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Escarcelle

La région du Pas-de-Calais risque-t-elle de «basculer dans l’escarcelle» du Front National? Telle est la préoccupante question récurrente de journalistes français qui s’appuient sur le résultat d’un sondage (autant dire, semble-t-il, d’une certitude puisqu’un non-événement, qui ne s’est pas encore déroulé, est  »dans l’actualité » du jour (*). Mais d’où vient cette escarcelle, comment peut-on basculer là-dedans, et qu’y faire une fois qu’on y est?

En réalité, on ne va pas y faire grand’chose! Ce que retient le langage populaire, c’est le sens d’une ‘couille’ (du latin colea: la bourse), un sac de cuir (plus ou moins gros) qu’on va appeler une…bourse, celle que portaient les riches autour de la ceinture, pour donner l’aumône (d’après un mot latin lui-même issu d’une racine grecque complexe qui signifie la compassion). Donc, mettre la main à l’escarcelle revenait à la mettre au portefeuille pour jeter la pièce aux mendiants assis sur le parvis à la sortie de l’église. Epoque Cour des Miracles…

Sauf que, bien avant cet usage (et ce sens), la langue italienne utilise le mot, dès le 12ème siècle, sous la forme de ‘scarsola’ (devenue, logiquement, é-scarcelle en version francisée); or, la scarsola en question représente un adjectif, le plus souvent ironique, qui veut dire…avare. L’escarcelle est donc parfois une petite boite (à la maison) ou une coupelle dans laquelle on jette quelques pièces de peu de valeur, une sorte de tirelire sans beaucoup de valeur(s). La pièce de monnaie passe donc de la bourse du donateur à la soucoupe du demandeur, premier contre-sens, y compris dans le mouvement du jet!

De plus, cette ‘petite avare’ (définition exacte du diminutif, d’où le sens ironique) va prendre toutes les formes que l’esprit humain veut bien lui donner -surtout à l’époque- dont ‘une petite paresseuse’, située près de bourses dont je n’ai pas besoin de préciser la nature. Alors, prononcer cette expression est déjà une confusion de langage puisqu’on ne peut qu’y ‘tomber’, et non pas y basculer, ce dernier verbe sous-entendant qu’on passe du ‘côté sombre’ de la force électorale.

Car il est bien entendu que l’expression, quel que soit le verbe utilisé, connote toujours une chute ou un geste interdit (ici, ‘voter pour le diable’): en tombant dans cette escarcelle, on donc prend le même chemin -définitif?- que les morceaux de viande dans l’équarisseur, et on tombe dans les griffes du FN, déchéance identique au moment où on ‘tombe enceinte’, après être ‘tombée amoureuse’: il faut toujours payer certains moments! (**)

Quant au terme ‘basculer », il n’évoque quasiment jamais un passage du bon côté des choses: on bascule dans la délinquance; on bascule dans la misère, alors qu’on accède à la richesse, au confort, ou à une position ‘en haut de l’échelle’. C’est en général à ce moment-là qu’on se retrouve avec une bourse pleine, ce qui n’empêche pas toujours de rester avare. Au moins étymologiquement.

(*) sur la ‘foi’ du même sondage, donc hypothèse fictive d’une situation qui mérite quand même la Une des chaines d’information pendant des heures, on en déduit même une probable candidature -et donc victoire- de sa représentante, reportages à l’appui devant la mairie de villages où il n’y a aucune consultation!

(**) ceci étant dit sans aucun parti…pris. Dans un sens comme dans l’autre.


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