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Infirmières (journée mondiale des)

Il n’y a plus une place libre dans le calendrier pour une journée tranquille et sans commémoration, fête, manifestation ou recommandation diverses: et justement, celle du 12 mai a été décrétée ‘Journée Internationale des Infirmières’…Au-delà de la nécessaire reconnaissance des charges et perssions qu pèsent sur celles (et ceux) qui pratiquent ce métier, il est permis de se demander pourquoi cette date précisément, et, d’un point de vue étymologique, quelle est l’origine de ce mot d’apparence facile à comprendre, ‘infirmière’. Vous imaginez bien ce qu’il représente; mais savez-vous qu’il s’agit d’un contre-sens (presque) complet?

Commençons donc par l’analyse du terme ‘infirmière’, qui se disait, jusqu’à récemment (au 18è siècle) ‘enfirmière’, du verbe latin ‘firmare’, qui veut dire rendre ferme. Même si elles ont parfois l’impression d’être enfermées dans leur service, les ‘enfermières’ n’étaient donc pas des détenues mais des personnes chargées de s’occuper des ‘enfermes’ (et non pas ‘enfermés’, justement, l’accent fait toute la différence). Depuis le 13è siècle, le mot signifie exactement ‘celui (ou celle) qui n’est pas ferme’.

Aucune allusion ici à une éventuelle partie flasque du physique; il faut prendre en compte le sens général de ‘qui n’est pas ferme sur ses pieds’, donc pas robuste, donc faible, donc malade. Nous y voilà. Le mot s’applique alors aussi bien à des choses (un sol pas ferme, qui se dérobe sous vos pieds; une construction branquebalante, etc) qu’à des personnes, et d’abord sous l’aspect figuré: pendant longtemps, un ‘enferme’, devenu évidemment ‘infirme’ au fil du temps, va désigner quelqu’un sur lequel on ne peut pas compter, un inconstant, une personne au caractère changeant, ou pire, à la santé mentale chancelante, autrement dit un débile. A ce stade-là, on s’achemine vers les infirmières psychiatriques.

Cette racine latine ‘firmare’ peut également se construire avec des suffixes ou préfixes, comme la majorité des verbes; ce qui nous donnera, à l’inverse des infirmes, des ‘af-firmes’, ou le verbe affirmer, c’est à dire renforcer un propos sans hésiter. Citation: «Je n’ai pas, je n’ai jamais eu un compte à l’étranger, ni maintenant, ni avant» (J.Cahuzac). Comme quoi, ce que l’on affirme peut ensuite être infirmé, c’est à dire ‘diminué de sens’, renié, voire dénoncé. Dans cet exemple, la justice est en attente de…con-firmation.

Remarque: étymologiquement, les ‘infirmés’ sont des affaiblis, et donc les malades, non pas les soignant(e)s! En général, le suffixe -ier, ière sert à marquer l’activité, le métier de celui qui le pratique: un pâtissier fait de la pâte (à gâteaux), un plombier monte des tuyaux en plomb, un meunier fait tourner la meule (meulenier, puis meunier), etc.. Ici, la dite-infirmière est ‘la préposée aux infirmes’, mais elle n’est pas malade elle-même (il vaut mieux). Par conséquent, on est obligé de dire qu’une praticienne d’expérience est une infirmière confirmée; mais celle à qui on reproche une faute professionnelle devient donc, de fait, une infirmière infirmée. Pire, celle qui s’est cassé un bras pour l’occasion est alors une infirmière infirmée infirme, même si cette probabilité est infime…Par ailleurs, la qualité de l’infirmière n’est pas l’infirmité, pas plus que l’infirmation. Seule l’infirme-rie répond à la règle (comme la pâtisserie, la plomberie ou la meunerie).

Notez également que la ‘firme’ n’a rien à voir avec une faiblesse, au contraire; Il s’agit d’une autre racine, d’origine italo-belgo-anglo-saxonne (!), ‘firma’, qui définit à l’origine une convention, autant dire ce sur quoi se mettent d’accord les partenaires d’une (future) entreprise, autrement dit les ‘statuts’. Le mot deviendra ‘the firm’ en américain, que la majorité des médias s’obstinent à traduire par…firme, ou compagnie -termes essentiellement anglais- au détriment du ‘société’ français (sauf pour les entreprises de transports, aériens, maritimes ou autres, que l’on doit appeler chez nous ‘compagnies’). On comprend pourquoi les étrangers qui étudient le français doivent tenir ferme pour comprendre.

Et cette date du 12 mai, alors? Il s’agit tout simplement du jour anniversaire de la naissance (1820) de Florence Nightingale, considérée comme la première à ouvrir la voie aux femmes pour des soins ‘infirmiers’ dans les établissements londoniens, à une époque où non seulement le secteur était exclusivement masculin mais surtout où les malades mouraient davantage en entrant dans les hôpitaux qu’en restant chez eux (!). En structurant pour la première fois ce qui allait devenir une profession, la demoiselle ne se doutait pas qu’elle ferait entendre sa voix dans le monde entier, et pour cause: ‘Nightingale’ (étymologiquement: le chant de la nuit), c’est le surnom anglais du…rossignol. L’histoire ne dit pas si elle chantait en passant d’un lit à l’autre, mais en voilà une qui n’était sûrement pas infirme du gosier!


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