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Echirolles (38)

Marche blanche pour journée noire; après Florange, une autre commune revient à la Une de l’actualité cette semaine, avec une manifestation pacifique en hommage aux deux adolescents tués dans un quartier de cette banlieue grenobloise. Echirolles, nom qui a alerté l’oeil et l’oreille de plusieurs lecteurs, est un mot très intéressants à plusieurs titres, car il illustre parfaitement les règles, les évolutions et parfois les erreurs que l’on peut fantasmer en étymologie. A preuve…

Nous allons commencer par écrire échirolles en minuscule, non pas manque de respect mais parce que l’initiale va automatiquement récupérer un signe important qui disparaît en majuscule, l’accent aigu. Et si accent aigu (ou autre) il y a, c’est que la première forme de ce mot comportait un ‘s’; on a donc, à l’origine, ‘eschirolles’. Du coup, le ‘ch’ va se prononcer ‘k’ (comme dans ‘machiavélique’ ou ‘dichotomie’), bref, on remonte donc au son ‘esquirol’, comme on l’écrivait en vieux-français.

L’occitan a gardé cette forme originelle, pour baptiser d’autres lieux qui ont la même étymologie, mais situés cette fois dans le Tarn ou l’Ariège, sous le nom d’Esquirol, précisément (ou même Esquirou, dans le Cantal, et Esquiro dans le Gers). Toutes ces variantes descendent (si l’on peut dire, en l’occurrence) du mot latin ‘(e)scurolius’, adjectif qui qualifie les caractéristiques d’un ‘escureuil’, devenu évidemment écureuil en français moderne. Lequel remonte dans les arbres plus vite que son nom ne descend dans l’Histoire.

Echirolles a donc de fortes chances d’être le surnom topographique d’un lieu habité par les rongeurs à la queue rousse, les premiers vallons d’Echirolles étant particulièrement boisés, ce qui n’est pas forcément évident quand on traverse la cité Viscose (!) d’aujourd’hui. Et si les écureuils s’appellent ainsi, c’est à cause du mot grec ‘skia’, qui signifie…l’ombre. En effet, pour les grecs, cet animal se définit comme ‘celui qui peut vivre à l’ombre de sa queue’, ce qui n’est pas donné à toutes les créatures vivantes (le paon, peut-être?)…

‘Skia’ (l’ombre) a donc donné ‘skiouros’ (l’écureuil), puis ‘scurulus’ en latin, et enfin ‘escureuil’ en français. D’où, au passage, les endroits nommés Esquirol, Echirolles, etc…Quant aux (anglo-)saxons, ils ont également hérité de la racine latine, laquelle est devenue très banalement ‘squirrel’; les germains eux, ont écopé d’eichhörnchen’ (à vos souhaits) qui, croyez-le ou non, vient du même son!

Voilà pourquoi le fouquet (autre nom de l’animal en ancien-français) se retrouve dûment figuré sur le blason de la ville. Or, au risque de faire grimper aux arbres quelques distingués linguistes, je signale quand même que certains échirollais eux-mêmes expliquent le nom de leur commune par un ancien ‘Léchirolles’ (avec un l’ agglutiné -jusque là, pourquoi pas?), qui ferait alors référence à des ‘lèches’, ces plantes marécageuses qui poussaient dans la plaine humide du Drac…Mais alors, pourquoi pas d’autres échirolles dans l’immédiate proximité? Et dans le Tarn, pour Esquirol, pas de léches possibles!

Plus fort encore: Echirolles viendrait du celte ‘Cularo’ (la ville acculée à la montagne), ancien nom de la ville de l’empereur Gratien (gratiano-polis), devenu par une contraction cataclysmique…Grenoble (çà c’est vrai). Par conséquent, la cité ‘hors-Grenoble’ (ex-Cularo), aurait donné Echirolles. Dès lors, même question pour toutes les autres communes périphériques!

Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a aucune parenté avec une histoire de (d)échirure, malgré les récents événements. Alors, finalement, retenons de ce nom chantant et aérien (entre girolles et fumerolles) qu’il compte parmi ses branches deux écureuils célèbres: la journaliste Mélissa Theuriau (Mme Jamel Debbouze) et le chanteur Calogero, qui sont tous les deux natifs de cette ville, ce qui ne risque pas de faire de l’ombre à Echirolles…Quant à la Place Esquirol de Toulouse par exemple, elle porte le nom -comme le quartier qui l’entoure- de Jean-Etienne, l’un des premiers médecins à avoir travaillé sur différentes formes de folie. Issu d’une famille toulousaine (il faut élu capitoul en…1797), il a lui-même pour ancêtre un Esquirol médiéval, ainsi surnommé parce que le bonhomme était agile comme un écureuil, tout simplement! Comme quoi, il n’y a pas que les basques qui sont bondissants…


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