été importé, en 1658, par un gouverneur de la Nouvelle-Hollande, territoire de colonisation récent, baptisé en hommage à la ville de provenance des colons. Et parmi ces colons, il y a le-dit gouverneur, un flamand du nom de Peter Stuyvesant, considéré comme le quasi-fondateur de la Grande Pomme (et non pas de la marque de cigarettes).

On créa donc une zone «Nieuw Haarlem», en référence à la ville des Pays-Bas du même nom. Au fil des siècles, et contrairement à la Nouvelle-Orléans, la Nouvelle-Calédonie, le Nouveau-Mexique, la Nouvelle-Galles, le Nouveau-Brunswick et autres terrains de jeux conquis à grands coups de fusil par des pacificateurs persuadés de faire le bien des peuples sauvages locaux. Or, si Harlem il y a en Amérique, grâce au Haarlem des Flandres, le terme doit quand même bien avoir une signification originelle? Il semblerait que les deux racines flamandes soient «haarl», la colline, le promontoire + «hem», la maison (cf home, en anglais). Ne reste donc plus qu’à imaginer sur quel tas de sable a été construite la première maison du hameau néerlandais, parce que, des montagnes, en Hollande, il n’y en a pas plus a-priori qu’entre le Bronx et Manhattan; mais l’étymo n’est pas toujours logique…

Pour terminer, si vous avez le…désir d’en savoir plus, disons que l’emploi de ce patronyme, parfois réel parfois pseudo donc, évoque souvent un ancêtre donc la naissance a été longuement attendue, ou dont l’avènement difficile (maladie, mortalité infantile) a finalement été récompensée. Bref, comme aurait dit un certain Williams (Tennessee), c’est toujours l’histoire d’un « Enfant nommé Désir ».

Là où çà se complique un peu, c’est que le sens de ce verbe a largement évolué (à la baisse) depuis ses dernière cotations à la Bourse de Rome, catégorie linguistique! En effet, actuellement, désirer signifie avoir envie, souhaiter, voire avoir besoin, soit. Si l’on remonte à peine de quelques siècles, dire «Je désire» à quelqu’un équivalait non pas à un souhait mais à un ordre; l’expression « je le veux et désire » étant d’ailleurs largement utilisée et éloquente à cet effet. Pour Molière (et Louis XIV davantage encore, sans doute), désirer quelque chose ou quelqu’un ne laissait aucune alternative. Et c’était risquer sa vie que de « laisser à désirer » quelqu’un qui vous sollicitait, car l’injure était majeure.

Encore quelques siècles, et nous voilà donc chez les Romains, où « desidere » (le verbe latin) n’avait quasiment que des valeurs péjoratives: désirer, c’était manquer (à quelqu’un), lui faire défaut, le plus souvent pour cause de mort. Une sorte de « désirs éternels », que nous avons remplacée par des regrets. Le sens ne souffrait aucune équivoque quand on employait le mot au passif: être désiré, ou avoir été désiré, se comprenait de toute évidence comme ‘être perdu’, menacé de mort, voire déjà mort et disparu. Voilà un destin que l’on ne souhaite pas à Harlem: ce n’est pas le moment de faire défaut sur un poste qu’on a si longtemps désiré…


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