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Hitler (vêtements)

Fable indienne:

Un jeune commerçant, citoyen d’Ahmedabad,
état indien du Gujarat, s’avisa un beau jour
de donner comme nom à sa belle boutique
celui d'(Adolf) Hitler, au mépris de l’éthique.
«C’est un vocable chantant et la prononciation en est aérienne:
la langue épouse agréablement le palais quand elle l’articule.
Voilà qui conviendra à mon commerce» se dit-il sans préambule.

L’homme met ses roupies dans un stock de tee-shirts,
imprime moult papiers et cartes de visites,
s’endette d’un néon au front de sa boutique
et attend le chaland que cette adresse excite.

Un juif vint à passer, scrutant la devanture.
Il n’en croit pas ses yeux, crie à la forfaiture,
et alerte aussitôt les milieux internautes,
afin de condamner l’auteur de cette faute.
Quelques clics suffiront, dans la minute même,
pour diffuser l’outrage, que dis-je, le blasphème.

Le vendeur se défend, ne pensant pas à mal;
«Je voulais seulement donner comme signal
l’idée de la rigueur, de l’obstination.
N’était-ce pas ainsi qu’on qualifiait l’action
de cet homme de l’ouest, qui vécut autrefois?
D’ailleurs, ajouta-t-il, sans aucune malice,
tel était le surnom du grand-père adoré
de mon irréprochable et fidèle associé!
Ici, loin de Berlin, sur la vie de mon fils,
je jure que ce nom est une simple marque,
qui, de mes vêtements, fera qu’on les remarque.»

Or, même si ce mot, ce vilain patronyme,
a laissé en Europe des traces gravissimes,
il faut considérer qu’à l’autre bout du monde,
un son n’a pas le sens qu’ici on lui abonde.
Car ‘Hitler’, après tout, avant qu’arrive «l’autre»,
était un nom commun (je veux dire ordinaire)
et ne désignait pas le nom d’un tortionnaire!
C’était, du point de vue de l’étymologie,
le surnom de quelqu’un qui avait pour logis,
ou peut-être métier, d’habiter une hutte
ou de s’y abriter. Quelle terrible chute
pour ce qui qualifia, en des temps reculés,
un gardien de moutons ou un simple ouvrier.
On écrivait alors, de façon générale,
le mot sous forme «Hittler», orthographe ancestrale.
Hutte, Huttler, Hittler: c’est le parcours verbal
qui transforma ce terme en symbole infernal.

Notre vendeur de fringues au turban décoiffé
plaida donc non coupable, sans beaucoup de logique:
on s’aperçut bientôt que, sur la linguistique,
un dessin, sur le ‘i’, faisait la croix gammée!
Ce détail superflu fit déborder le vase
et la colère entra dans la seconde phase:

A leur tour, les clients mirent un point sur son ‘i’
et le négociant promit de tout changer.
Depuis, il se murmure, entre deux taxis jaunes,
qu’il aurait décidé de repeindre en marron
la façade noirâtre.
En bon colonisé de l’empire saxon,
osera-t-il nommer la nouvelle boutique
du nom de la couleur, en langue germanique,
et marquer ‘Braun’ (Eva) au-dessus de sa porte?

Montaigne avait raison: L’endroit où l’on se porte
a ses propres manières et ses façons de dire.
Pour quelques siècles encore, ce nom sera le pire;
il fallut à « Judas » plus de deux millénaires
pour qu’on oublie un peu un baiser fatidique.
Des milliers d’autrichiens, au fond de leurs montagnes,
regrettent qu’un ancêtre ait pu les fréquenter.
Quant à l’indien fautif, quoi que certains diront,
il s’appelle bien « Shah », comme celui d’Iran!


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Un commentaire au sujet de Hitler (vêtements)

  1. génial, j’adore! je ais pas comment vous faites mais vraiment je suis d accord avec un autre lecteur on dirait que ça vous tend les bras; le poeme est aussi super bien ecrit. Marie Helene, Nice

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