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Lapin de Jade

Dans son derniers sketch, Muriel Robin a raison: «pour poser un lapin, il faut y aller», et c’est exactement ce que font actuellement les ingénieurs chinois, qui s’apprêtent à envoyer un lapin sur la lune. Celui-ci s’appellera ‘Lapin de Jade’, et, même s’il sera entièrement mécanique, il fait référence à un animal mythologique censé avoir son pied-à-terre sur le satellite terrestre. Profitons de la fusée pour explorer l’étymologie de ces deux mots, beaucoup moins communs qu’il n’y paraît.

Commençons par un lapin relativement ‘moderne’, puisqu’il n’a pointé l’oreille qu’après des siècles de ‘connil’ ou de ‘connin’, premier et unique mot (latin) utilisé pour nommer cette variété de…léporidé, marque déposée et propriété de son cousin ‘lépor’, qui a donné cette fois le mot lièvre (*). Bref, ça a été un peu la course entre les deux, le lapin partant de loin (l’antiquité grecque) d’après un ‘lagos’, qui restera dans le vocabulaire scientifique pour désigner les animaux qui ont la forme du lapin, les lagomorphes. Ils vont survivre grâce aux…portugais, qui vont distinguer le ‘laparo’, avec un ‘r’ qu’on retrouve dans lièvre, et le ‘lapao’, rapidement entendu et prononcé comme ‘lapaou’, puis ‘lapaing’ et enfin lapin en français. (la version ‘lapaing’ étant encore très courante -si j’ose dire- dans le Sud-Ouest).

Pour le jade, il va falloir creuser un trou (à défaut de terrier), ou plutôt un creux, en s’appuyant sur la hanche…Plus clairement, on part là encore d’assez loin, et linguistiquement et géographiquement: on va s’appuyer sur le mot latin ‘ilia’, qui définit une cavité, comme celle de l’os de la hanche, le creux ilia-que (!), et suivre les conquistadors du 15è siècle, qui découvrent que les indiens d’Amérique Centrale qu’ils sont venus déranger utilisent une pierre vert-pâle pour soigner…les maux des reins (des coliques néphrétiques?) ou peut-être de l’intestin, en la posant sur la hanche. Ils décident donc de l’appeler ‘piedra/pierra de la iliada’, la pierre-du-creux-de-la-hanche.

En fait, ‘iliada’ est un terme trop savant; le langage populaire utilise le mot voisin de ‘ijada’, et nos espagnols ramènent en Europe (donc en France) une ‘pierre d’ijade’, simplifiée en ‘l’ijade’, puis ‘l’ejade’. L’ejade? Trop bizarre pour la langue du futur Molière, laquelle corrige ‘l’erreur’ en restituant l’article où il doit être (non, mais!): on passe ainsi de ‘l’ejade’ à ‘le jade’, et tout le monde est content. Tout ça parce que les indiens se massaient le bas-ventre avec des colliers de pierres précieuses…

Pour terminer, et puisqu’on parle le plus souvent de patronymes sur ce site, je me suis demandé s’il existait des familles Lapin ou des familles Jade. En fait, pas tout à fait: les Lapiné n’ont rien à voir avec les grandes-oreilles mais avec un endroit planté de…pins (Lapiné est vraisemblablement un abrégé de La-Pinède); quant aux quelques Jade, Jadet et autres Jadeau, il ne s’agit que de la prononciation un peu nasale des fabricants de…jattes, et n’ont donc rien à voir avec d’éventuels bijoutiers. Dommage, mais voilà deux noms propres qui, d’une certaine façon, nous auront posé un lapin!

* Pour davantage de précisions, (re)lire aussi l’article sur le rugbyman Marc Lièvremont.


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