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Hénart (Laurent)

Vous ne le connaissez sans doute pas encore beaucoup,, mais c’est le grand vainqueur de la dernière élection à la tête d’un parti politique (je sais, il y a le foot, Alstom, et les comptes de l’UMP). En effet, le successeur de Jean-Louis Borloo a été élu ce dimanche de juin à la tête du Parti Radical (attention, ne confondez pas avec UDI ou Modem). Pas de quoi faire trembler les listes d’adhérents des autres partis, mais peut-être de ‘donner la haine'(1) à sa concurrente directe, l’ex-ministre Rama Yade.

Se fût-il appelé Hainard donc (ou Haynard, Hénard, ou Hénart) que les choses revenaient au même, et sûrement pas à une histoire de haine. Car cette famille de patronymes est originaire de l’Est de la France, et non pas du Pays Basque comme l’entendent certains; notre ex-secrétaire d’Etat chargé de l’Insertion Professionnelle des Jeunes est certes né à…Laxou, mais rien à voir avec Itxassou, Jatxou ou Halsou (64), puisque cette commune se situe dans l’agglomération nancéenne (54520, Meurthe & Moselle). Tous ces dérivés viennent de deux lointaines racines germaniques, à une époque où l’Empire de Charlemagne situait le bled en ‘Lotharingie’, grande bande européenne coincée entre une France Occidentale maritime et une France Orientale qui allait bien au-delà de Varsovie (rêve napoléonien). Bref, les Hénart, c’est des gens du Centre depuis au moins douze siècles, au moins géographiquement.

Linguistiquement, on a affaire à deux termes issus du seul registre de vocabulaire qui intéressait les barbares moustachus du coin, celui de la guerre. Pour une fois, pas question d’armes puissantes ou de combattant courageux, il s’agit d’un élément de défense très important dans la vie du soldat, la forteresse ou les fortifications derrière lesquelles on se protège: ‘hénard/t’ est le contraction de ‘haginard’, soit hagin-hard; la première partie désigne un enclos, un espace délimité; la seconde est l’adjectif bien connu qui signifie dur, fort, épais, autrement dit résistant. On a donc probablement ici le surnom caractéristique d’une construction fortifiée, un ‘enclos-hard’, ce qui vaut toujours mieux que la maison des Trois Petits Cochons quand la tribu voisine vient vous rendre une visite sans courtoisie.

Même battue à 40/60% lors de cette désignation interne, la pétulante Rama Yade n’a donc aucune raison d’avoir la haine, puisque ce dernier mot vient d’une autre racine -certes de la même époque et de la même zone, évidemment- qui est ‘hasjan’. Ce qui va faire toute la différence dans le destin de ce mot, c’est le ‘s’ central, qui va redoubler pour donner le futur verbe allemand ‘hassen’, sur la base duquel va alors évoluer temporairement le saxon ‘hatten’ qui deviendra à son tour ‘to hate’ en anglais, influençant au(x) passage(s) le ‘haine’ français. Pour l’infinitif, les Gaulois vont plutôt conserver le ‘j’ de hasjan, lui-même transformé en ‘i’ long, d’où le verbe…haïr.

A toutes fins utiles, et parce que la remarque m’a été faite immédiatement, Hénart n’a aucun rapport -en tout cas linguistique, mais je ne connais pas leur vie privée- avec les Hénaff, ou Le Hénaff, patronymes spécifiquement et clairement bretons, gratifiant le plus souvent l’aîné d’une famille (mot à mot: vieux, ou le plus vieux). Pas besoin donc d’en faire un pâté, y compris étymologiquement.

(1)expression à prendre dans son sens faible et donc (hélas) courant.


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