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favori

Non, “les favoris du printemps ne seront peut-être pas les gagnants de l’hiver” (ou inversement : Bruno Le Maire, candidat à la ‘primaire’ des Républicains pour l’élection présidentielle, sur BFM TV, le 1er juin 2016). Quel joli mot (et quelle belle idée?) que ce poétique élément de langage lâché au détour d’une interview politique…Du coup, à défaut de trouver dans l’actualité le patronyme d’un nouveau footballeur en mal de ‘rébellion’, arrêtons-nous quelques instants sur ce nom si commun et pourtant plein de surprises…

Sans doute notre Bruno-du-Renouveau, député et néanmoins acteur occasionnel (1), aura-t-il voulu suggérer les ‘favoris’…des sondages, des électeurs, de la course à l’Elysée, voire du (de son) parti? Etymologiquement, aucune erreur possible: “fovori” vient bien du mot latin ‘favor’ qui indique une préférence, un choix ou une tendance particulière concernant un sujet. Ne reste plus qu”à passer du statut de favori à celui d’élu, ce qui suppose d’avoir été déclaré hors-course (et donc gagnant) de la compétition. En effet, un cheval n’est dit favori que jusqu’au poteau de l’hippodrome à partir duquel il devient ‘gagnant’, sauf intervention d’un outsider; en français: un “élément inattendu qui vient contredire les pronostics”. Exemple Balladur versus Chirac, ou la Tortue versus le Lièvre (de la Fable; n’allez pas chercher des comparaisons douteuses).

Là où la langue -et le sens- se compliquent, c’est que tout favori vit aux dépens de celui qui le…favorise, quel que soit le bénéfice obtenu. Par ailleurs, à force de demander (aux hommes) des faveurs que ne dédaigneraient pas certain(e)s ministres, des courtisanes sont, autrefois, devenues tellement Favorites qu’elles ont fini par régner (la Pompadour, la Du Barry,etc). Quant aux célèbres favoris d’Henri III, dont on nous assurait qu’ils étaient ‘mignons’, ce n’était forcément pour leur minois mais pour les…rubans qu’ils portaient, le mot ayant d’abord servi, depuis le Moyen-Age, à désigner une pièce de tissu coloré remis en gage au chevalier servant par sa dame de coeur. A charge, encore, à celle qui avait accordé sa faveur au champion du tournoi de lui en accorder d’autres plus tard!

Par conséquent, à la Cour, on avait pris l’habitude d’afficher sur sa robe ou son pourpoint le témoignage de l’intérêt et des largesses royales, grâce à certaines (bonnes) grâces accordées au monarque; que voulez-vous on a la ‘rosette’ qu’on peut…Hélas, le temps ne sera pas…favorable à cette racine qui débarquera dans le 19ème siècle avec de nombreux soupçons de ‘favoritisme’, mettant définitivement fin au sens de récompense positive, à la faveur de quelques scandales d’Etat et passe-droits divers.

Si les favoris sont les futurs perdants, voilà qui donnerait alors peut-être raison à notre homme qui, paradoxalement (et heureusement, dans un certain sens) ne porte pas ces ‘pattes’ de poil sur les joues, des ‘rouflaquettes’ d’origine…révolutionnaire dont Valéry Giscard d’Estaing fut le dernier modèle dans les années 1970, et que l’on appelait aussi des ‘favoris’ d’un aspect tout à fait défavorable. Sauf étymologiquement bien sûr.

(1) Si, si! Il joue (son propre rôle) dans le film “Quai d’Orsay”, de Bertrand Tavernier (2013)


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