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Kärcher

Etymologie des marques, suite. D’accord, ce n’est pas encore le printemps (et donc le temps de faire gicler du toit les saletés de l’hiver), ni le moment de récurer les enjoliveurs de votre 4X4 pour la prochaine promenade au soleil, mais je vous propose aujourd’hui un mot historique pour ne pas dire abracadabrantesque, celui qu’utilisa un jour un homme politique passionné de nettoyages (nettoiements?), le ‘karcher’. Le nom est devenu commun, mais à l’origine il est propre (ce qui est bien le moins qu’on puisse faire avec l’engin).

Pas de surprises, vu son apparence et sa détermination: le terme vient du répertoire allemand, ou plus exactement saxon pour respecter la chronologie. Reste que, germaniste ou pas, le sens ne saute pas forcément aux yeux (et je vous déconseille de diriger le jet vers le visage). Vous le savez, dans notre environnement linguistique, une très grande majorité du vocabulaire vient généralement soit du germain, soit du latin…Eh bien, pour une fois, l’allemand et le français vont se rejoindre du côté de l’Empire Romain puisqu’il existe à l’époque un mot qui évoque tout ce qui roule et qui permet de transporter quelque chose, que ce soit des marchandises ou des gens. Ce mot, c’est “carrus”, qui va donner en français une liste d’objets à transporter comme carriole, chariot, charrette. Rajoutez dans le garage l’anglais “car”, l’italien “carretta” (ou carretto), l’espagnol “carro” et tous les “carrils” possible, qu’ils soient ferro- ou pas.

Unité européenne oblige, le même son va se retrouver de façon presque identique dans le vieil-allemand (la langue) sous la forme “karruch”, puis “karrech” qui désignera cette fois, quelques siècles plus tard, un voiturier, cet homme en uniforme impeccable à la porte des hôtels auquel vous pouvez remettre les clés de votre voiture de luxe sans craindre de la voir démarrer en trombe pour la dernière fois. En français, le métier est donc un voiturier; en allemand, cela s’appelle eine “kärcher”, surnom de fonction devenu précisément le patronyme d’un ancêtre du sympathique Alfred, citoyen allemand du début du 20è siècle.

Herr Alfred Kärcher, qui habite l’état du Wurtemberg, est ingénieur thermicien et il fait partie de cette génération d’inventeurs de la grande (Belle?) Epoque, infatigables et un peu touche-à-tout. Et vous allez voir que le karcher vient de beaucoup plus loin que le robinet du jardin: au début des années 1930, notre Fredo fabrique des systèmes de chauffage à vapeur et des fours à immersion, bref, de grosses machines qui vont être utiles, au début, dans la fabrication de…cabines d’avion. C’est en 1945 qu’il dépose un brevet de four à bain de sel, mais également de nettoyeur à haute pression, un engin qui ne sera réellement mis au point que dans les années 1970 (soit dix ans après sa mort!) grâce à l’acharnement de sa femme et de ses enfants qui ont repris l’entreprise.

Alors, comme Frigidaire, Diesel, ou Poubelle (tant qu’on a le système sous la main), Kärcher est devenu un objet si commun que le nom a suivi; la machine est maintenant surtout connue pour sa capacité à éliminer le moindre élément indésirable au point donc de se retrouver dans quelques citations vulgaires. Aujourd’hui, la société allemande existe toujours, et se diversifie dans l’électroménager en proposant des centrales de repassage ou des aspirateurs. Décidément, une histoire de voiturier qui travaillait pour des avions et qui fabrique de l’électro-ménager, voilà un créateur qui a su mettre la pression!


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Un commentaire au sujet de Kärcher

  1. Merci pour vos commentaires.
    J’ignore dans quelle source vous avez trouvé que Kärcher vient de « karruch » ; mais, en ce cas, Kârcher viendrait peut-être directement du gaulois « carros » qui a donné « carrus », comme d’autres mots : Amt, Apfel, etc.
    Mais Karruch n’est pas cité par Xavier Delamarre dans son dictionnaire de la langue gauloise.
    Les Gaulois qui étaient maîtres de la charnière au premier millénaire avant notre ère furent le socle de l’Europe, ce qui renforce votre thèse.

    Et Kârcher serait alors un doublet étymologique de Wagner, le charron.
    Bravo !

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