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Labeyrie

C’est problablement le nom propre le plus commun dont vous entendrez parler pendant cette période dite ‘de Fêtes’, ne serait-ce que dans les spots de publicité à la télévision. La marque qui apparaît porte le nom d’un certain Robert, commerçant (et non pas éleveur) landais qui réussit, en 1946, le tour de force de faire distribuer ses bons produits en ‘grandes surfaces’ (de l’époque). Or, pas question alors de foie gras ou de saumon, mais de cèpes et bécasses. D’ailleurs, Labeyrie n’a rien à voir avec le foie gras, du moins étymologiquement…

Disons s’abord que, question patronyme, on ne peut pas faire plus occitan; en effet, pour les (nombreuses) familles auxquelles nous allons lever notre verre, on ne trouve de racines que dans le Grand Sud, Aquitaine, Languedoc, Roussillon ou Provence. D’un point de vue strictement linguistique, Labeyrie est assez facile à comprendre, même si le mot n’est pas très transparent, paradoxalement (vous comprendrez plus tard). Première piste assez classique: il y a ici un phénomène d’agglutination (une particule ou un article initial qui se sont ‘collés’ à la racine principale), ce qui nous donne donc la-beyrie (et non pas, comme je l’ai entendu parfois, ‘l’abeyrie’, glissade facile pour en faire une version patoisante d’une…abbaye supposément dirigée par un ancêtre de Robert à St Geours-de-Marennes (Landes); les légendes se construisent vite. Et mal).

Rien à voir non plus avec une autre hypothèse -plus rationnelle, mais impossible techniquement- avec une histoire de ‘la borie’, terme effectivement largement sudiste pour désigner une maison; sauf qu’iici, difficle de ‘faire sauter’ le son ‘o’, pour simplifier rapidement les choses, le mot en composition ayant d’ailleurs davantage tendance à se transformer en ‘Laboyrie’. D’autant qu’une borie, ce n’est pas à l’origine une maison d’habitation pour humains mais pour les ‘bo(y)-vins’, autrement dit une étable; ce serait vache d’y mettre une fabrique de foie gras.
Il faut donc garder la diphtongue centrale ‘-ey’ de la-beyrie, car l’élément qui a bougé est en fait ce ‘b’, autrefois prononcé (et donc écrit) ‘v’ en ancien-français ‘officiel’.

Une ‘beyrie’ est donc la version gasconne -pour le cas qui nous intéresse- d’une ‘veyrie’, dont le ‘y’ central cache lui-même la contraction de ‘-err-‘. Conclusion: Labeyrie était le surnom de gens qui travaillaient ou habitaient dans le quartier d’une…verrerie (en ‘parisien’), activité pré-industrielle particulièrement remarquée dans les régions (la verrerie > la veyrerie > la beyrerie > labeyrerie > labeyrie!). Du coup, vous connaissez peut-être des lieux-dits Beyrie ou Beyries (Pyrénées-Atlantiques) dont le nom s’explique pour les mêmes raisons. Le plus extraordinaire serait que l’actuelle usine soit construite sur l’emplacement d’une ancienne verrerie (ce que je ne sais pas, mais que vous pouvez peut-être confirmer si vous habitez entre Dax ou Bayonne).

Remarquez bien que l’étymon (le mot-source originel) de cette histoire de verre n’est pas plus transparent (je sais, ça fait deux fois), puisqu’il remonte au terme latin ‘vitrum’ (et non pas verrum, qui n’existe pas et risquerait de faire équivoque avec l’adverbe qui signifie…vrai). La preuve, c’est que le premier qui touche au verre, c’est le vitrier (le verrier, l’artiste, viendra plus tard), un mot finalement opaque puisqu’il est vitreux comme le sulfate d’acide sulfurique que l’on va appeler le…vitriol! Le principal, c’est quand même qu’on ne trouve jamais de morceaux de verre dans le foie gras Labeyrie, non?


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