Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Gatignon (Stéphane)

Il n’était pas content, mais alors pas content du tout, et en plus, il ‘se les caillait’ dans une tente dressée devant l’Assemblée Nationale: le maire de Sevran (93) avait entamé une grève de la faim (réussie) pour obtenir des mesures urgentes en faveur des villes les plus pauvres, dont fait partie la sienne. L’initiative est, sinon impensable, du moins exceptionnelle, car on a du mal à accepter cette image d’un élu ceint de l’écharpe tricolore sortant une tête mal peignée d’une toile dépliée sur un trottoir, surtout par les températures du moment (je vous rassure, il est mieux entouré que les-dits ‘sans domicile fixe’ du canal St-Martin). Le geste de Stéphane a néanmoins atteint son but, celui d’une médiatisation immédiate; si par hasard vous n’avez pas encore mémorisé son nom, ajoutons-y aujourd’hui son étymologie, et vous comprendrez sans peine pourquoi le monsieur est chagrin.

A l’origine, le terme est en effet un simple adjectif substantivé (devenu nom commun), qui prend racine dans la partie sud du pays, en ‘langue d’oc’; il sert à désigner un homme plutôt mécontent, au caractère maussade voire même hargneux. Et sa première orthographe est ‘gatiniol’ ou ‘gatigniole’, avec une terminaison qui sous-entend assez bien un petit aspect péjoratif ou agressif (cf. torgniole, tartigniolle, mariole, etc). Mais ici, ça ne rigole pas, car ce gatiniol va hériter d’une variante un peu plus ‘convenable’, le gatignon, précisément. Bref, un Gatignon, c’est un gars ‘qui la ramène’, et qui a des raisons de le faire savoir; de quoi sans doute justifier la motivation énergique et déterminée de M. le maire, en tous cas étymologiquement.

Ce n’est pas pour enfoncer un peu plus la commune de Stéphane, mais certains analystes préfèrent se référer à un mot voisin, et sans rapport avec l’humeur chafouine d’un Gatignol, qui est un dérivé de la racine ‘gast’, terme également occitan très répandu dans le Sud-Ouest et qui évoque un lieu en friche, parfois même un marais ou une zone insalubre, pour ne pas dire une ZAC (‘zone d’assèchement citoyen’). Sur cette ‘gast’, on va construire -si j’ose dire- beaucoup de lieux-dits comme Gastes (40), Gatignol (46) et autre La Gatignolle, eux-mêmes parfois…asséchés (vocalement) en La Catignolle, avec un ‘c’. Tous ces endroits correspondent à des terrains mal entretenus ou inaccessibles, en tous cas inexploités.

On ne peut évidemment pas s’empêcher d’y rajouter le fameux terme ‘vendéen’ de la ‘gâtine’, c’est à dire le terrain non cultivé (-able), donc forcément alloué aux pâturages; au Moyen-Age, la gâtine avait d’ailleurs le sens très fort de ‘terrain ravagé’ (par les sabots des envahisseurs germains, entre autres). Moins connu est le mot voisin de ‘gâtis’, terme masculin plus inoffensif qui est réservé à un espace difficilement accessible pour des cultures, et pour cause: c’est très exactement une clairière, donc difficile d’aller y faire des semis et des récoltes. Avec tout ça, on n’est pas gâtés!

Signalons pour terminer que notre Gatignol a le soutien -uniquement linguistique sans doute- d’un proche cousin: il s’agit de l’homme politique Claude Gatignol, ex-vétérinaire, membre de l’UMP, qui eut son heure (disons, sa minute) de gatignolerie en se déclarant en faveur de l’exploitation des gaz de schiste. Voilà qui va encore nous énerver notre campeur parisien, car Stéphane Gatignon est très copain avec Nicolas Hulot*, et membre d’Europe-Ecologie-Les Verts!

*: voir l’analyse de Hulot en tapant son nom dans la recherche.


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.