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Fillon-Maillet (Quentin)

…pour laisser quelques chances de médailles à d’autres concurrents; la délégation française a en effet décidé de truster de nombreuses récompenses chez les biathlètes en ski, particulièrement grâce aux performances d’un Champagnolais (Franche-Comté) qui s’est adjugé pas moins de cinq breloques (1) plus une sixième en équipe, performance exceptionnelle qui n’était arrivée qu’en…1920. Bref, le Jurassien aura frappé un grand coup, y compris étymologiquement!

L’un de ses deux patronymes ayant largement fait les Unes des médias ces dernières années pour cause d’homonymie avec un ex-Premier Ministre (2), intéressons-nous donc à ce ‘maillet’, mais de pas trop près quand même pour éviter les blessures car, pour une fois, le nom propre évoque bien la même chose que le nom commun, une masse qui pouvait être à la fois une arme de combat (des gladiateurs romains aux tribus gauloises et autres) ou l’outil de travail d’un forgeron par exemple.

On doit cette (con)fusion à un effet de linguistique appelé ‘métonymie’, figure de style qui permet de désigner « la partie pour le tout » (ou inversement), soit un instrument pour son utilisateur (le ‘premier violon’ d’un orchestre), un détail pour un ensemble (les quatre-vingt ‘têtes’ d’un troupeau) voire plus large  (‘Paris’ et ‘Moscou’ négocient, pour parler des relations entre la France et la Russie) etc…

Tout ça à cause (ou grâce à) un mot latin qui est ‘malleus’, qui va donner mail puis maillet, c’est-à-dire une masse assez informe mais suffisamment lourde qui permettait…d’assommer les bestiaux avant égorgement. L’idée la plus proche serait celle d’un gourdin dont les formes, les détails et la matière vont évoluer lorsqu’il s’agira de le mettre entre les mains de combattants de l’arène (dont il n’était d’ailleurs pas un équipement ‘officiel’); au fil de l’Histoire, de nombreux peuples se sont servis de ce ‘maillet’ pour attaquer (plus que pour se défendre), instrument qui va finir par s’affiner au niveau du manche tout en gardant un poids suffisant pour jouer au jeu de mail (3) qui consistait à pousser une (lourde) boule avec une sorte de long marteau. Du coup (si j’ose dire), le terrain sur lequel on venait jouer au maillet a pris le nom de ‘mail’; or, comme l’endroit était souvent en bord de mer (le cas échéant) ou sur une grande et large allée, c’est rapidement devenu un lieu de promenade, en plein air quand il fait beau ou avec air forcément conditionné si vous habitez Montréal en hiver puisqu’il désigne les galeries commerciales souterraines. 

Les autres maillets les plus connus sont ceux de votre corps, sous la forme du marteau, l’osselet copain de l’enclume (what else?) dans le creux de votre oreille, ou bien, directement formé sur la racine latine, la ou les malléole(s), les saillies osseuses de votre cheville avec lesquelles vous vous tapez sur le rebord de la table basse (aïe). Pas besoin non plus de se donner des coups pour comprendre que le maillet le plus fort est celui que tient le forgeron pour façonner le fer, un marteau qui peut faire taire un barde quand il appartient à un ouvrier gaulois (Cétautomatix) ou  devenir terrible en tant qu’attribut officiel d’un dieu scandinave (Thor).

Les maillets les plus inattendus sont d’abord un…maillot qui n’a rien à voir avec un vêtement de corps tricoté (donc en mailles) mais qui désigne un jeune cep de vigne à cause de sa forme tordue de la future jeune pousse! Ensuite, à côté des patronymes Maillot ou Mailhot formés sur ce son, il y a un très célèbre Maillard, état-civil d’un supposé Nicolas dit Colin, un homme du Moyen-Age qui, lors d’un combat, continuait à poursuivre son adversaire malgré ses yeux crevés, donnant ainsi naissance au ‘jeu du loup’ dans lequel il faut arriver à toucher les autres en ayant d’une part les yeux bandés mais surtout au moyen d’une baguette mouchetée (le mail?), ce qui serait certes moins légendaire mais plus plausible comme explication. 

Quant à…Quentin, voilà un prénom qui tombe bien mal pour la circonstance, puisqu’il ne faut pas croire que c’est un diminutif ou le ‘résidu’ d’un mot plus long; il s’agit tout simplement du terme latin ‘quintus’ qui a donné en ancien-français ‘quintième’, soit cinquième en langage moderne, surnom donné au nouveau-né qui arrivait à ce rang dans les familles, ce dont les Français ont, a-priori, nettement moins de chances de nos jours, statistiquement parlant. Voilà qui ne représente sûrement pas la place de notre skieur mais plus justement le nombre de ses médailles!

  1. Voir le sens réel de ce mot dans l’article en archives depuis les J.O de Sotchi (2014)
  2. Voir l’article consacré à François (novembre 2010)
  3. Le ‘croquet’, en version jardin

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