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Fiotte!

Au cas où vous ne…l’auriez pas lu ou entendu, c’est le mot le plus répercuré sur les médias ces jours-ci, et, si le nom du footballeur qui l’a prononcé ne mérite ni lauriers ni qu’on s’en souvienne, le terme dont il a qualifié son entraineur est cité sur tous les tons, alors qu’il y a quelques années encore, il eût été flouté en télé, bipé en radio, et remplacé par des points de suspension en presse écrite. Est-ce que le mot est très grossier? Je suis sûr que vous pensez que oui…Eh bien, étymologiquement, ce serait une grosse fiaute!

L’équivoque vient probablement d’une pratique ‘récente’ (le début du 20ème siècle) sur une racine datant de la fin du 19ème, et dont la sonorité particulièrement agressive a peu à peu cantonné le mot à un synonyme (injurieux, évidemment) de ‘homosexuel’. Rapide enquête publique sur le trottoir de ma rue: « Ca a un rapport avec fion», dont il n’est pas besoin de préciser le sens.Faus, archi-faux, l’un et l’autre sont même des mots très communs dans la langue française.

Commençons par ce ‘fiotte’, qui rime avec flotte, crotte, cocotte, chiotte (le féminin de chiot, of course), chochotte et autres diminutifs souvent péjoratifs. Le suffixe -ot ou -otte est en fait tout à fait ‘inoffensif’ et régulier, que ce soit pour parler du petit du chien ou d’un petit gamin (un gaminot, devenu minot après chute de la première syllabe, dans le parler provençal entre autres), y compris pour celui qui suit son petit (bonhomme de?) chemin, le cheminot enfin, pas celui de la SNCF). Et, si vous suivez régulièrement ces chroniques, vous savez bien que l’étymologie est basée sur la phonétique; cherchons donc comment écrire ‘différemment’ le mot…il n’y a qu’une solution: filliotte, autrement dit le diminutif de fillette tout simplement!

Bon, je vous accorde que traiter un homme de fillette, c’est l’agression de base, surtout dans certains milieux particulièrement machistes; mais, ce qui passe pour un sobriquet chez Audiard passe moins bien dans les vestiaires de sportifs soutenus (et parfois supportés) par un public de ‘joueurs’ (sans blague) qui nécessite la présence amusante de plusieurs cars de police à la moindre rencontre départementale. Bref, une filliotte/fiotte (n’allez pas jusqu’à phiotte, même en orthographe ‘réformée’), c’est du bourguignon révolutionnaire, puisque c’est dans cette région qu’on trouve les premières mentions à la fin du 18ème siècle.

Et surprise: il existe un mot-jumeau formé sur la même racine, c’est le nom commun ‘fillon’, terme très académique même si un peu moins usité (sauf pour un Premier Ministre); qui sonne tout aussi équivoque sans doute, mais de même formation. Donc, comme dirait Godefroy de Montmiral à son Jacquouille préféré au sujet d’un de ses descendants (*):  »Voici mon fillon! » (ou ma…filliotte, et non ma fillonne), à savoir littéralement ‘mon petit-fils’, ici considéré comme le petit-petit-petit-petit-fils, et plus si anvienneté.

Bon, alors, cette ‘fiotte’, pas de quoi finalement en faire toute une histoire, mais question fion, l’agresseur risque quand même de se prendre un jour le 45…fillette dans la partie charnue de son anatomie, au nom du père et surtout du fils. Etymologiquement parlant bien sûr.

(*): dans ‘Les Visiteurs’ (1993)


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