Le site qui vous aide à comprendre le vrai sens de votre patronyme

Le français, c’est pas facile / 1

«…Il n’est pas question de discriminer, il est question de repérer, pour faire en sorte que nous apportions une remédiation…» La phrase concerne un projet d’évaluation des enfants en dernière classe de maternelle, et inquiète les enseignants qui y voient une possibilité de ‘fichage’ de certains enfants ‘à risque’; cette phrase, c’est Luc qui l’a dite (1), et Luc, il est Ministre de l’Education, de la Jeunesse et de la Vie Associative. Si, Si! A ce titre, il est peut-être même directement concerné par le décret en cours instituant un examen culturel et linguistique pour l’obtention d’un visa, puis d’une naturalisation française.

Dites donc, çà va être difficile, de gérer un pays sans gouvernement, parce que, si l’on expulse tous les ministres qui ne font pas l’accord du participe (à commencer par le président) et ceux qui ont comme livre de chevet « Zadig & Voltaire », il va falloir embaucher dare-dare (si je puis me permettre) quelques docteurs es-lettres africains, infiniment plus cultivés que nos élus. Parce que de « remédiation », Mr le Ministre, il n’existe point dans le dictionnaire français. On peut peut-être apporter un remède à un malade, voire à une situation de crise; on peut aussi faire une médiation pour tenter de renouer un dialogue, mais une « remédiation » est un barbarisme intégral que vous eussent sanctionné de quatre points vos maitres jésuites du lycée Saint-Louis de Gonzague dans la plus élémentaire (bon, disons secondaire) des rédactions de français.

A tout prendre, la « bravitude » de Ségolène sur la Grande Muraille de Chine, dont se gaussa largement la classe politique métropolitaine, passerait presque pour un néologisme certes tout aussi étrange mais somme toute presque plus poétique. Hélas, à votre corps (enseignant) défendant sans doute, les media ayant d’autres caravanes de chiens à regarder passer, votre audace restera dans la même ignorance du public que de nombreuses autres approximations de langage, alors même que certains élus se fâchèrent naguère de devoir apprendre quelques mots d’anglais pour échanger avec leurs confrères lors de réunions internationales; ces mêmes élus qui regrettaient le retrait continu de l’influence linguistique de la France dans le monde…Mais heureusement, messieurs, que notre langue ‘recule’, sinon vous risqueriez d’être entendus (à défaut d’être compris) par une foule de collègues étrangers qui parlent un français bien plus correct que le vôtre.

Remarquez bien, la morale de cette histoire, c’est qu’…il n’y a pas de justice (étymologique): car, si l’on prend la racine de votre « remédiation », disons sous la forme « remède », pour ne pas effrayer l’Académie, le mot latin originel, « remedium » a désigné, successivement, un remède (de médecine) évidemment, puis un antidote (à un poison), puis un préservatif (à la contraception), puis une ressource (énergétique, entre autres), et enfin un…moyen (de survie). Or, en latin, ‘moyen’ se dit medium, et ce mot a donné aussi bien media que…mediation, c’est à dire ce qui fait le lien entre deux personnes ou deux institutions. Finalement, votre « remédiation », c’était peut-être un message crypté à destination des seuls étymologistes? Ou bien encore -ma mauvaise foi m’aura égaré- était-il question de vous préoccuper de ces enfants qui ne prennent pas leurs médicaments et que vous souhaitez ‘remédiquer’?

En tous cas, à toutes fins utiles, il serait bon également que le ministre révisât sa mathématique. Il y a quelques semaines, au micro d’une grande radio et devant les caméras d’une chaine d’information continue (2), le même Luc avait de la peine (que dis-je, échouait) à résoudre un problème de calcul élémentaire d’un niveau de CM2. (3)

J’ai le souvenir personnel d’un Secrétaire d’Etat qui avait fait publiquement honte à un élève dans une cour d’école parce que ce dernier avait plaisanté en l’appelant « Monsieur le Sinistre »…

(1) JT de Canal + (entre autres), mardi 13 octobre 18h50
(2) BFM TV, 6 juin 2011, 08h55
(3) « Dix objets identiques coûtent 22 euros, combien coûtent 15 de ces objets? » (réponse: 33 euros, et non 16,50 euros comme l’a dit L.C)


N'hésitez pas à soutenir ce site ! Il vous est possible de faire un don libre pour assurer un contenu régulier et sans publicité. Votre participation serait grandement appréciée !

 
 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.