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Harpon (Mickaêl)

Il y a souvent des coïncidences étymologiques entre racines et patronymes, mais on se demande parfois si, comme les miroirs de Cocteau, les mots ne feraient pas mieux de réfléchir avant de renvoyer leur image (leur sens)! Car, même si l’on y ajoute l’hésitation à mentionner une fois de plus le nom d’un meurtrier, il n’empêche que s’appeler Harpon et tuer à l’aide d’instruments pointus relève de la provocation linguistique…

Car le patronyme existe bel et bien, et pas uniquement comme ‘exportation folklorique’ aux Antilles (1). La première lecture s’oriente vers une origine héritée d’une figure de style assez habituelle dans les langues, qui utilise un détail (une couleur, un vêtement, une forme) ou une partie, un objet pour désigner la personne en rapport avec cet élément. Clairement, il s’agit ici de l’arme favorite des baleiniers -entrer autres-, d’abord un grand crochet puis une pointe munie de crochets pour éviter que la bête chassée ne se débarrasse de l’arme. D’où le surnom possible d’un pêcheur, forcément ‘au gros’.

L’un et l’autre ont donc pour étymon (la syllabe ou le son originels) un verbe de l’époque germanique qui est ‘harpan’, évocateur de griffure, puis d’une blessure due à un outil acéré et le plus souvent recourbé; ce n’est donc pas un javelot, ni une lance, le but étant de…harponner la cible, douleur incluse car le mot s’appliquait aussi -si j’ose dire- à ce que l’on appellerait aujourd’hui une ‘clé au bras’ ou une crampe musculaire, de quoi vous immobiliser quelques instants.

Et si l’on sait que la pointe était recourbée, c’est que la même racine a également donné ‘herpa’ puis ‘serpa’, la serpe ou la faucille, dont je n’ai pas besoin de vous faire un dessin pour imaginer comment vous en servir. Et même, plus surprenant, la…harpe, car l’instrument en question avait, avant de se poser entre les jambes de son/sa musicien/ne, un format portable dont les côtés étaient recourbés en crochet, et dont les cordes permettaient des suites d’harmonies que l’on va appeler des…(h)arpèges!

Signalons enfin que quelques linguistes vont jusqu’à rapprocher cette racine avec le grec ‘herpès’ (2), dont le ‘h’ initial très aspiré va également se transformer en ’s’ pour donner serpent, dont on ne peut nier la capacité à faire des courbes et des crochets; de plus, le spécialiste des-dits reptiles s’appelle bien un herpétologue, histoire de confirmer le lien entre les deux variantes du mot.

Pour l’une ou l’autre de ces raisons, on trouvera donc des Harper (anglais), des joueurs de harpe; mais, en français, des marins Harpon ou Harpin (surtout en Poitou), à ne pas confondre avec quelques Harpain venus d’un mot d’ancien-français qualifiant un voleur…aux doigts crochus comme un harpon. Notre homme avait décidément tout pour se faire attraper, au moins étymologiquement.

(1) mention lue sur une page internet…

(2) Rien à voir avec le virus qui enflamme vos lèvres de temps en temps, issu, lui, d’un mot homonyme mais latin qui qualifie une rougeur ou une démangeaison, le dartre.


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