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Etiquette (sans)

Plus que quelques jours avant les élections municipales françaises: depuis plusieurs semaines, fleurissent (c’est un euphémisme, au propre comme au figuré) les affiches et tracts des différents partis dont les couleurs emblématiques et les logos vous sautent au visage à chaque poteau des feux de circulation. Or, au milieu de ces bannières criardes, se trouve parfois la tête d’un candidat ‘non-inscrit’ ou ‘sans étiquette’. Dans un contexte politique, le mot n’est pas sans humour, du moins étymologiquement.

Il semblerait que l’estiquette vienne du nord (le flamand ‘stikken’); dont trouve la trace au 14ème siècle en Picardie (bien loin d’être ‘française’ à l’époque), pour désigner une marque fixée à un pieu. Rassurez-vous, rien de macabre là-dedans (on est loin des écriteaux surplombant la tête des crucifiés): il s’agissait en général de signaler les poteaux de but d’un jeu. A défaut de cage, d’en-but ou de guichet, on faisait une marque -parfois une simple encoche- pour marquer les limites d’un tir ou une zone d’exclusion. Le plus souvent même, le bout de bois lui-même fait office de repère, sans aucune mention écrite. Le verbe d’ancien-français ‘estiquier’ (étiqueter!) signifie d’ailleurs à l’époque ‘enfoncer quelque chose’, ‘ficher dans la terre'(*).

Deux siècles plus tard, la toute-jeune langue des Francs installés dans la région parisienne (le français) a récupéré le terme pour le réserver au petit bout de papier troué d’une ficelle et scellé dans la cire pour fermer les sacs d’un procès. Les références portées sur la désormais ‘étiquette’ deviennent alors le…sticker (même racine, passée phonétiquement du flamand à l’anglais) qui finira un jour sur vos valises enregistrées au comptoir d’embarquement de l’aéroport.

C’est grâce aux allemands que l’étikett’ va prendre son envol: dans certains milieux, elle devient une marque collée sur la couverture d’un document (en général épais), afin de renseigner sur le contenu du volume en question. De fait, quand plusieurs cours royales commenceront à codifier le cérémonial (et donc le comportement des participants) de certaines manifestations, le manuel du savoir-vivre local va prendre le nom de l’auto-collant (et aussi une majuscule) pour devenir l’Etiquette, c’est-à-dire la liste des usages établis dans la maison royale ou princière.
Je crains que, de nos jours, il n’y ait guère d’étiquette dans les débats électoraux publics, à part peut-être les adhésifs subrepticement collés sur la vitre arrière de votre voiture stationnée au parking pendant que vous assistez à la réunion municipale. Mais finalement, si vous êtes garés devant un poteau, cela est tout à fait (étymo)logique!

(*) exactement le sens du gascon ‘fitte’ (=fichée, plantée), très présent dans le Sud-Ouest dans des noms de lieux -devenus parfois patronymes- comme Peyrefitte (la pierre fichée) ou Lafitte (la -sous entendu: pierre- plantée), repères dressés au coin des surfaces agricoles ou forestières, pour délimiter le (futur) ‘cadastre’. Lourde, l’étiquette…


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