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Gaulois (réfractaire)

«Quand le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt», proverbe chinois (ça vient de loin et ça ne coûte rien), tel est le beau leurre jeté récemment par le Président de la République sous le nez de médias qui n’en ont pas besoin d’autant pour courir après en abandonnant d’autres pistes. Mais là n’est ni la question ni l’intérêt (de ma remarque) sauf en ce qui concerne le beau mot de ‘gaulois’, subitement viré à trois pages de la section ‘injures’ du moindre lexique par une meute politique qui n’a bien souvent que « nos ancêtres les Gaulois » à la bouche…Et encore, heureusement qu’Emmanuel Macron ne les a pas traités de…français! En tous cas étymologiquement.

Mais commençons par le commencement (de l’Histoire) même schématique. Bien avant d’être français, les peuples qui habitaient les terres du bord de l’Atlantique (à l’échelle de l’Europe) étaient évidemment des Gaulois, et même des Galois jusqu’au début du 15ème siècle. Ce qui les rapproche des…Gallois, y compris linguistiquement, puisque les uns et les autres dérivent non pas d’un mot celte comme on le dit souvent (1) mais…germain, celui du mot ‘walha’.

En fait de mot, il faudrait d’abord plutôt parler de son, puisque le vrai ‘problème’ du gaulois (le dialecte), ce sera justement, face au latin, de continuer à se transmettre oralement, contrairement aux écrits de Jules (César). Sur plusieurs périodes, de nombreux écrivains latins témoigneront d’ailleurs de leur étonnement devant un parler apparemment réservé aux choses et aux discours sinon sacrés du moins traditionnels (d’où quelques difficultés pour les étymologistes futurs…)

Or, ce ‘walha’, puis ‘walhish’ ou « walhisc’ va subir un phénomène de gutturalisation qui va le transformer, comme toujours, de ‘w’ à ‘g’ (2); puis intervient un second processus, dit de vocalisation celui-là, qui fait passer le ‘l’ central à la voyelle ‘u’ (3), d’où le chemin walha>galha>gaula…Ce ‘gal’ sera d’ailleurs si peu celte que les ‘vrais’ tribus bretonnes en feront un Le Gall, Gallic, ou Gallou, patronymes modernes qui désignent bien ‘celui qui n’est pas d’Armorique mais de la Gaule’, autrement dit le futur français.

Car le ‘pire’ (et le plus humoristique) de l’affaire est que le concept originel porté par cette syllabe germanique définit, dans le fond de la mémoire des peuples, la ‘tribu des hommes libres’ (comme ‘burkinabé’ par exemple en Afrique); de fait, l’expression désigne très précisément en Europe les Romains, ou plutôt, pour éviter toute équivoque avec des Italiens en jupette rouge, les Roms, qui deviendront plus tard, toujours linguistiquement, les…Roumains, soit le premier peuple libre du continent!

(Vous suivez? Remontez sur votre chaise…)

D’ailleurs, il y a déjà, en Germanie (donc sur le territoire de la future ‘Allemagne’, possession des Alamans) un autre peuple qui symbolise la posture -physique, puis intellectuelle- de ‘l’homme debout’, celui ne rampe pas au sol comme les animaux et qui garde la tête haute, et ce sont les…Franks, les constructeurs du château(fort) de…Frankfort (pas franchement en Franc(i)e, enfin si, à l’époque), ceux qui, après quelques week-ends au bord de la Seine, quitteront un jour leurs montagnes de l’Est pour s’établir comme Fran(k)çais.

Vaut-il donc mieux se faire traiter de Gaulois que de Franc? Ayons peut-être la…franchise d’y réfléchir à deux fois. D’autant que, en tant que nom commun, ‘walha’ puis ‘wala’ signifie bien en germain une…gaule (4), c’est-à-dire -comme vous l’imaginiez immédiatement- une perche longue et fine dont on peut faire différents usages (la pêche, la cueillette des noix, etc…). Il existe même dans notre Etat-Civil actuel des familles Gaule, Gaulet ou Gauly, qui ont servi à surnommer des gens grands et maigres, autant dire des ‘grandes perches’ (forcément donc des gens bien gaulés).

Mais je m’en voudrais de rester sur une note gauloise (d’autant que je ne fume pas); car il faut absolument ne pas oublier le désormais célèbre qualificatif du Gaulois, non plus irréductible mais réfractaire (ré-fractaire), issu d’un verbe latin qui veut dire non pas seulement renvoyer la lumière (ou les propositions de réforme) mais à l’origine casser, déchirer, lacérer, bref pour le moins diviser. C’est ce qu’on appelle une…fracture. Cela s’appelle un retour de volée (ou de boomerang)!

(1) …bien que le gaulois -la langue- soit classé dans le groupe des langues celtiques (pas celtes, nuance).

(2) Voir dans ces colonnes de multiples exemples, dont le prototype est le passage de Wilhem à Guillaume.

(3) Idem avec chevaL-chevaUx, canaL-canaUx, etc

(4) Et en gothique, au masculin, ‘walus’ désigne un pieu. No comment.


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