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Ecouvillon

Et un mot de plus à la Une, par la grâce d’une médiatisation aussi inattendue que subite. Le dernier accessoire à la mode (littéralement: qui représente un moyen ou une manière de faire quelque chose) est un petit stylet qu’il convient d’enfoncer «dans des cavités anatomiques» comme le disent sans plus de précisions certains dictionnaires. Et quelle est la fonction de ce ‘coton-tige nasal’ (que vous avez peut-être expérimenté)? Donner un bon coup de balai au coronavirus, à tous points de vue d’ailleurs.

Première analyse: d’un point de vue linguistique, il s’agit d’un diminutif, marqué par le suffixe ‘-illon’ qui est l’une des multiples façon d’exprimer l’idée de ‘petit’ dans notre langue. Ainsi une petite aiguille (aiguillon), un petit gravier (gravillon), un petit oiseau (oisillon), un petit…marin (moussaillon) ou un petit moine (moinillon). Bon d’accord, il faut parfois aller chercher chez La Fontaine (l’aiguillon de la Mouche du Coche) ou chez Rabelais (le moinillon), et il faut reconnaitre que, de nos jours, l’écouvillon ne traine pas dans tous les diners en ville, bien que…

Notez au passage que, contrairement aux apparences, un papillon n’est pas un petit pape, pas plus qu’un pavillon n’est un petit pavé. Pourtant, à l’origine, c’est le même mot latin (papilio) pour l’un et pour l’autre! ‘Papilio’, pour un Romain, désigne en effet…une tente, dont la forme (gonflée) a donné l’idée des ailes de l’insecte (ils sont poètes, ces Latins), tout comme pour les premiers pavillons…de guerre, sorte d’appartements en toile bien avant d’être une villa en banlieue!

Mais revenons à nos écouvillons, qui ne sont donc en réalité que des petit(e)s ’écouves’ (ou escouves, comme on disait au 12ème siècle), un mot emprunté au latin -encore- ‘scopa’ qui signifie ‘balai’. En fait, il vaudrait mieux dire une brindille de balai, mais un brin plus un brin plus un brin fixés avec une ficelle au bout d’un manche, ça nous fait bien quelque chose qui sert à nettoyer (ou à voyager si vous êtes sorcière, mais on a brûlé les dernières il y a quelques temps).

Alors, à la fin de nos diners en ville, quand il faut rincer les bouteilles que l’on a servies à table, on est bien content d’utiliser ce petit balai-brosse pour atteindre le cul de la chose, tout comme les soldats de l’artillerie pour descendre astiquer le fond des canons. En version plus ‘soft’, un certain nombre de professions s’en servent également avec un chiffon ou un coton en embout pour dégager le fond du four (les boulangers) ou encore pour dépoussiérer le fond d’un instrument (les musiciens).

Aujourd’hui, on s’en sert plutôt pour irriter les tympans des oreilles ou en l’occurrence pour traquer l’intrus respiratoire dans un coin du nez. A en croire la grimace (instinctive et inévitable) des patients écouvillonnés lors des prélèvements, on se félicite d’échapper à son cousin le ‘goupillon’, même principe mais avec un anneau allongé à l’extrémité pour accrocher et ramener un corps indésirable…

Je ne voudrais pas trop racler le sujet, mais cette fois l’instrument en question n’a rien à voir avec un petit renard (ancien nom: le goupil), même pas en rapport avec la forme de sa queue; il s’agit en fait d’une racine flamande (wisp > guisp > goup) qui veut dire la paille, une paille végétale bien sûr mais aussi métallique, comme certains ‘hérissons’ professionnels. Ou encore en plastique, comme…comme…vous savez, cette chose bien rangée derrière la cuvette de vos toilettes. Alors, à tout prendre, il vaut mieux l’écouvillon, et pas qu’étymologiquement!


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