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Grève 2023

…est-ce qu’elle s’élargit ? C’est en effet la question fondamentale qui se pose quand on en appelle à sa « reconduction », et le sens le plus logique serait en fait le second ! Car la grève était autrefois une grave, une plage de graviers dans sa dimension non pas littorale mais tout à fait urbaine, et pour cause…

Tout le monde connait l’histoire du mot chéri des syndicalistes, un terme que l’on doit aux berges de la Seine en plein Paris, devant ce qui deviendra plus tard la place de l’Hôtel de Ville : les péniches déchargeaient autrefois leur contenu en accostant à une bande de sable et de graviers, d’où le surnom de ‘place de grave(s)’ puis place de grève, c’est-à-dire exactement le sens inverse qu’on lui donne actuellement. En effet, les ouvriers à la journée avaient pris l’habitude de venir à cet endroit pour réclamer du travail (et non pas bloquer l’activité de la ville); ce n’est que progressivement que le ‘droit de coalition’, autorisé après la Révolution, se manifesta en rassemblement revendicatif, prenant au passage le nom de «grève», avec pour effet de laisser sur…le sable ceux qui n’avaient pas trouvé contrat ce jour-là.

Avant de servir de pôle emploi à ciel ouvert, le terrain avait déjà acquis une réputation effrayante en servant de salle de spectacle pour des exécutions publiques, nos anciens magistrats et élus des siècles du Moyen-Âge aimaient en effet venir y faire écarteler les voleurs, criminels voire opposants à la royauté. Ce n’est qu’en 1805 que le toponyme (le nom du lieu) est ‘récupéré’ par l’Empire pour qualifier une cessation de travail ‘volontaire’ cette fois ; s’en suit rapidement le premier ‘gréviste’, qui apparait sous la plume de…Chateaubriand en 1821 ; plus deux autres curiosités aujourd’hui oubliées : en 1905, on traite les manifestants de ‘gréviculteurs’ (ceux qui cultivent l’arrêt de travail) et en 1905 apparaissent leurs adversaires, les ‘antigrève’.

Reste donc que la grève vient de la même racine que gravier ou gravat, d’après le verbe latin ‘gravare’ qui signifie charger ou alourdir, ce qui se comprend aisément quand vous soulevez une brouette bien remplie pour verser dans la bétonneuse. Remarquez, les graves, ça peut aussi donner d’excellentes choses, comme la matière d’un sol idéal pour planter de la vigne et donner les fameux ‘Vins de Graves’ plutôt considérés comme assez ‘lourds’ et également issus de ceps plantés dans des cailloux.

Bref, quel que soit le sens dans lequel on le prend, le mot ‘grave’ a toujours du poids, comme celui du ventre d’une femme déclarée ‘gravide’ (ou gravidique) par son médecin qui lui expliquera qu’elle est simplement enceinte (elle est plus…lourde) et que ce n’est pas si grave. Si c’est un garçon, il aura peut-être la voix grave, c’est-à-dire suffisamment ‘lourde’ pour rester dans le bas de la gamme, ce qui lui donnera inévitablement un air grave, même s’il est mince, puisque cette fois c’est au sens figuré que vous comprendrez ‘sérieux’. Pas question pour autant d’alourdir l’ambiance, ou de…gréver son avenir, tout comme une taxe grèverait les comptes avant peut-être d’obtenir un dé-grèvement d’impôts (ce qui allègera le bilan). Voilà bien un sujet plein de gravité (de sérieux), ce dont se fiche bien la planète qui en connait un rayon en matière de gravité, c’est à dire une masse qui génère une attraction proportionnelle à son poids (tout ça commence à devenir pesant).

Rien de graveleux là-dedans, sauf précisément l’origine du mot, en relation directe avec votre…vessie: Au 12è siècle, une maladie faisait souffrir beaucoup de monde sans qu’on sache vraiment la soigner, la gravelle, littéralement ‘la maladie du petit caillou’ (grav-elle), ce qu’on appelle aujourd’hui ‘calcul’ (ou plus savamment lithiase (*) comme aurait dit le médecin de la dame gravide). Or, au 18è siècle, cette gravelle, qui provoque une situation gênante et surtout douloureuse au sens propre (enfin, pas toujours) va prendre le sens figuré de gênant non seulement pour le corps, mais aussi pour la…conscience. Et, à la veille du prude 19è siècle, l’idée s’appliquera forcément à ce qui est vulgaire, puis érotique, donc forcément ‘graveleux’, autrement dit : (symboliquement) trop lourd pour être supportable.

Vous pouvez trouver ça relou ou pas, c’est exactement la situation que les Romains appelaient un ‘scrupule’, le mot qui désignait, avant de devenir une hésitation de honte ou de culpabilité, le petit…caillou qui se glissait entre le pied et la semelle, petite douleur agaçante qui ne vous empêche pas de marcher mais qui se rappelle à vous à chaque pas. Finalement, quand on fait grève, a-t-on des scrupules (pour les autres) ou pas?

(*) D’après la racine grecque ‘lithos’, la pierre (une lithographie, c’est une impression sur pierre ; un aérolithe, c’est une pierre tombée du ciel, etc…)


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