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Griset (Alain)

…et pour une fois le rapport avec le sens du patronyme n’est pas gratuit. Sauf que, contrairement aux sous-entendus de l’expression, il ne s’agit pas ici d’un jugement moral mais du sens le plus littéral des…racines, c’est-à-dire que tous les dérivés de cette couleur désignaient autrefois des gens qui avaient les cheveux gris tout simplement. Comme le ministre démissionnaire d’ailleurs, qui avait peut-être quelques raisons de se faire des cheveux encore plus clairs.

A l’origine de ce petit mot d’une syllabe, il y a (probablement) un son de lointaine influence germanique (vers le 5ème siècle) qui évoquait…des vieux. Les linguistes se demandent encore si c’est l’idée de vieillesse (et même de sénilité) qui a contribué à associer l’âge à la couleur ou inversement! Toujours est-il que cette teinte « argentée » (1) va se retrouver dans de nombreuses langues européennes avec des variantes très proches, soit gris en français donc, grey en anglais ou en américain (avec 50 nuances), grau en allemand, grijs en néerlandais, gris (!) en espagnol et en portugais,  grigio en italien et même gri en roumain; bref, noir c’est noir peut-être, mais quand c’est gris, c’est gris.

Il est donc assez logique de constater que le mot a suscité un grand nombre de mèches différentes sur la tête de nos ancêtres, à commencer par ce Griset, léger diminutif appliqué non pas à des cheveux déjà complètement gris mais à un début de tempes grises (ça compte, en matière d’années). Plus intéressant est son féminin Grisette, qui désigne dans la bourgeoisie du 19ème siècle des filles beaucoup plus jeunes embauchées dans de grandes maisons où elles portaient un tablier gris (souvent dénoué par le fils du maitre, mais ceci est une autre histoire). On retrouve pourtant un contexte parallèle dans cette chanson du début du 20ème siècle, baptisée « Du gris » (2), allusion à la ‘cibiche ‘(cigarette) de tabac gris qu’il fallait rouler et qui servait d’invitation pour les clients des prostituées (en v.o: « t’as pas une clope? »).

Il y a une foule d’autres formes de Gris, dont de célèbres Grisons (suisses) dont la viande est renommée. Or, il ne s’agit pas de déguster des steaks d’ânes (l’un des surnoms de l’animal) puisqu’il s’agit bien de boeuf en provenance de la région des Grisons, le canton le plus à l’Est – côté autrichien donc- lequel doit son nom aux insurgés de ‘La Ligue Grise’, mouvement du 16ème siècle en résistance à la maison des Habsbourg (et rien ne prouve qu’ils avaient les cheveux gris, beaucoup s’en faut)…N’oublions pas d’autres variantes comme les Grisonnet, les Grisart ou les Grisel, déclinaisons locales formées en fonction des habitudes linguistiques des différents endroits; les plus répandus sont encore les Legris (avec collage de l’article),aussi confortables à prononcer et à indiquer que les Lenoir, Leblanc et autres Lerouge ou Leroux (les ‘poils de carotte’).

On ne va pas s’empêcher de se griser de quelques mots supplémentaires, griser signifiant alors s’enivrer jusqu’à ‘être gris’, expression bien trop délicate pour avoir survécu dans le langage courant (3). Chez les gens bien élevés, grisé permettait d’éviter de prononcer un ‘saoûl’ trop vulgaire, qu’on traduirait plutôt maintenant par ‘pompette’. Et si la langue avait fait le choix de ce mot, c’est par comparaison avec l’état du buveur auquel l’alcool troublait la vue et donc faisait paraitre la réalité plus ‘grise’ (alors qu’il descendait du gros rouge, mais bon…).Tant qu’on est dans le sujet, impossible de ne pas citer le ‘vin gris’ (qui n’est pas un rosé) synonyme en fait de vin léger, d’autant qu’il est souvent issu de cépages de pinot…noir.

Quant au grisou, ce gaz dont les ‘coups’ d’explosion ont coûté la vie à tant de mineurs de fond, il viendrait de la couleur que prenait l’air dans les galeries en commençant à s’échapper; mais me direz-vous, n’importe quelle vapeur sur fond noir de charbon devait produire la même couleur. Par contre, impossible de rajouter à cette liste grise les…gris-gris (ou grigris) africains, les amulettes porte-bonheur – et inversement – invoquées ou manipulées lors de rituels; il semble que cette onomatopée vienne de l’Afrique de l’Ouest (Guinée), d’après le terme local ‘ju-ju’ (!), lui-même emprunté sous la pression coloniale de…joujou, c’est-à-dire les poupées que manipulaient les enfants des Européens ! Mais il est plus probable qu’on utilisait les gris-gris bien avant le premier chat dans la brousse. Un chat? Ben oui, vous savez bien que la nuit, tous les chats sont gris. En voilà un mot grisant! Au moins étymologiquement.

  1. C’est quand même plus classe (ou hypocrite) d’adopter comme les Anglais le mot ‘silver’ à l’occasion. 
  2. Popularisée dans les années 1930 par Berthe Sylva et reprise ensuite par Georgette Plana.
  3. Aujourd’hui, on dirait plutôt être naze, bourré ou torché.

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