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Hashtag

C’est l’un des petits nouveaux de l’édition annuelle des dictionnaires, événement qui permet aux médias de faire oeuvre d’orthographe au moins une fois tous les douze mois. Parmi quelques ‘vapotage’ (1) et autres selfie (2), cyber-attaque ou zénitude (3), se trouve donc ce # (hashtag), autrefois réservé aux bulles des albums de Tintin pour exprimer, avec quelques autres symboles, les imprécations du capitaine Haddock contre les bachi-bouzouks. Mais d’où vient vraiment ce signe tranchant?

Tranchant? De la hache -française- bien sûr! Je sais, le mot actuel est évidemment anglo-saxon, et se compose d’ailleurs de deux mots à l’origine bien distincts: hash + tag. Pour le second, pas de problème, il s’agit bien du même terme que celui qui laisse des traces d’intérêt divers sur les murs de nos cités; il s’agit donc d’une marque, ou d’un signe comme ici. Parfois même, il peut s’agir d’un poinçon si le marquage est de petites dimensions, d’un onglet, d’une étiquette, d’un repère électronique, ou même si vous voulez du coup de couteau amoureux dessinant un coeur sur le tronc d’arbre de vos quinze ans. Etymologiquement, cette syllabe est même très probablement une onomatopée, ‘l’écriture d’un bruit’, et correspondrait donc bien au son sourd de la lame qui se plante dans l’écorce, ou à celui d’un coup de tampon sur une palissade. Apparemment, rien de très violent.

Terrible contre-sens! Car ce ‘tag’-ci est fait à la…hash (4), autrement dit la version saxonne empruntée à la ‘hache’ française, elle-même bien levée depuis le 12ème siècle d’après le dialecte des Francs (‘hapja’, en francique), future langue française. Et cette fois, pas question de rapprochement sonore mais plutôt visuel: pour bien comprendre ce symbole #, il faut imaginer le résultat d’un coup de hache sur la figure d’un ennemi (enfin plusieurs coups, parce que si vous arrivez à faire ça en une seule fois, il faut vous inscrire vite fait à une émission télé du samedi soir). Pour être encore plus précis: imaginez votre boucher donnant deux coups de couteau à la sortie de machine dans le steack que vous lui avez commandé, et vous aurez l’illustration parfaite (vous rajoutez les échalotes à la maison).

D’ailleurs, ce steack, il est…haché, non? C’est exactement la même origine, tout comme en anglais d’ailleurs. ‘To hash’, cela veut dire découper en menus morceaux, faire du hachis (Parmentier à la menthe et aux groseilles, par exemple), ou gâcher, bousiller quelque chose si vous le prenez dans le sens figuré…Heureusement, ce # sanguinaire a d’autres appellations, autrement plus réalistes sinon poétiques: Aux Etats-Unis (période pré-informatique), c’est d’abord le symbole de la livre, l’unité de poids; le signe s’appelle d’ailleurs ‘pound’ tout simplement. En Angleterre, c’est devenu tout bêtement l’indication d’un numéro (#10 Downing Str.). Dans les zones francophones du Canada ou de la Belgique -pardon, en Québec et Wallonnie- on dira plutôt le ‘croisillon’ ou le ‘carré’ (intelligent, comme toujours). Quant aux métropolitains, à l’apparition du coup de hache sur leurs claviers de machines (à écrire!), ils le prendront pour un dièse de musique (!?), d’où le terme théoriquement académique de ‘mot-dièse’ en français (évitez de dire ça à des gamins, ils vont se marrer).

Bon, je ne vais pas vous les hastaguer (5) plus longtemps, alors il va falloir conclure cette chronique plus ou moins taillée à la hache. En tout cas, étymologiquement.

(1) en chronique sur ce site depuis juin 2013
(2) en français: autoportrait numérique
(3) bientôt la ‘bravitude’…
(4) mais non, rien à voir avec le foin
(5) si, ça existe!


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